UNE FAMILLE OU RIEN

Chapitre 9 - Bénédicte

Je bois un café avec Marcus pendant que Léo joue sur le tapis.

- Alors comment ça va tous les deux?

- Hmm bien, ça va.

- Quoi c'est tout??

Je soupire et me frotte le visage avant d'avouer à mon ami que :

- On n'a toujours pas couché ensemble.

Il recrache son café aspergeant la table au passage.

- Quoi? Attend attend, vous êtes ensemble depuis quoi, un mois non?

- Oui, je sais. Mais  .... j'ai peur.

- Toi? Tu as peur! Elle est si grosse que ça? ou alors elle est ridiculement petite.

- Arrête enfin. Elle est parfaite mais ...

- Donc tu l'as vu, donc vous avez fait des trucs.

Je rougis jusqu'à la racine alors que Marcus se marre comme un imbécile.

- Tu es nul franchement, je râle vexée.

- Ok, ok pardon. Vas y je t'écoute, reprend il calmement.

- Il a déjà un bébé et j'ai peur que, enfin tu vois j'ai pas envie d'en avoir un moi de bébé.

Il repart en fou rire et met plusieurs minutes à se calmer.

- Pardon, pardon! Mais tu es au courant qu'il faut être 2 pour faire un bébé? Et si tu prends la pilule les chances de réussir à en faire un se réduit à 0,1%.

- Je sais bien que je ne suis pas la vierge Marie et qu'il ne va pas me faire un bébé en me regardant dans le blanc des yeux. Mais ça me bloque et j'ai peur que ma contraception ne fonctionne pas.

- Comment veux tu tomber enceinte s'il mets un capote et que tu prends la pilule? Franchement si ces systèmes de contraceptions n'étaient pas efficace tu serais déjà l'heureuse Maman d'une douzaine d'équipe de foot, se moque t il.

- Tu es vraiment un sale gosse, je gronde en lui frappant l'épaule.

- Plus sérieusement, tu lui as parlé de tout ça?

- Chéri, j'ai peur d'être la vierge Marie alors évite de me regarder on ne sait jamais. Bien sur, je lui en parle tous les soirs.

- Moi je crois surtout qu'une fois ce cap franchit tu n'auras plus de retour en arrière possible et c'est ça qui te bloque. Pourtant vous êtes bien tous les deux non?

- Oui, il est génial et je crois que j'ai réussi à trouver ma place avec Léo, tout se passe bien.

- Alors arrête de te prendre la tête et chevauche le sinon je m'en occupe.

Cette fois c'est moi qui éclate de rire. Nous discutons encore un moment avant qu'il ne soit l'heure pour lui d'aller prendre sa garde. Je décide de préparer les affaires de Léo pour aller au parc. Je prends le pain rassis que j'ai gardé exprès pour aller donner aux canards, je sais qu'il adore les voir, il arrive presque à les imiter.

On arrive près du pont en milieu de matinée. Léo mange le pain qu'il est censé jeter aux canards assis sur mes genoux. On passe par le parc pour enfants où il joue dans le bac à sable. J'ai la drôle de sensation qu'on m'observe pourtant toutes les mamans autour de moi sont obnubilés par leur téléphone ou leur progéniture. Je secoue la tête et continue à jouer avec Léo qui préfère goûter le sable que le mettre dans le seau. Nous faisons quelque tours de toboggan qui l'amuse toujours autant, par contre j'arrête rapidement la balançoire qui semble le terroriser. 

Midi approchant, je l'attache dans sa poussette et commence à m'éloigner du parc lorsqu'une femme vient se mettre en travers du chemin. Je l'ai déjà vu à plusieurs reprises ces derniers jours. Un frisson me parcours en voyant son regard vitreux et sa pâleur cadavérique. Cette sensation d'être observée tout à l'heure me met d'autant plus mal à l'aise face à elle. La jeune femme est anormalement maigre et ne cesse de frotter ses avants bras.