UNE FAMILLE OU RIEN

Chapitre 1 - Bénédicte

Pourquoi ai je choisi cet appartement déjà? Ah oui, pour le loyer médiocre et la proximité avec la caserne de Marcus. Je soupire et me retourne pour la millième fois dans mon lit. Marcus en fait de même et ses beaux yeux bleus s'excusent d'avance de ce qu'il va me dire.

- Je vais retourner à la caserne. 

- Lâcheur, je ronchonne.

- J'en peux plus, il hurle tous les jours, c'est invivable. Désolé. Tu peux venir squatter avec moi Poussinette.

- Bien sûr, je vais aller dormir dans une caserne remplie de pompiers sexy auquel je n'ai pas le droit de toucher, je soupire désespérée.

Il s'excuse une dernière fois avant de s'habiller et quitter ma chambre. 

Mes nouveaux voisins ont emménagé il y a 15 jours et leur bébé passe ses nuits à hurler. Je vais devenir folle si ça continue. J'ai du recommencer 3 fois mes fiches de paies hier, car incapable de me concentrer avec ce manque de sommeil. J'ai essayé les bouchons mais je ne supporte même pas des écouteurs alors ça, impossible. Je m'arrache les cheveux et regarde l'heure sur mon réveil : 1h37. Cette fois s'en est trop. 

Je me lève et traverse le couloir pour frapper à leur porte qui tremblent sous mes assauts. Le battant s'ouvre brutalement sur un homme tenant un bébé dans les bras. Le petit est violet et son visage est trempé de larmes et de bave. Mon voisin quant à lui paraît être au bout du rouleau à juste titre. Son visage est mangé par des cernes et ses traits durcies par la colère.

- Quoi? aboie t il.

Ses yeux balaient mon corps de haut en bas. Je ne porte qu'un mini short sur un débardeur en dentelle et mes cheveux doivent ressembler à un nid de paille mais peu importe, je ne suis pas là pour faire un défilé de mode.

- Quoi? Vous rigolez? C'est à lui qu'il faudrait demander ce qu'il y a, je dis en désignant sa progéniture.

- C'est un bébé, c'est normal qu'il pleure, s'énerve t il.

- Ce qui serait normal c'est que je puisse dormir la nuit!, je m'emporte. 

- Il n'y a pas de bouton off, désolé, raille t il.

- Ah mince, j'allais vous proposer de le ramener au SAV pour défaillance technique. Ca vous arrive de prendre une douche? je lance en fronçant le nez.

Ses joues se teintent légèrement alors qu'il me toise les narines frémissantes.

- Donnez le moi, je dis en tendant les bras alors qu'il recule. Oh ça va, je suis pas maso! Je vais pas vous le voler! Allez vous doucher pendant que je demande à Google pourquoi il hurle et produit des litres de bave.

- Vous êtes folle. 

- Il faut croire, puisque je préfère m'occuper de cette chose plutôt que d'aller dormir! 

J'entre dans son appartement sans y être invité et attend les bras tendus vers lui qu'il daigne me donner son bébé. Voyant mes mains vers lui, le bébé se penche vers moi en mangeant son petit poing serré. Son père fronce les sourcils avant de céder. Le bébé arrête d'hurler une fois dans mes bras et me regarde curieux. Je lui souris avant de grimacer en sentant sa bave couler sur mon épaule.

- Oh mon Dieu, c'est immonde. Comment on peut faire un truc pareil? je marmonne. Vous attendez quoi? J'ai pas toute la nuit et vous sentez le fennec. 

Il prend un bavoir qu'il me jette au visage avant de s'engager dans le couloir derrière moi. Je repère le salon à ma droite et vais m'assoir sur le canapé défoncé. J'installe l'enfant sur mes genoux et prend mon téléphone sur lequel je pianote mes questions existentielles.