Raphaël
Alors que j'arrivais en ville, avec le rugissement de mon moteur et des voix qui hurlaient à mes oreilles, je pris le temps d'admirer.
Admirer ces cahutes taillées à même la roche des stalactites gigantesques qui tombaient comme une pluie de pierre du plafond rocheux, des kilomètres au dessus de moi.
Admirer ces colonnes de pierre entourées de spirales de bois, de cordes et supportant d'immenses plateformes en bois flotté accrochées à elles par des épais filins métalliques.
Admirer ces bâtisses aux tailles et formes diverses, qui allaient de la petite bicoque branlante au palais qui s'étendait à lui seul sur plusieurs vrilles de roches.
Admirer les myriades de couleurs des dragons qui prenaient leur envol à partir de leur maisons, quelques fois inaccessibles à pied.
Admirer ces créatures aux nuances multiples, qui sans la douce lumière du Soleil n'arboraient pas leur meilleur spectre de couleur, mais qui volaient quand même, fiers de leurs corps titanesques qui faisaient ployer les branches et cordes sous les bourrasques de leurs ailes membraneuses.
Admirer les milliers de ponts de singe qui traversaient le vide entre chaque pics de roche agrémentées de portes, de fenêtres et de balcons.- Eh toi ! L'fils de pute d'motard ! me héla quelqu'un tandis que je freinai sur la route pavée, majoritairement piétonne mais autorisée aux véhicules.
Quel acceuil.
Je n'eus pas le temps de poser pied à terre pour stabiliser ma moto à l'arrêt que je fus tiré par derrière.
Mon pseudo-casque empêcha l'arrière de ma tête de s'éclater contre le sol, tandis que mon véhicule heurtait les pavés devant moi. Je grimaçai en entendant les crissements métalliques de ma bécane.
Ce n'était pas la première fois que ma protection m'évitait des blessures sérieuses, autant en combat que sur la route.
Sa légèreté et sa solidité étaient de bons atouts, et la limitation de mon champ de vision n'était pas énorme.
Je me relevai tout en frottant mon pantalon de mes mes mains gantées.
Je fis face à mes adversaires, car oui maintenant je les considérais comme mes ennemis, des gens qui te voulaient du bien ne t'étalaient pas sur la chaussée, et tout du moins t'aidaient à te lever.C'était un groupe de quatre hommes et une femme.
Tous à la mine patibulaire, aux vêtements rapiécés, les corps décharnés mais tout de même musclés et aux cheveux gras.
L'un des hommes avait des traits qui me faisaient penser à quelqu'un. Mais il était en retrait, et il m'était impossible de le distinguer nettement.
- Vous n'êtes pas d'ici vous. commentai-je.
Le plus grand d'entre eux, avec une cicatrice à l'arcade sourcilière, qui devait sûrement être le chef, cracha sur ma chaussure. Quelles manières. J'étais décidément tombé sur de fameux aristocrates. Une belle brochette de ce qui n'était pas le plus beau lot du panier.
- Qu'est-ce qu'ça peut foutre qu'on soit pas d'la ville ? gronda-t-il.
Je tachai de garder mon calme mais je savais que j'étais quelqu'un qui se faisait vite alllumer par la provocation. Leur accent à couper au couteau était une autre preuve de leur appartenance à un bourg reculé dans les régions de l'Entreterre.
- Les gens de la ville ne m'auraient jamais touché.
La femme prit la parole, d'un ton si hautain qu'il me hérissa le poil.
- S'en fiche d'ces bâtards, nous on supporte pas les connards qui se s'baladent avec des bécanes de friqués ! Alors donne nous tout c'que t'as sur toi et on t'laisse en vie !
Pour souligner ses paroles, quatre gueules de dragons béantes ont rehaussés les têtes de leurs dragonniers tandis que ceux-ci sortaient des couteaux encore dégoulinants de sang frais.
De sang frais.Des yeux, nullement impressionné par leur méthode d'intimidation, je balayai les gravats encombrants derrière le groupe de détrousseurs.
Là, à moitié caché par un rocher, un enfant était recroquevillé, couvert de sang sur sa petite poitrine.Ma respiration se coupa d'effroi, et en une fraction de seconde, des visages se superposèrent à celle de la jeune victime.
Des yeux de gamins vides, morts, la bouche entrouverte sur leurs dernières paroles.
-Ra... pha... ël...
Comment... osaient-ils ?
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Dragons et Solitaires
ParanormalPeu de choses séparent l'ami du monstre. Valérian, ou plutôt Axel si l'on veut se rappeler de lui ainsi, est un Martyr. Un dragonnier qui marchait auparavant parmi les humains, avant de s'être brutalement intégré au monde chaotique des Grandes Fami...