Chapitre 11 - Vincent

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Le médecin termine son examen et m'annonce le diagnostic et le traitement à suivre quand Béné entre timidement les yeux rougies. 

- Ah regarde bonhomme, Maman est de retour, lance le médecin.

- Mama mama mama, babille mon fils.

Béné s'empourpre et vient le prendre dans ses bras en silence alors qu'il lui tend ses petites mains potelées.

- On va pouvoir la rassurer. Je disais donc à votre conjoint que Léo souffre d'une angine. C'est très douloureux ce qui explique ses pleurs après chaque tentative d'alimentation. Je vous ai préparé l'ordonnance, d'ici 24 heures il devrait déjà être soulagé et reprendre une alimentation quasi normale. Privilégiez les liquides et proposez lui de l'eau régulièrement. 

Après avoir remercier le médecin et récupérer ses médicaments. Béné s'occupe de régler les soins. Elle ne lâche pas Léo qui d'ailleurs ne semble pas vouloir non plus s'en éloigner. Elle nous manque terriblement, à tous les deux. Je sais qu'on lui manque également. Je vois l'ombre sous sa porte tous les soirs quand on rentre. Léo tend toujours le bras vers son appartement dans l'espoir que je l'y mène et à chaque fois je regarde cette porte, espérant y voir ma jolie voisine plutôt que son ombre cachée derrière. 

Je m'en veux, je n'aurais pas dû lui mentir, cela à pris des proportions énorme. Son sourire qui illumine son visage parfait, sa façon de me regarder avec ses yeux aux nuances dorées, comme si j'étais l'homme idéal et non un pauvre type fauché incapable de prendre soin de son fils, son comportement avec Léo, son parfum, ses baisers, nos moments de tendresse, tout me manque. 

J'aimerais que tout redevienne comme avant, lorsqu'elle avait sa place auprès de nous sans rougir des "mama" que lui lance Léo. Je ne sais pas comment faire, même mon père n'a pas su m'aider. Cette fois des tournesols ne régleront pas le problème.

On se gare devant notre immeuble et Béné sort Léo de son siège auto. Il somnole et ses yeux papillonnent alors qu'elle embrasse son front et son petit nez, lui arrachant un sourire béat. Une fois dans le couloir, elle me tend Léo qui s'énerve aussitôt loin d'elle. Je le berce contre moi mais rien n'y fait, il ne veut qu'elle. Son regard perdu me scrute une seconde avant de reprendre mon fils et se diriger vers son appartement. Je la suis en silence alors qu'elle couche Léo dans son lit. Entouré par son odeur, il reste calme malgré son éloignement le temps qu'elle enlève son jeans et enfile un short en coton. Béné s'allonge à ses côtés et Léo roule pour se caler contre sa poitrine, la main sur son ventre. 

- Viens, me souffle t elle la voix tremblante. 

J'enlève mon jeans et mon t-shirt et m'installe sous la couette près de mon fils. Béné pleure en silence tout en caressant les cheveux noirs de Léo. 

- Je suis désolé mon ange, je n'ai jamais voulu te faire de mal.

- Tu devrais dormir, tu vas être épuisé au boulot demain matin, réponds elle dans un murmure.

- Je ne vais pas pouvoir aller travailler, la crèche n'acceptera pas Léo.

J'ai besoin d'argent plus que jamais et louper une journée de travail ne m'arrange absolument pas mais mon père travaille aussi et je n'ai pas d'autre solution.

- Je peux le garder? me demande t elle.

Je n'y avais pas pensé, c'est vrai qu'elle travaille depuis chez elle. Mais il n'est pas de très bonne compagnie depuis deux jours.

- Il ne fait que pleurer et chouiner, ça ne va pas être très agréable.

- S'il te plaît, me supplie t elle.

UNE FAMILLE OU RIENOù les histoires vivent. Découvrez maintenant