14.Alma Rassoul / Abdoul Karim

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3 mois plus tard....

Au cœur de l'obscurité, je me tiens seule, enveloppée par les murs grisâtres de la solitude et le froid implacable des barreaux invisibles qui séparent mon cœur de l'homme que j'aime. Mon âme vacille dans l'ombre d'une tristesse profonde, une tristesse qui s'insinue dans chaque fibre de mon être depuis le jour où la vie a pris une tournure inattendue.

La première fois que mes yeux ont rencontré les barreaux de sa prison, c'était comme si le monde s'était soudainement déchiré, laissant place à une réalité brutale que je n'avais jamais anticipée. Chaque visite derrière ces murs devient une épreuve, une confrontation douloureuse avec l'absence qui pèse lourdement sur mes épaules. Le temps semble se figer lorsque je traverse ces couloirs froids, et chaque pas résonne comme une sentence, me rappelant que notre amour est désormais captif.

Les jours s'étirent en une litanie monotone de solitude. Chaque aube apporte son lot de pensées sombres, de questions sans réponses, et chaque crépuscule laisse derrière lui le vide insupportable de son absence. Les lettres que nous échangeons sont des ponts fragiles entre deux mondes qui s'éloignent inexorablement, des mots tracés avec l'encre de la mélancolie et du désir inassouvi.

Les souvenirs de nos moments partagés dansent dans mon esprit comme des ombres, hantant chaque coin de ma vie quotidienne. Les rires, les caresses, les promesses murmurées à la lueur des étoiles semblent désormais appartenir à un passé lointain. Les photographies que je tiens entre mes doigts sont des témoins silencieux d'une époque révolue, des images gelées dans le temps qui contrastent cruellement avec la réalité de l'absence.

Lorsque je ferme les yeux, je revis chaque détail de ce jour où le destin nous a séparés. Le claquement des menottes, le regard chargé d'adieux et d'incompréhension, le poids insoutenable de l'injustice qui s'est abattue sur nous. Les larmes coulent en silence, dévalant mes joues comme des gouttes de pluie amères, car même le ciel semble pleurer notre destinée tragique.

Sa voix résonne dans ma mémoire, un écho lointain qui me hante dans mes moments de solitude. Les conversations téléphoniques deviennent des oasis éphémères, des fragments de réconfort qui s'évanouissent dès que la connexion se rompt. Ces instants précieux, où chaque mot compte, sont comme des perles rares dans le désert aride de nos vies séparées.

Le monde extérieur continue sa course effrénée, mais le mien s'est figé dans une attente douloureuse. Les saisons changent, les feuilles tombent et la neige recouvre la terre de son manteau blanc, mais chaque changement est un rappel poignant de l'immobilisme de ma réalité. La vie continue, mais elle semble s'éloigner, laissant derrière elle un vide béant que même le temps ne peut combler.

Les jours de visite deviennent des éclipses de bonheur dans ma vie sombre. Lorsque je le vois à travers la vitre, le cœur enchaîné par des câbles téléphoniques et des regards scrutateurs, l'amertume de la distance se dissipe pour un court instant. Nos doigts se frôlent à travers le verre, nos regards se croisent dans une danse silencieuse de retrouvailles temporaires. Mais ces moments fugaces laissent place à une tristesse plus profonde lorsque la réalité brutale de la séparation reprend ses droits.

Les visites s'achèvent dans un éclat d'adieux déchirants, le goût amer du départ empoisonnant nos lèvres. Chaque départ est une déchirure, une séparation qui creuse un peu plus le fossé entre nous. La voiture glisse hors du parking de la prison, me laissant seule avec mes pensées et la douleur qui semble s'intensifier à chaque kilomètre parcouru.

Les nuits sont les plus cruelles, lorsque le silence de la solitude devient assourdissant. Je me blottis dans mon lit, entourée de l'ombre de son absence. Les échos de ses murmures réconfortants, tout cela n'est plus qu'un souvenir distant. Les larmes s'écoulent en silence, imbibant les draps comme des vestiges d'un amour qui résiste à l'épreuve du temps et de la distance.

Pour luiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant