Chapitre 8

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- Comment tu fais pour rester si calme?

Ses sourcils se froncèrent, il se retourna pour se mettre au dos à moi. J'ai l'impression qu'il fait exprès de m'ignorer, c'est vraiment un enfant jusqu'au bout...

- Pourquoi tu m'ignores? Arrête de faire semblant de pas m'avoir entendu.

Toujours rien, il remet son cactus dans son pot et il le replace sur le rebord de la fenêtre en lui parlant, me mettant volontairement sur le côté, à croire que c'est moi le cactus maintenant.
Je lui pris les épaules et retourna de force dans le but d'obtenir les réponses que j'espérai. Ses yeux ont vite fait d'éviter les miens le plus possible, et je comprends que ce n'est pas pour me bouder ou autre qu'il ne me répond pas, mais plutôt par honte ou quelque chose du genre.
Je compris alors que ce fut mieux pour nous deux que je laisse tomber cette question, de toute façon c'est pas mon problème, ce n'est pas comme si j'allais forcer autant pour savoir des choses sur quelqu'un que je ne reverrai plus après cette soirée.

- Oublie ça, dis moi juste où est la trousse de soins.

- Dans la salle de bain.

Je me dirigeai lentement vers la salle de bain, arpentant le long des couloirs dans le but de trouver le chemin exact qui pourrait me conduire à celle ci. En entrouvrant plusieurs portes je finis enfin par trouver cette fichue salle de bain, qui m'accueillit immédiatement en me lançant mon reflet du miroir en plein dans les yeux, je figeai un moment —

C'est comme si je réalisais à cet instant que nos rôles s'étaient inversés, dorénavant je jouais le curieux et lui le décontenancé.

On était peut être pas si différents l'un de l'autre.

Cette réflexion me fit me regarder d'un tout autre œil: en l'espace d'un instant, je ne me voyais plus moi, mais quelqu'un d'autre. C'est pendant cet instant que mes yeux se posèrent sur une boîte de pilules près de lavabo, je les pris dans ma main et les examinai.
'Somnifères' était inscrit sur la petite boîte orange et triste — mon regard ne pouvait se détacher d'elles.

On était pas si différents.

Je relevai les yeux afin de revoir mon reflet une dernière fois avant de reposer la boîte de pilules là ou je l'avais trouvé. J'ai pris la trousse de soin sur l'étagère au dessus du miroir avant de revenir vers Nagi, qui était toujours planté là, à regarder le vide.
Je lui fis signe de s'assoir en face du comptoir de sa cuisine et fis de même.

Je pris sa main dans la mienne et commençai à désinfecter sa plaie, aucune émotion de sa part, ce que je trouve encore plus étrange, mais ne dis rien. Ça a l'air d'être quelque chose de tabou, quelque chose qu'il garde honteusement pour lui-même.
Une idée vint bousculer toutes les autres dans mon esprit, j'essayai de l'oublier et de me concentrer sur le soin de ses épines plantées le plus vite possible, en vain, cette hypothèse que je me devais de vérifier a fait naître une pulsion qui m'a forcé à inspecter ses bras.

- Nagi, je sais qu'on se connaît pas et que, certes, je suis pas le plus intéressé par ta vie mais ça veut pas dire que je suis totalement dénué d'empathie.

- Je ne l'ai jamais fait.

Sa réponse était froide, mais elle semblait sincère. Mon regard s'adoucît, quelque part j'étais soulagé qu'il n'avait pas à affronter ce genre de problèmes, je levai les yeux vers les siens, arborant un léger sourire sincère sur mes lèvres, tout en continuant de m'occuper de sa plaie.

- Au pire, on s'en fiche. Garde le secret.

Je finis de soigner la plaie en déposant un fin bandage sur sa paume — la scène s'est déroulée dans le silence le plus total, même si j'étais concentré sur mes mouvements afin de le gêner le moins possible, je pouvais sentir quelques regards de temps à autres tournés vers moi. Peut être que les mots que j'avais prononcés plus tôt avaient suscité quelque chose chez lui... Au moins, il ne semblait pas si indifférent par rapport à d'habitude.

Je me levai enfin, fier de mon acte. Je pris le temps de ranger la trousse mais la laissa sur le comptoir, par respect pour lui: il ne voulait peut être pas que j'aille à nouveau explorer sa maison et ses couloirs ou aller me regarder dans son miroir en me faisant toutes sortes de réflexions.

Il releva la tête comme si rien ne venait de se passer. Ce mec a vraiment quelque chose qui ne tourne pas rond, ses changements d'états soudains me font passer par toutes mes émotions. Mais bon, rien de tout cela n'importait

Après cette escapade, je n'allais jamais le revoir.

Nagi retourna dans le salon et alluma la télé. Il se retourna vers moi.

- Ça te dit une partie de jeu vidéo ?

Il alluma sa PS4 et démarra un jeu de foot.
Il a aussi une console de jeux? J'ai pas le droit à ses futilités chez moi car apparemment ça me ne ferait que de me déconcentrer et de m'éloigner de mes réels objectifs. Ses objectifs qui m'ont bien sûr, été imposé par mes très chers parents.

Nagi me sorti à nouveau de mes pensées en me donnant une manette, et en me faisant signe de venir m'assoir sur le canapé. Je n'ai jamais joué au jeux vidéos avant. Alors je ne fais que perdre. Je ne sais même pas à quoi servent tous ces boutons, il a du partir du principe que je m'y connaissais comme lui.

- C'est vraiment simple de gagner contre toi

Le score affichait 12-0, quelque part, même si je n'avais jamais joué auparavant, mon égo en pris un coup, c'était frustrant de perdre contre monsieur indifférence.

- Peut-être parce que j'ai jamais joué à ce jeu.

- T'as pas de console chez toi?

- Si, mais j'y joue rarement.

Bien sûr, c'est un mensonge, je ne vais pas lui dire que ma vie est un travail constant et qu'a aucun moment je ne peux m'amuser, c'est seulement le travail, du matin au soir et aucun congé, que je sois malade ou même dans une énorme fatigue à cause de la pression constante sur mes épaules qui me tue petit à petit, alors je n'ai aucun échappatoire je n'ai jamais de repos et je n'en aurais jamais, c'est la dure vie dans laquelle je suis né, la vie de l'enfant riche.

- On fera des parties quand tu reviendras chez moi la prochaine fois.

Mais de quoi il parle? Je n'ai jamais eu l'intention de le revoir, normalement je suis uniquement là pour qu'il n'ébruite pas mes faiblesses. J'suis pas là pour devenir son ami à la base.

- De quelle prochaine fois tu parles ?

- Ah parce que tu crois que ma seule condition pour que je te garde ton petit secret c'est que tu viennes chez moi une fois uniquement? Je pense que t'as pas vraiment compris, maintenant tu vas m'avoir sur ton dos tous les jours que tu le veuilles ou non.

C'est pas vrai... Je me disais bien que c'était trop facile.

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Le saviez-vous?

Faire des fautes VOLONTAIRES de français est une figure de style. Ça s'appelle l'Enallage.

Ex: Je suis Colère.
(On est censé dire je suis EN colère -> on a supprimé 'en')
Ou Il revient demain
(Au lieu de il reviendra demain -> changement de temps)

J'vais tout niquer à mon bac de français.

Merci d'avoir lu!

Invisible(s)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant