Prologue

103 6 6
                                    

dring dring

Les cours sont terminés, enfin. Les années passent et se ressemblent — Je suis encore le centre de l'attention, que ça soit pour de l'admiration ou de la haine, les rumeurs qui courent sur moi peuvent facilement vous le montrer — Je me lève calmement pour partir.

- Oh Reo! Tu t'en vas? Attends nous, on te raccompagne!

Je ne pourrai donc jamais espérer une quelconque pause, un moment de calme et de solitude. Où que j'aille, je me dois d'être parfait pour ne pas plonger dans les abysses que les autres pourraient me créer: En un claquement de doigts, ma supposée 'vie parfaite' peut tourner au désastre. — Et même si les gens s'en persuadent le contraire, ma vie n'a rien d'un rêve, elle est même pire que la leur — Dans mon monde, tout n'est que méfiance et hypocrisie. Je pris mon sac et le reste dans mes affaires dans mes mains, me tournant vers les voix qui m'ont interpellé plus tôt.

- Oui, j'y vais, vous pouvez venir. Un peu de compagnie ne serait pas de refus.

Et c'est comme ça que pour une énième fois, le calme que je demande se fait déranger par d'autres camarades de classe qui ne sont là que pour ma popularité et mon argent.

Arrivé à la maison, ça ne s'arrange pas, devoirs, piano, étude des langues étrangères, beaucoup de travail pour un enfant qui se doit d'être parfait. Et bien sûr, je me dois d'exceller dans n'importe quelle activité que j'entreprends, c'est la vie misérable de l'enfant parfait: être coincé dans une spirale d'attentes surréalistes.

L'heure du repas arrive alors que je ne suis même pas arrivé à la moitié de tout ce que je me dois de faire pour la journée.
Heureusement que les employés s'occupent de la totalité des tâches ménagères et que je n'ai pas la nourriture à cuisiner en plus, ça retardait mon apprentissage déjà trop long.
J'espère ne pas voir mes parents et manger seul— ils ne sont là qu'une fois sur trois alors j'ai sûrement plus de chance de ne pas les voir que de me retrouver à table, assis avec eux dans un silence insoutenable avec leurs yeux faussement attentionnés fixés sur mon visage — je ne peux pas m'empêcher d'être nerveux — Je continue d'étudier jusqu'à ce qu'une de nos servantes m'appelle pour descendre.

Arrivé en bas, la mauvaise surprise tombe, je croise mes parents à table. Apparement, ils viennent de rentrer du travail, quelle malchance. Ça s'est joué à seulement quelques minutes.
Le repas se fait calmement, pas même une fois ils ne me demandent ce que j'ai fait de ma journée ou comment s'est passé l'école. J'ai l'impression que c'est trop compliqué pour eux.
Une fois terminé, un des servants me prend mon assiette et se dirige vers la cuisine. Je me lève de ma chaise pour partir rapidement.

- Tu ne manges pas de dessert? Me demande ma mère.

- Non merci, je n'ai pas très faim, je vais aller prendre ma douche et continuer d'étudier. Je pense que vous ne me verrez plus de la soirée alors je vous souhaite une bonne nuit, je vous aime.

- On t'aime aussi. Me répondent-ils

Pourtant, je ne vois pas une seule once d'amour dans leurs yeux, rien que de l'indifférence. Je dis ça mais mes yeux doivent refléter le meme vide: j'ai arrêté de me préoccuper d'eux et de leur faux intérêt envers moi depuis des années déjà.

La soirée continue et ressemble à toutes les autres, je me lave et étudie encore jusqu'à pas d'heure avant de tomber de fatigue sur mon lit et de m'endormir aussitôt.

Le lendemain est également une routine ennuyeuse ou je m'habille et me fait déposer en cours par mon chauffeur, le dernier moment un peu plus calme que je vais avoir avant une journée à jouer au mec parfait. C'est parti, j'ouvre la porte et fais mon plus beau sourire qui est complètement faux avant de sortir autour de la foule d'élèves qui ne regarde que moi. Cela fait des mois que je suis dans ce lycée, ils auraient tout intérêt à passer à autre chose. Enfin... je n'ai pas mon mot à dire la dedans, je n'ai qu'à faire semblant, ce n'est pas si compliqué, n'est ce pas?

A la récréation, je reste avec des gens, ces mêmes gens qui se servent de moi quand ils en ont besoin.

Aujourd'hui me parait plus compliqué que d'habitude, j'ai l'impression que je vais me briser d'une minute à l'autre, la douleur dans ma poitrine s'intensifie et ma tête tourne.
'J'vous en supplie, faites que ça s'arrête' Me répétais-je jusqu'à entendre la sonnerie retentir.
Je ne peux pas retourner en cours, pas maintenant, c'est trop compliqué, tant pis si je brise cette image du garçon parfait, j'ai besoin d'une pause même minuscule, sinon je vais vraiment finir par me briser en deux.

- J'ai mal à la tête, je vais aller à l'infirmerie, j'vous laisse.

- Ça marche, à tout à l'heure!

Une fois tous les élèves rentrés en classe, je m'écroule par terre contre un mur. J'ai l'impression que je vais mourir. Peut être que ce serait une bonne solution en soit. Ça arrêterait ce cauchemar.

Je me réveille quelques minutes après, j'ai du tomber dans les pommes, c'était à prévoir. Je décide de ne pas rentrer en classe pour l'instant, je ne me sens pas capable d'y retourner, je préfère arpenter les couloirs vides, c'est l'une des seules fois où je me sens libre, libre d'être moi même sans avoir besoin de faire un sourire trop faux, sans devoir être forcé à l'excellence.

Je ferme les yeux et je marche doucement le long des couloirs déserts jusqu'à entendre un bruit lointain. Un bruit saturé, comme celui que pourrait faire un jeu vidéo. Je me rapproche donc de ce bruit et arrive dans des escaliers ou j'aperçois un garçon à la chevelure blanche.

Alors que je m'apprêtais à partir, ma curiosite enfin rassasiée, il se retourne et me fixe avant de prendre la parole.

-Ah? T'es pas le riche hyper connu, toi? Qu'est-ce que tu fais ici?

Et c'est reparti, la seule petite pause qui m'est accordée depuis des années est interrompue par un étranger.

_____________

Quand j'ai réécrit ces lignes la, j'sais pas pourquoi, mais j'écoutais K. — Cigarettes after sex.

Pour après faire une transition sur Bolide Allemand — SDM

Trop frais le son...

Merci d'avoir lu!

Invisible(s)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant