XVIII - Cartes et vérités

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Valérian

Je me réveillai le troisième jour dans un grand lit confortable.
Il était fort poussiéreux car peu utilisé, mais à part quelques éternuements je n'avais pas été dérangé plus que ça.
J'avais pris la chambre d'amis, et Solweig avait occupé cette nuit celle de Kohold.
Le dragonnier aux cheveux blancs, lui, s'était déplacé aussi et s'était retrouvé à dormir avec Cléa.
Je soupirai, il n'y avait pas d'horloge ici, et la seule source de lumière était artificielle.
Impossible de savoir l'heure qu'il était, et si les autres étaient déjà levés.
[[ Sorenko ? ]] tentai-je.
Mon dragon avait dormi dehors parmi ses pairs, que je n'avais qu'entrapercus.
Si ma mémoire ne me faisait pas défaut il y avait Névary, Qolandri et Karanes.
Je n'eus aucune réponse mais me mis debout malgré tout.
J'étais dans l'impossibilité de tomber à nouveau dans les bras de Morphée, je n'allais pas passer un temps précieux au lit.

J'étais pied nus sur le sol de pierre gelé de la pièce, et me dirigeai vers la porte de sortie.
La fraîcheur ne me dérangeait pas, cela apaisait mes plaies.
En voulant ouvrir, quelque chose buta contre le battant.
Intrigué, je ramassai l'objet utilisé en guise de cale.
C'était une nouvelle pile de tissus.
Soit quelqu'un était déjà levé, soit on me l'avait déposé hier soir, mais c'était bien attentionné pour le coup.
Je lançai presque ma nouvelle tenue sur le matelas, avant de faire glisser la table de chevet en bois devant la porte.
Je ne voulais pas que quelqu'un vienne se rincer l'œil sur le peu de chair qui couvrait mon squelette.
Déjà que je devais supporter mon propre regard à cause de la surface réfléchissante qui barrait tout un mur avant d'être arrêtée par une penderie en chêne.

Dans une salle de bains je voulais bien, mais quel intérêt de mettre un miroir dans une chambre à coucher ?
Alors que la pièce était petite ils rajoutaient un foutu miroir en plus du lit double, de la penderie et de la table de chevet.

Sans m'attarder plus que nécessaire sur le mot salé que j'allais adresser au décorateur des lieux, je me délaissai de mon training et pull blancs.
Je retirai mon caleçon et enfilait sans tarder celui présent sur mes draps.
Je ne me posais pas vraiment la question sur l'identité de son ancien propriétaire au risque de porter mon boxer personnel pendant belle lurette.
Je pensai à ne pas oublier le flacon de sang et les gélules dans le training, avant de les transvaser dans le short mi-cuisse en coton noir que l'on m'avait apporté en douce.
Je n'aimais pas trop l'idée que l'on puisse reluquer mes jambes mais je devais me faire à cela, ou me balader dans les bois en training immaculé qui ne le resterait sûrement pas.
J'enfilai également un t-shirt kaki dans une matière synthétique, plus convenable à la pratique d'activités physique mais qui faisait aussi transpirer plus rapidement.
Je trouvais bizarre de me souvenir de détails si superflus et de ne pas me rappeller de mon ancienne vie privée.
En soi je ne voulais pas savoir de quelle manière j'avais fait cette découverte sur mes différentes types de sudations selon l'habit.
Je notai avec appréhension les bleus qui marbraient mes avant-bras, vestiges des coups de Kohold.
Je m'équipai avec douceur des chaussettes gris pâle, évitant au maximum les frottements contre mes petits petons fragiles.
J'accrochai mon arme à ma ceinture, et sortis enfin de la chambre, guidé par les pierres lumineuses vers la pièce principale.

Je rentrai dans le salon par la deuxième porte, en sens inverse elle donnait accès aux chambres.
Je n'étais pas le premier à être debout, c'était un fait.
L'entrée menant à la cuisine équipée et salle à manger était grande ouverte comme la veille, et je vis que Cléa était déjà assise à table près d'une assiette vide et tenait un éventail de cartes dans les mains.
En face d'elle, Solweig -qui avait attachés ses longs cheveux en un début de chignon- disposait lui aussi de cartes à jouer entre ses doigts.
Un empilements de ces papiers rectangulaires se trouvaient entre les deux, un face découverte l'autre face cachée.
Chacun leur tour ils piochaient une carte ou en alignait une des leurs sur le paquet visible.
Trop absorbé par ce jeu qui m'était inconnu, je n'avais pas vu Kohold derrière, qui confectionnait un monumental sandwich.
- Salut. Bien dormi ? lâcha-t-il à mon intention.
Les joueurs semblèrent s'apercevoir seulement maintenant de ma présence et me saluèrent.
Les yeux du Méta brillaient désormais avec le même éclat que la veille avant son combat.
La nuit avait dû lui faire un bien fou.

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⏰ Dernière mise à jour : Jun 03, 2024 ⏰

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