Les sorcières

7 -La disparition

  Le jeudi matin fut une épreuve. J'avais passé la nuit à réfléchir à propos de la magie et de ce que ça impliquait, et m'étais réveillée en retard et avait failli arriver en retard en classe.

  Je m'assis à côté de Constance qui me jeta un drôle de regard.

  — Bah dis donc, t'as vraiment passé une mauvaise nuit toi. En même temps, ça se comprend. 

  — Hein ? Mais de quoi tu parles ?

  — Je sais que tu es allée chez les sorcières hier.

  Une seconde, j'ai paniqué. Comment est-ce qu'elle pouvait savoir ? Puis je me suis rappelé que c'était la rumeur qui courait sur elles. J'étouffai un ricanement. Et moi qui les prenait pour des idiots ! Ils étaient bien plus proches de la réalité que ce qu'ils soupçonnaient.

  — Tout d'abord, elles ne sont pas sorcières. Ensuite, c'était l'anniversaire d'Eleanor hier, alors je suis effectivement allée chez elle. Et alors ?

  — Tu passes plus de temps avec elles qu'avant. On t'a pourtant prévenue de ne pas trop parler avec des gens comme elle.

  Je me rappelai vaguement le fait qu'ils aient essayé d'aborder le sujet, une ou deux fois, mais cela n'avait jamais abouti.

  — Les gens comme elle ? Ça veut dire quoi, ça ? 

  Constance fit la grimace.

  — Eh bien, les gens... étranges. Comme elle. Je suis sûre qu'elle est dangereuse. 

  Plus que tu ne le crois, pensai-je, amère.

  — Je ne crois pas, la contrai-je. Et je n'arrêterai pas de la fréquenter pour si peu.

  Cette fois, je pouvais franchement sentir sa colère.

  — Très bien. J'ai essayé de te mettre en garde, mais tu n'écoute pas. Tu te débrouilleras toute seule.

  — Est-ce que cela signifie que tu ne veux plus être mon amie ?

  — Exactement.

  Je fulminai, puis me résonnai. Si elle refusait de faire un effort de tolérance, alors elle n'en valait même pas la peine.

  Je passai la matinée à les éviter, eux qui étaient avant mes amis.

  A la cantine, je retrouvai les filles à la table habituelle. Je souris. Eleanor portait le cardigan que je lui avait offert et le foulard rouge, qui allait très bien avec sa tenue, au poignet. Elle me rendit mon sourire et me tira une chaise.

  — Salut. Ça va ?

  — Ça va. Les populaires du lycée ont décidé que je ne valait plus la peine, maintenant que je traîne avec des sorcières, dis-je en désignant la table où Constance mangeait avec ses amies, en faisant semblant de ne pas s'intéresser à nous.

  — S'ils savaient ! 

  — C'est sûr ! m'exclamai-je avant de voir son regard perdu dans le vide, pensant peut-être aux crises d'angoisse qu'avait dû subir Ambre après ses traumatismes. 

  Je me promis alors que je ferais tout pour empêcher le malheur de s'abattre sur cette famille. Elles ne le méritaient pas.  

  — Tes cadeaux te plaisent ? demandai-je, préférant changer de sujet.

  — Beaucoup ! J'ai commencé un des livres, et je l'aime bien.

  La conversation se poursuivit ainsi sur un ton joyeux. A la fin du repas, je saluai les cousines avant de me diriger vers la salle d'espagnol avec Eleanor.

  L'heure de LCE, juste après, fut moins cool. J'étais coincée à côté de Constance, l'ignorant de mon mieux, elle et ses regards furieux. Cette heure passa extrêmement lentement, et quand la sonnerie retentit, je bondis de ma chaise, heureuse d'être enfin libre.

  Je devais faire une drôle de tête en entrant dans la voiture, parce qu'il me jeta un regard inquiet.

  — Tout va bien ma chérie ?

  Je poussai un soupir.

  — Constance a décidé que je n'étais plus son amie, juste parce qu'elle a une mauvaise opinion d'Eleanor. Et avec elle Robin, Noëlie et Angèle.

  — Oh Summer, je suis désolé. 

  — T'inquiète. Ce n'est pas la peine. Eleanor vaut beaucoup plus qu'eux. Ses sœurs aussi.

  — C'est cool que tu aies des amies sur qui compter.

  — C'est sûr.

  Une fois arrivée à la maison, je me posai tranquillement, et fis mes devoirs. Quel ennui. Soudain, mon portable sonna. C'était Eleanor. Je décrochai.

  — Summer, j'ai besoin de toi !

  — Quoi ?! Qu'est-ce qui ce passe ?

  —  C'est Ambre... Elle a disparu.