Les jours passèrent. Je n'étais plus autant au centre de l'attention comme avant, ce qui prouvait que j'avais réussi à m'intégrer. J'étais toujours amie avec Robin, Angèle, Constance, et Noëlie. On mangeait ensemble le midi. Je n'avais pas réussi à faire venir les sœurs Fernandez et Aguilera à notre table, mais je ne désespérais pas.
Mon amitié avec Eleanor continuait, elle aussi, et se renforçait même, cours d'espagnol après cours d'espagnol. Je voyais bien les regards que mes amis me lançaient chaque fois que je la saluais dans les couloirs, mais je m'en fichais. Ils n'avaient pas leur mot à dire dans cette histoire.
Je crois bien que les sœurs d'Eleanor étaient étonnées, elles aussi, de notre récente amitié. Une fois de plus, je me désolai devant la faculté qu'avait ce lycée à être aussi étriqué d'esprit. Elles étaient habillées en noir, et alors ? Ce n'était pas pour autant qu'elles étaient dangereuses !
Quelques fois, Eleanor était venue chez nous pour qu'on fasse nos devoirs ensemble, mais elle ne semblait jamais très à l'aise, et je n'arrivais pas à savoir d'où venait le problème.
Nous arrivions à la mi-mars quand, un midi, les cinq filles me proposèrent de m'asseoir à leur table. J'étais à la fois surprise et contente, et j'acceptai, évidemment.
Eleanor me présenta les filles. Alizée était la plus grande de ses sœurs, puis venait Suzanne, l'aînée des Aguilera, Mégane, et enfin Cassandre.
Elles se ressemblaient toutes beaucoup : grandes, minces, de longs cheveux bruns qui leur tombaient au milieu du dos, et évidemment très belles. La différence la plus notable venait de leurs yeux. Eleanor avait les yeux couleur or, ceux d'Alizée étaient bleus, Mégane, verts, Suzanne les avait gris et Cassandre, d'un brun tirant sur le rouge.
Le repas se passa bien, les filles me posant plein de questions sur les États-Unis, mes amis, la gymnastique, et je leur répondais en posant presque autant de questions qu'elles cinq. Je sentais bien les regards des gens dans mon dos, mais je m'y étais habituée.
A la fin du repas, Eleanor me prit à part :
— Summer, c'est mon anniversaire mercredi, ça te dirait de venir passer l'après-midi chez moi ?
— Carrément ! j'ai répondu avec un grand sourire. Ça serait génial !
Le mercredi suivant, je toquai à la porte d'une grande maison en bordure de la ville, juste devant la lisière de la forêt. C'était une jolie maison, décorée avec quelques guirlandes pour l'anniversaire de mon amie. La mère d'Eleanor vint m'ouvrir.
— Bonjour Summer ! Comment vas-tu ? Viens, entre.
— Bonjour madame, ça va très bien merci !
Dès que j'entrai, une toute petite fille me sauta dessus.
— Bonjour Summer !
— Bonjour, répondit-je en étouffant un petit rire. Tu dois être Zélie !
Elle hocha la tête, toute excitée, un grand sourire aux lèvre.
— Zélie, laisse-la entrer ! Salut Summer ! me salua Eleanor en prenant la fillette dans ses bras.
— Salut ! Joyeux anniversaire ! lui dit-je en lui tendant l'énorme paquet que j'avais dans les bras.
— Whaouh, t'étais pas obligée tu sais !
— Mais si, ça me fait plaisir !
Elle m'invita à aller dans sa chambre en attendant le goûter. En montant, je remarquai combien leur maison était chaleureuse, tout le contraire de ce que j'avais pu voir au lycée.
En entrant dans sa chambre, je marquai un temps d'arrêt. C'était magnifique. Il y avait d'énormes bibliothèques, pleines à craquer de livres de toutes sortes, des plantes dans tous les coins, des grandes, des petites, de toutes les couleurs. Un lit en bois sombre et un grand piano occupaient le centre de la pièce. C'était la chambre de rêve.
— Tu sais jouer du piano ? demandai-je en avisant l'instrument.
— Un peu. Tu veux écouter ?
— Carrément !
Elle s'assit et commença à jouer. Il ne me fallut que quelques secondes pour reconnaître le morceau : c'était Daylight par Taylor Swift, ma chanson préférée. Elle fit durer l'introduction puis se mit à chanter. Sa voix était magnifique, claire et puissante. Je restai immobile bien après que la note ait résonné.
— Whaouh...
C'était tout ce que je trouvais à dire. Eleanor sourit.
— J'en conclus que tu as aimé ?
— C'était... magique. Tu as choisit la chanson au hasard ?
— Non. J'avais remarqué que tu l'avais souvent mise avant que j'arrive chez toi, quand on fait nos devoirs ensemble.
— Ah... Merci.
Elle rit.
— Plutôt que de rester là bouche-bée, ça te dirait de venir prendre le goûter ? Ma tante Camila a fait un gâteau.
— Ta tante ?
— Oui, la mère de Suzanne et Cassandra. On est cousines.
— Oh, d'accord. Je l'ignorais.
On descendit dans la salle à manger. Tout le monde était assis autour d'une immense table en bois. Les plus grandes que je connaissait me saluèrent, et les deux autres petites filles, Louane et Ambre, m'adressèrent un sourire timide. Je leur offrit un grand sourire en retour, et Eleanor et moi nous assîmes côte à côte.
Le gâteau, une charlotte aux fraises, était absolument trop bon. J'offrai ensuite ses cadeaux à Eleanor, et elle en parut ravie. Je lui avait offert un cardigan en laine sombre, un collier avec un petit cœur en pendentif, des exemplaires de trois de mes romans préférés, un joli foulard rouge, et des bracelets d'amitié.
Après le goûter, les filles me conduisirent dehors, dans la forêt. Toutes les enfants étaient venues, et je sentais la tension augmenter au fur et à mesure que nous marchions, mais je ne savais pas pourquoi. Au contraire, cela m'intriguait de plus en plus. Qu'est-ce qui pouvait être si secret qu'elles ne me pouvaient pas me l'avouer dans la maison ? Je me creusais la tête, élaborant des théories toutes plus bizarres que la précédente.
Enfin, on arriva dans une clairière. C'était super beau. l'espace était parfaitement dégagé, et de magnifiques fleurs de toutes les couleurs poussaient un peu partout.
— Trop beau, je soufflai, ahurie.
— Ça c'est bien vrai, s'exclama Louane, avant d'entraîner Zélie pour aller cueillir des fleurs.
Les grandes échangèrent des regards plein de sous-entendus, et une fois de plus, j'échafaudai plein de théories. Il se passait quoi ?
Suzanne finit par se lancer.
— Écoute, Summer, on a quelque chose à te dire.
— Quelque chose d'important, renchérit Mégane.
Rien d'étonnant jusque-là, mais vu l'ambiance, ça commençait à m'inquiéter.
— En fait, repris Suzanne, c'est un secret. Que tu ne révélera à personne. Compris ?
Mon anxiété montait en flèche. J'aquiescai. Ce fut Alizée qui finit :
— Nous sommes des sorcières.
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Les sorcières
FantasySummer n'attendait pas grand-chose de son nouveau lycée. Elle va cependant y faire la rencontre de cinq filles étranges, toujours habillées en noir. La rumeur court que ce serait... Des sorcières.