UNE FAMILLE OU RIEN

Chapitre 6 - Vincent

Je couche mon petit trésor dans le lit que Béné a préparé. Je souris en y pensant. Elle est passée nous voir tous les soirs de la semaine et ce moment était aussi important pour lui que pour moi. Et elle a tout prévu aujourd'hui pour que la journée se passe bien. Elle lui avait préparé une purée maison et là un lit douillet. Marcus est en train de prendre des habits dans le dressing de Béné. Je n'ai pas posé de question, je ne comprends toujours pas ce qui les lie. Marcus est apparemment gay mais il vit ici et partage son lit, c'est bizarre.

- Je jongle entre la caserne et ici, m'explique t il en surprenant mon regard sur son sac. Elle ne voulait pas de mec dans sa vie alors je n'avais aucun scrupule à squatter son lit et son espace vital. Mais je saurai faire de la place quand elle changera d'avis.

- Pourquoi tu me dis ça?

- Parce que je me mets à ta place et je peux comprendre que la situation te paraisse étrange. Elle t'expliquera notre histoire un jour, peut être, peu importe. Elle vous aime beaucoup tout les deux.

- Ce n'est pas ce que tu crois. On est juste amis, il n'y a rien d'autre.

- Tu vas me faire croire que tu ne veux rien d'autre?

Je ricane en secouant la tête.

- J'ai dit qu'il n'y avait rien d'autre pas que je ne voulais rien d'autre.

Marcus rigole avant de me broyer l'épaule dans une tape amicale.

- Je n'ai jamais voulu me marier ou avoir d'enfants, et tu t'emballes parce que j'invite mon voisin et son bébé. Il n'y a rien entre nous et ça ne changera pas. Alors arrête de faire des plans sur la comète qui ne se réaliseront pas.

La voix de Béné perce jusqu'à nous et Marcus grimace en me voyant me figer. Je décide de sortir comme si de rien était et m'assoit à ces côtés. Ma cuisse frôle la sienne lui arrachant un sursaut de surprise avant de s'empourprer. Marcus annonce le dessert en tentant de dissiper le malaise. Il revient de la cuisine avec un énorme gâteau au chocolat couvert de fraise. Tout le monde chante joyeux anniversaire et je remarque que la lueur dans ses yeux a disparu. Elle semble inquiète et torturée. Elle s'apprête à souffler ses 26 bougies quand Angie s'écrie :

- Atttttends, il faut faire un vœu.

Béné lui sourit, ferme les yeux quelques secondes et souffle. Elle pose son regard une seconde sur moi avant de se détourner pour ouvrir le cadeau de Marcus, un ordinateur portable dernier cri. Je déglutis, j'ai l'air ridicule moi maintenant. Sa sœur lui a offert un parfum et ses parents un sac à main. J'aurais du faire comme mon père et ramener une plante, quel idiot. Personne ne fait attention à moi alors que Marcus distribue les parts de gâteau. J'espère alors pouvoir me défiler mais c'était sans compter la mini miss je sais tout.

- Et toi? Tu n'as pas apporté de cadeau?

- Angie, rouspète sa mère. Ca ne se fait pas enfin!

- Il m'a déjà offert des fleurs, réponds Béné. Regarde, elles sont là bas.

La petite regarde le bouquet fané qu'elle aurait déjà dû jeter.

- En faite j'en ai un mais ... enfin c'est ridicule, j'irai le changer c'était bête et ...

Béné surprise hausse les sourcils et m'offre son magnifique sourire.

- Pourquoi ce serait ridicule? Et tu n'avais pas besoin d'apporter de cadeau, j'avais juste besoin de votre présence.

Le silence se fait autour de la table, tout le monde nous observe pourtant je ne suis pas gêné. Ses yeux parlent pour elle et elle me transmet tout les doutes et les incertitudes qui la bouleverse. J'inspire à fond avant de sortir la petite boîte de la poche de mon jean's. Ses mains tremblent quand elle la prend. Je retiens mon souffle alors qu'elle ouvre le petit écrin contenant un collier avec un pendentif. Ses doigts fins effleurent ce dernier alors qu'une larme coule sur sa joue. Elle relève la tête et son sourire illumine la pièce.