Je travaille encore quand Marcus rentre au milieu de la nuit. Je l'entends soupirer mais l'ignore et continue mes calculs. Après s'être douché, il vient s'assoir à mes côtés. Je fais semblant de ne pas le voir, je sais qu'il va vouloir discuter et je n'en n'ai pas envie. Surtout pas après avoir entendu Léo hurler la moitié de la journée.
- Tu comptes dormir un jour?
- J'ai du travail, je n'ai pas le temps.
- Oui mais tu es freelance! Tu n'es pas obligée d'accepter tous ces clients! Poussinette, regarde moi. Il faut que tu dormes.
- J'y arrive pas alors autant que je travaille.
- Ok, alors on sort au Cruz, propose t il en frappant dans ses mains.
- Non merci.
- Tu n'as pas vu la lumière du jour depuis 2 semaines. Soit tu dors, soit on sort, soit je vais le chercher.
- Ok, je vais dormir, tu es content? je râle en me levant.
Une fois dans mon lit, je reste figée à fixer mon plafond. Lorsque je dors je fais des cauchemars alors je retarde ce moment au maximum, réduisant mes nuits de sommeil à quelques heures vitales. Marcus vient s'allonger à mes côtés et se met sur le côté pour me faire face.
- Parle moi Poussinette, j'aime pas te voir comme ça.
- Il a pleuré aujourd'hui.
- Pourquoi tu n'es pas allée les voir?
- C'est trop dur.
- Tu devrais écouter ce qu'il a à dire. Il tient beaucoup à toi tu sais?
- Assez pour me mentir.
Et là j'éclate en sanglot. Mon ami me prend dans ses bras et je trempe son t-shirt en quelques secondes. Je n'en peux plus de cette situation.
- Ils me manquent, j'articule entre deux gémissements.
- Je sais Poussinette, je sais. Tout va s'arranger, tu verras.
Je pleurs un long moment contre lui, je ne fais plus que ça maintenant. Pleurer et travailler. Si ça occupe mes journées et mes mains, il n'en n'est rien de mon esprit qui ne cesse de divaguer vers eux. Après cette journée à l'entendre pleurer, je suis terriblement inquiète en plus du reste. Je finis par sombrer contre le torse de Marcus avant d'être réveillé par un énième cauchemar. S'il s'abstient de commentaire, l'air de pitié qu'affiche son visage finit à me décider. Je me relève et retourne travailler, ça vaudra toujours mieux que de revoir cette junkie psychopathe. Cette fois mon ami ne fait pas de commentaire et me laisse faire.
Sarah et Margaux sont venus me voir de nombreuses fois dans l'espoir de réussir à me faire sortir d'ici mais elles ont échoué également. Je préfère rester seule, je ne veux surtout pas prendre le risque de le croiser. Je devrais peut être déménager parce que je ne vois pas où cette situation va nous mener.
Et puis, il y a Léo.
Ce petit bonhomme me manque, je me demande ce qu'il mange, ce qu'il fait, ce qu'il a découvert. Peut être a t il dit un premier mot, peut être qu'il avance enfin à 4 pattes. Je sais que c'est malsain mais tous les soirs je regarde à travers mon judas pour l'apercevoir quelques secondes. Chaque soir, il tend les bras vers ma porte, Vince se tourne à chaque fois dans l'espoir de me voir sur le seuil avant de se détourner et rentrer chez lui.
Alors, non, je ne déménagerai pas. Parce que si les seuls choses qu'il me reste de Léo sont ces quelques secondes à l'apercevoir à travers ma porte, alors je compte bien les chérir et les garder aussi longtemps que possible. Tout me manque, ses babillages, sa bave sur mes vêtements, les miettes de gâteaux qu'il adore étaler sur mon t-shirt, son odeur, ses yeux magnifiques si semblables à ceux de son père, son expression lorsque je m'extasie face à ses exploits, cette petite ride sur son front rondouillet lorsqu'il se concentre de toutes ses forces pour réussir quelque chose. Tout, absolument tout me manque.
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UNE FAMILLE OU RIEN
Roman d'amourBénédicte est ce qu'on appelle une femme libérée, belle et sûr d'elle, son quotidien de jeune femme célibataire lui convient à la perfection. Vincent est le papa solo d'un petit Léo de 6 mois à peine lorsqu'il rencontre sa nouvelle voisine. Leur ren...