UNE FAMILLE OU RIEN

Chapitre 15 - Vincent

Le jour du jugement arrive rapidement. Nous sommes dans la salle d'audience, Béné est assise derrière moi et garde sa main sur mon épaule en signe de soutien. Si j'étais stressé au début, je me détends rapidement en ne voyant pas Jessica. Si elle ne vient pas, ce sera ma parole contre ... et bien moi! Les minutes s'égrainent et aucun signe d'elle. 

Après avoir pris connaissance du dossier très complet fourni par mon avocat, le juge tranche en ma faveur. J'obtiens la garde exclusive de Léo et Jessica, par son absence, renonce à ses droits parentaux. Elle aura la possibilité de faire appel dans le mois qui vient, mais si elle était trop défoncé pour se bouger aujourd'hui, je doute que cela change d'ici un mois. Je me tourne vers Béné qui me saute dans les bras les larmes aux yeux. Je respire à nouveau correctement. Léo ira bien et moi aussi, grâce à cette blonde aux yeux de biches.

On aurait pu profiter du temps qu'il nous reste rien que tous les deux, mais Béné me supplie d'aller chercher Léo à la crèche. Nous passons donc le reste de la journée, en famille, tous les 3 et je n'ai jamais été aussi heureux depuis sa naissance. 

Le vendredi soir, Béné est intenable. Elle a fait des tonnes de listes à cocher pour ne rien oublier, il y en a même une qui regroupe toutes ses listes, elle va me rendre dingue. Le pire? C'est qu'elles ne sont pas pour elle ses listes, non, non! Elles sont pour Léo! Elle a compté 6 fois, le nombre de couches et de biberon dont on aura besoin.

- Béné, il y a des supermarchés là bas aussi!

- Oui, je sais bien, mais imagine qu'on soit ensevelit par une avalanche.

- Je t'aime vraiment très fort mon ange, mais si tu continues je vais être obligé de t'étouffer pendant ton sommeil, je lui dis avec un sourire de dément.

- Très bien, débrouille toi tout seul dans ce cas. Je vais dormir avec Marcus, lui au moins ne critique pas mes méthodes d'organisation, râle t elle vexée. 

- Béné .... je soupire alors qu'elle claque la porte.

Ouf! Je vais enfin pouvoir préparer nos valises comme bon me semble. Une demi heure plus tard c'est Marcus qui débarque chez moi comme s'il avait le diable au corps. Il referme la porte délicatement derrière lui et regarde par le judas. 

- Qu'est ce que tu fous? je lui demande les bras croisés.

- Chuuuuuuut, râle t il. Elle va savoir que je suis ici si tu parles. D'ailleurs pourquoi elle est revenue à l'appart? 

- J'ai promis de l'étouffer cette nuit si elle comptait le stock de couches une 7 ème fois.

- C'est la première fois que je pouvais préparer mes valises sans ses fichus listes, geint il. Tu as tout foutu en l'air, tu fais chier Vinçaigri.

J'éclate de rire alors qu'il m'intime au silence en vérifiant par le judas que notre pire cauchemar ne se pointe pas.

- Pourquoi tu viens toi déjà? je râle.

- Parce que j'étais l'homme de sa vie avant toi imbécile.

- Touché, je marmonne.

Le lendemain matin nous chargeons la voiture de Marcus. Mon père est à l'avant et Léo s'extasie de tout ce qui l'entoure en nous regardant tour à tour avec Béné. Elle ne veut plus m'adresser la parole, ce qui m'amuse beaucoup et la renfrogne encore plus. Nous passons une grande partie de la journée sur la route et arrivons au chalet en fin d'après midi. Le paysage est magnifique. Le chalet se situe au pied des pistes enneigées. La forêt tout autour confère cet aspect féérique et nous plongeons au cœur de Noël en quelques secondes. 

Je sors Léo de son siège auto et lui fait découvrir le spectacle fabuleux qui s'offre à nous. Il tend ses bras vers la montagne et je lui montre chaque élément qui nous entoure. Il m'écoute attentivement, tente de répéter certains sons et ses yeux se parent de milles étoiles. Je m'accroupis pour lui montrer la neige qui recouvre les escaliers menant à notre chalet. Ses doigts rencontrent les flocons, il les agite intrigué devant ses yeux.