13 - Georges

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  Un mercredi après-midi, alors que j'étais chez Eleanor, on s'est rendues toutes ensemble à la clairière, comme le jour où elles m'avaient tout dit. Il faisait beau et il y avait encore plus de fleurs que la dernière fois que j'étais venue. 

  J'étais en train de discuter avec ma meilleure amie quand, dans un bel ensemble, les filles relevèrent la tête.

  — Quelqu'un arrive de la forêt, me chuchota Eleanor.

  — Comment tu le sais ? lui demandai-je sur le même ton.

  — On a installé des sorts pour nous prévenir, au cas où. Comme ça on pouvait effacer toute trace de magie avant qu'ils ne la voient.

  Un inconnu pénétra soudain dans la clairière. Il était grand et possédait une étrange beauté, comme si ce n'était pas son vrai visage. Il devait avoir dans les vingt ans. Il fit un pas vers nous et nous observa une à une, en s'arrêtant sur moi. Dès qu'il s'approcha, l'air s'emplit d'un parfum amer et suspicieux.

  — Puis-je vous demander de vous présenter ? dit Alizée d'un ton mi-poli, mi-méfiant.

  L'inconnu sursauta, et détacha ses yeux de moi.

  — Bien sûr. Je m'appelle Georges, je suis de passage dans la région. J'ai appris qu'il y avait des sorcières dans le coin, je suppose que c'est vous.

  On a échangé un regard, interloquées. Comment pouvait-il le savoir ?

  — Je le sais parce que je suis un dragon. J'ai la capacité de «sentir» les capacités magiques des gens. D'où le fait que je sais que vous êtes toutes des sorcières.

  Attendez une minute. Je suis incluse dans l'affaire, là ? Les autres devaient le regarder d'une façon étrange aussi, parce qu'il crut bon de préciser :

  — Il semblerait que vous n'étiez pas toutes au courant. Excusez-moi.

  On peut savoir pourquoi il s'exprime comme s'il venait du quinzième siècle, celui-là ? En plus d'avoir un vieux prénom, s'entend.

  — Bon, ravi de vous avoir rencontrées, mesdemoiselles, mais je vais devoir repartir. L'une de vous voudrait-elle par hasard m'indiquer la direction de la ville la plus proche, s'il vous plaît ? Je crois que je me suis égaré.

  Ambre tendit le bras avec un sourire on ne peut naïf et innocent.

  — C'est par là, m'sieur.

  Je suis sûre que s'il avait un chapeau, il l'aurait retiré de sa tête pour nous saluer.

  — Merci beaucoup, j'espère que nous nous reverrons ! s'est exclamé le dragon avant de partir.

  On est resté immobiles pour être sûres qu'il ne pouvait pas nous entendre, et Ambre se retrouva soudain au centre de l'attention.

  — Mais pourquoi t'as fait ça ?

  — Il ne m'inspire pas confiance. Quand il est entré dans la clairière, j'ai eu super mal au crâne. Et je sais d'où ça vient : de la magie. J'avais déjà vu ce bonhomme. Et vous savez quoi ? C'est lui qui m'a enlevée, j'en suis totalement sûre. En plus, vous ne trouvez pas ça louche qu'il arrive dans la clairière juste au moment où on y est ? Il est pas net, ça c'est sûr. 

Les sorcièresOù les histoires vivent. Découvrez maintenant