J'en veux à la terre entière, j'en veux au monde d'être ce qu'il est, j'en veux à mes ancêtres d'avoir tout fait foirer.
J'en veux à celui qui abandonne ses enfants, à celle qui ne leur donne pas l'amour qu'il faudrait, j'en veux à tous ces parents qui ont fait de ce monde, un monde de violence, de désastre et de misère. J'en veux à tous ces gouvernements qui laissent des enfants se faire massacrer, des femmes se faire violer, des gens mourir de faim. J'en veux à tous ceux qui voient et ne disent rien. À ceux qui n'ont jamais rien voulu changer.
J'en veux à mes aînés.
J'en veux à mes aînés. C'est à cause d'eux, qu'aujourd'hui je ne peux me permettre d'enfanter, c'est de leur faute si je ne peux pas avoir la même vie qu'eux, à cause d'eux que le futur n'existe plus. Je leur en veux de ne pas avoir assez donné, d'avoir fermé les yeux, de s'être laissé aller. D'avoir fait de nous des êtres torturés et déshumanisés. J'en veux à mes aînés d'avoir laissé notre planète à l'abandon. Et d'avoir cédé à la cupidité. Je ne m'excuserai pas de pas avoir envie de tout faire pour les sauver.
Puisque nous ne nous sommes jamais préoccupé des autres, du mal que nous faisions, puisque nous nous foutons du reste du monde, alors laissez-moi m'en foutre aussi. Puisque je devrais être de tous les combats, aujourd'hui je n'en suis plus d'aucun. On a fait de moi une égoïste, je n'avais rien demandé. Dorénavant je ne me bats que pour ma propre survie.
Trop sensible ou pas assez, trop révoltée ou résignée, froide ou trop passionnée, aujourd'hui je suis libre, car je ne crois quasiment plus en rien. Aujourd'hui je suis libre, libre de vivre comme je l'entends, en donnant, partageant, respectant mais en ne me sacrifiant surtout pas. Libre, comme eux de ne rien faire, d'être égoïste. Libre de ne pas respecter leurs préceptes, libre moi aussi, de choisir qui je veux aider. Et demain la nature peut me tuer, si elle le souhaite, ça fait longtemps que j'ai honte d'être un être humain. Jamais je n'aurai la naïveté de tenter de luter par tous les moyens. Nous les hommes, nous avons détruit tant de belles choses, fait tant de mal, avons rendu ce monde si moche par aspects, qui sommes nous pour vouloir à tout prix y rester ?
