Chapitre 10

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Il est pas seulement harcelé par deux élèves de ma classe, mais par toute l'école?

Le reste de mon heure de cours n'a été que des questionnements au sujet de Nagi, moi qui suis si connu ici, pourquoi est-ce que je ne sais rien sur ce sujet? à quel point je ne connais pas?

La réalisation d'un problème bien plus profond que ce que je m'étais imaginé me tombe sur la tête, je ne sais pas quoi en penser et surtout je ne sais pas quoi faire de cette information.
Je pense essayer de faire face à Nagi mais ce serait bien trop risqué, mais en même temps, ne rien faire va uniquement dégrader ma réputation. Je dois m'éloigner de lui, je ne sais pas par quel moyen, mais je dois le faire.

Après les cours, j'ai passé mon temps à me cacher et à l'éviter, si je reste avec lui, il va me détruire, détruire l'opinion qu'on les autres sur moi et détruire mon image parfaite que je me force à maintenir —

Je suis revenu avec mes camarades de classe, qui n'ont absolument fait aucun commentaire sur le fait que je n'étais pas dans leur groupe ce matin, presque comme si, que je sois là ou pas ne change rien pour eux, ils ont simplement besoin de moi et me traitent comme un roi pour servir leur propre intérêt: Ils ont besoin de popularité et d'argent, mais pas de moi.

La fin de journée arrive, je vais en direction de la sortie de l'école quand j'aperçois Nagi, il semblait chercher quelqu'un, je sais pertinemment que cette personne c'était moi. J'essaye de me placer à un endroit plus loin pour me faufiler inaperçu entre les élèves mais il distingue mes cheveux colorés parmi la foule et s'approche de moi. Mon opération 'cache-caché a brutalement échoué.

- Eh, Reo.

Je passe devant lui, nos épaules se frôlent, c'est le premier contact physique que j'ai avec lui et sûrement le dernier, je ne m'arrête pas. Je continue mon chemin comme si il n'existait plus et qu'il était devenu invisible tandis que mes camarades rient bruyamment de la scène.

- Donc tu es comme eux.

Je me retourne pour croiser son regard, son regard qui me fait toujours autant frissonner, le vide dans ses yeux n'a jamais été aussi conséquent — Je le fixe dans le silence, un sentiment indescriptible vint soudainement s'emparer de moi.

- On est peut-être plus différents que ce que je pensais.

Un air de culpabilité monte également en moi alors qu'il s'éloigne sans protester. J'ai envie de le rattraper, mais le regard plein de jugement de mes camarades m'en empêche, je me sens tellement coupable mais en même temps je veux penser à moi et à ma réputation — Est-ce que penser à ma réputation revient à ne penser qu'a moi? Je repars à mon tour, rattrapant le groupe, fixant le sol d'un air défait.

- Il est trop con, comme si il était assez bien pour toi, pas vrai, Reo?

Je ne répondis pas, toujours pris à regarder le goudron fissuré, le garçon lève donc les épaules et passe à autre chose.

Je rentre seul sans parler à personne et les servants qui témoignent de la scène, bien que je sois différent de comment je suis habituellement ne disent rien et retournent, l'air de rien, à leurs occupations. C'est ce que je voulais, être tranquille, pourtant au fond de moi, je me sens mal comme si quelque chose manquait et a toujours manqué.

Je ne comprends pas ce que c'est et, au plus profond de moi, je sais que je ne veux pas savoir, pour ne pas me rendre malade.

Je ne me jette même pas sur mon lit en soupirant, comme quand je vais mal ou quand je suis énervé, je me contente simplement de faire mes devoirs et tous les apprentissages extrascolaires quotidiens. Je pensais que ça allait me changer les idées mais ça ne marche pas.

Je passe la soirée à ne faire que ça, ressasser ce qu'il s'est passé.

On est peut-être plus différent que ce que je pensais — Je n'osais pas me l'avouer, mais cette phrase m'affectait plus que toutes les autres paroles qu'il m'avait dites.

Lorsque je le regarde ou quand j'ai regardé dans son miroir, j'ai pu voir quelqu'un qui avait l'air de partager les mêmes souffrances que moi, quelqu'un qui se battait seul et qui n'attendait qu'une simple présence, une présence qui pourrait tout changer.

Mais peut être qu'au final, il avait raison, on était bien différents et que le faussé qui nous séparait était immense. Dans mon monde, les gens différents se font détruire, je me dois de ne pas être comme lui et d'être comme tous les autres. Il ne peut juste pas le comprendre...

C'est à cet instant que j'ai réalisé que — ce dont j'avais besoin pour me battre dans cette réalité, c'était d'être aux côtés de quelqu'un de singulier, quelqu'un qui ne comprenait pas la société comme moi. — Je m'efforce de vivre comme on me l'impose mais pourquoi ne pas faire une dernière erreur et marcher aux côtés de quelqu'un qui en vaut vraiment la peine?

Quelqu'un qui verra au delà de mon argent et de ma popularité.

Quelqu'un qui me verra, moi.

Je me questionne toute la nuit sur qui je suis réellement et ce que je devrais faire. — Avec le nombre de questions existentielles que j'ai eu, je ferme difficilement les yeux pour dormir le lendemain, je continue ma journée comme avant, comme quand Nagi n'était qu'un figurant dans mon histoire, un simple inconnu qui respire le même air que moi.

Pourtant j'ai ce trou dans ma poitrine qui est bien plus persistant qu'habituellement, il est si douloureux que j'ai du mal à garder un masque convenable pour vivre autour d'autres gens et alors que je vais prendre les escaliers pour aller à l'infirmerie, quelque chose que je ne fais jamais, je le croise et me heurte contre lui, cheveux blancs, encore une fois enfermé dans son jeu vidéo.

-... Nagi?

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Hihi 100 lectures OUAISSS!!
Merci pour le soutien! :)

La suite vous réserve bien des surprises...

Merci d'avoir lu!

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