Chapitre 4

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Je devais le revoir

Juste après avoir eu cette idée, je me mets en tête de retrouver celui qui hantait mes pensées. — Je me lève, motivé par cette envie étrange. Je me prépare, et me dirige vers le chauffeur, qui m'attend. Sur le trajet, je ne pense qu'à lui, qu'à ses yeux.

...Nagi

Un mélange de haine et d'un autre sentiment, un sentiment beaucoup plus doux et agréable se ressent lorsque j'entends ce nom.

Arrivé au Lycée, je me dépêche de sortir. J'essaye de ne pas laisser paraître mes émotions et de rester comme d'habitude, même le chaos règne à l'intérieur de ma tête, pourquoi suis-je si heureux alors qu'il montre ne strictement aucune émotion à mon égard, pourquoi ne puis-je juste pas faire de même?

Je rejoins mes supposés amis pour aller en cours, et une fois que la sonnerie de 10 heures passe, je me dépêche d'aller en salle 203, la salle principale de la seconde quatre, celle où se trouve Nagi. — Une fois proche, je vois les élèves de sa classe sortir en discutant. À cet instant, les doutes s'installent dans ma tête.
Au final, ce n'est peut-être pas une bonne idée d'aller lui parler, je n'ai rien à y gagner après tout.

Cependant, constatant que je m'étais résolu à aller lui parler plus tôt dans la matinée, je pris mon courage à deux mains et rentra dans la classe. Je le vis seul à fixer sa table sans bouger, essayant de se faire le plus petit possible parmi les élèves qui parlaient et s'amusaient autour de lui. Certains levèrent la tête, mon arrivée en a évidemment surpris plus d'un.

- Tiens? Reo ? Qu'est-ce que tu fais ici, tu n'as pas théâtre à cette heure-ci? dit une des filles d'un groupe d'élèves en s'avançant vers moi.

Malheureusement, elle parla assez fort pour que tout le monde se mette à me dévisager, des questions pendant à leurs lèvres. Nagi fit partie de ces gens, il me regardait avec son indifférence habituelle. Mais aujourd'hui, étrangement, je parvins à déceler quelque chose d'autre dans ses yeux, une pointe de surprise — ses yeux que je déteste tant, on l'air légèrement plus humains.

J'avançai sans un mot jusqu'à arriver devant lui, le pris par le bras et sortit de la classe en le traînant derrière moi, devant les regards perdus des autres spectateurs. Je l'attirai dans un coin calme de l'établissement, l'endroit que j'avais trouvé en début d'année: un endroit où personne ne va, un endroit où je peux être seul avec moi-même. Malheureusement je suis tellement surveillé par les autres élèves de l'établissement qu'y aller m'est presque impossible.

- Hm? Pourquoi tu m'amené ici ?

J'entends sa question et je réalise la gravité de ma bêtise. Je voulais juste le voir mais je n'ai pensé aucune excuse, j'ai fait une erreur, je ne peux pas faire d'erreur je n'en ai pas le droit — il veut une explication mais je n'ai rien à lui donner. Il va voir que je ne suis pas si parfait il va le dire à tout le monde et me ruiner ma vie, et la simple raison pour laquelle j'existe par la même occasion.

Pourquoi aurais-je le droit d'exister si je ne suis pas parfait?

C'est la que je la senti arriver, cette crise d'angoisse mélangée de la paranoïa. Une simple erreur me fait ressentir autant ? je dois être tombé bien bas.

Je vis Nagi, complètement pris par surprise par cet état soudain — de mon côté, ma tête se mit à tourner et j'éprouvai de plus en plus une sensation d'étouffement. J'essayai de marmonner des mots du mieux que je pouvais, mais tout était incohérent: les syllabes étant remplacées par des larmes. La dernière chose dont j'me souviens, c'est que j'me suis calmé avant de tomber, épuisé au sol.

Ensuite, plus rien, le calme était enfin revenu et je me retrouvais seul, dans le noir pendant un court instant avant de me réveiller, allongé dans ce même coin reculé de l'école. Nagi s'était assis à côté de moi, ses doigts effleurant mon poignet afin de m'assurer que mon cœur battait encore. Il observait mes moindres faits et gestes, cherchant pour un quelconque signe de vie de ma part, aussi futile soit-il.

Au moment où il vit mes yeux se réouvrir, il retira son doigt de mon poignet, et pris une grande inspiration, probablement soulagé de voir qu'au moins, j'étais encore en vie.

- Refais plus ça, je sais pas m'occuper des autres en général, encore moins pendant des crises venant de nulle part.

Je me relève difficilement. J'ai mal un peu partout mais c'est supportable.

- Je contrôle pas tout ça, qu'est-ce que tu crois?

- Je sais, je savais pas quoi te dire.

J'arrive pas à comprendre si il blague ou si il est sérieux, tant pis, ce n'est pas ce qui importe. Ce qui est important c'est que cet évènement reste secret: Un secret qui ne sort de sa bouche sous aucun prétexte.

- Ce qui vient de se passer, ça reste entre toi et moi, compris?

- Ouais, c'est pas comme si j'allais m'amuser à dire à tout le monde que monsieur parfait fait des crises d'angoisse sorties de nulle part. Il lança en regardant devant lui, fixant le vide.

C'est parti, il m'énerve à nouveau. Je déteste ce surnom à un point que je n'aurais jamais imaginé 'monsieur parfait'. Quel surnom de merde, ça me donnerait presque l'impression d'avoir la vie facile. C'est une définition parfaite du mensonge que j'entretient, ce mensonge qui me tue un peu plus chaque jour.

- Arrête de m'appeler, monsieur parfait.

- Ouais c'est bon, je blaguais juste.

- Une blague, c'est censé être drôle.

Ce type me tape sur le haricot, pourquoi mon cerveau a-t-il développé une sorte d'obsession sur lui? Parmi tous les élèves de Lycée, c'est tombé sur celui qui m'énerve le plus.

- Pardon, c'était pas le but.

Son ton, indifférent, surplombe cette discussion, mais a-t-il seulement déjà ressenti d'autres émotions?

Un blanc s'installe entre nous avant qu'il prenne la parole à nouveau

- ...Pourquoi t'es revenu? t'étais énervé contre moi, et ça, deux fois en plus. Je pensais que t'allais plus plus jamais m'adresser la parole et te voilà en pleine récréation à me prendre le bras pour m'emmener dans un endroit désert sans aucune justification.

Je ne sais pas quoi lui répondre. J'ai pas trouvé de motif pour l'avoir emmené ici aucun qui tient la route.

- Laisse tomber, de toute façon on doit retourner en classe maintenant, on va être en retard.

- Ça a déjà sonné depuis un moment tu sais? mais comme tu t'es évanoui, j'pense pas que t'ai entendu.

- Sérieux ?! pourquoi tu me l'as pas dit avant ?

J'ai déjà été en retard avant-hier, et ça s'est très mal passé. Je ne peux pas me permettre d'être en retard à nouveau, enfin, que je le veuille ou non, c'est déja foutu, autant essayer de limiter les dégâts le plus possible — Pour ça, je me relève rapidement et me prépare à courir dans ma salle de classe. En espérant que le professeur ne soit pas trop regardant sur mon arrivée tardive.

- Attends. Lança le garçon aux cheveux blancs, me faisant me stopper net dans ma course pour me tourner vers lui.

- Quoi?

- Je garderai pour moi ce qu'il vient de se passer à une condition.

Je le savais, lui aussi, il est comme les autres: quelqu'un qui agit par intérêt, il va utiliser mes faiblesses à son avantage. Je sais que je ne pouvais pas me permettre de montrer ma véritable façade à personne, mais malheureusement, il a vu ce que je ressentais vraiment et il va l'utiliser contre moi. Qu'est-ce qu'il veut en échange de son silence? de l'argent, de la protection, de la notoriété? j'espère qu'il ne va pas faire de cette année en enfer, qui sait jusqu'où ce type est capable d'aller.

- Je t'écoute?

- Viens chez moi demain.

Hein? Qu'est-ce que... c'est quoi cette condition ?

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Pour faire une réécriture, y'a tellement de choses à prendre en compte comme: savoir si les phrases ont du sens, si Nagi a l'air assez mystérieux pour faire planer l'intrigue, et surtout,
LE PLUS CHIANT: la concordance des temps...

J'sais pas si l'imparfait se marie bien avec ton vieux subjonctif imparfait des temps anciens

Invisible(s)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant