coeurs en miroir

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— Où est ta famille ? demande Yuri en faisant les cent pas dans le salon des Altin. Je ne m'attendais pas à ce que ce soit aussi calme ici.

La maison repose dans un silence presque inquiétant. Le salon, qui fait face aux montagnes, offre une vue pittoresque sur le ciel enneigé et l'étendue infinie des paysages blancs. La douce lumière du soleil couchant baigne les canapés de velours dans des teintes dorées et fait scintiller le lustre de cristal. Des photographies de visages souriants et de regards sombres sont éparpillées sur les meubles, leurs couleurs délavées par le soleil.

Otabek jette un bref coup d'œil à une horloge ancienne.

— Mes sœurs sont probablement encore à leur leçon de piano. Maman devrait bientôt les ramener. Mon frère arrivera plus tard dans la soirée.

Avant que Yuri puisse poser plus de questions, des voix joyeuses percent la quiétude. Deux fillettes réalisent une entrée fracassante, l'une avec des boucles sauvages et une moue sérieuse, l'autre avec des joues rondes et une curiosité pétillante dans les yeux.

– Beka ! Tu es rentré !

– Oh, tu es avec quelqu'un ?

L'expression d'Otabek s'adoucit, bien que son sourire ne s'étire pas tout à fait.

– Oui, c'est un... Ami. Il s'appelle Yuri. Yuri, je te présente mes sœurs, Ailana et Najma.

Après avoir brièvement salué Yuri, filles s'approprient leur frère et emplissent la pièce de leurs bavardages animés — ça fait longtemps qu'elles n'ont pas vu Otabek. Yuri se retrouve dépassé, incapable de suivre leur conversation rapide.

– Naja ? Ailya ? Qu'est-ce qu'il se passe ?

Une femme au visage délicat et sévère franchit la porte. Elle s'arrête net, et ses yeux se posent sur Ailana, puis Najma, puis Otabek. L'intensité de son regard met immédiatement fin à l'agitation qui règne. Elle est clairement la mère d'Otabek.

Yuri brise le silence en s'avançant d'un pas.

– Euh... Bonjour. Yuri Plisetsky.

Après une brève hésitation, elle accepte sa poignée de main.

– Sofia Altinova. Bienvenue chez nous, Yuri. Souhaites-tu une tasse de thé ?

Yuri acquiesce, de peur que ses mots trahissent son malaise. La maison aux allures d'hôtel cinq étoiles est impressionnante, mais l'atmosphère qui règne ici est étrangement tendue. Otabek, lui aussi, ne semble pas y échapper et préfère garder le silence jusqu'à ce que sa mère soit hors de vue.

– Ne t'inquiète pas, Maman est toujours... Formelle.

Quelques minutes plus tard, Sofia revient avec un plateau chargé de tasses de thé, qu'elle dépose sur la table basse, et s'assoit dans un fauteuil en face d'Otabek. L'arôme de la camomille se mêle à la tension qui imprègne l'air.

– Je ne m'attendais pas à ce que tu viennes. Ne voulais-tu pas continuer à travailler à Saint-Pétersbourg ?

– Nous prenons... Des congés imprévus.

– Que s'est-il passé ? T'es-tu attiré des ennuis auprès de Pyotr ?

– Rien à voir avec Pyotr et Viktor. Je me suis dit que j'allais vous rendre visite, c'est tout.

Exclu de leur interaction, Yuri s'approche des deux sœurs. Elles l'entraînent dans leur jeu sans hésiter et Yuri n'écoute plus que d'une oreille l'échange d'Otabek et Sofia. Les réponses d'Otabek, concises comme toujours, manquent de leur chaleur habituelle.

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