La voiture en face de la sienne fonça droit dans le mur qui se fissura sous le choc, les débris encombraient une partie du carrefour. Le chauffeur jeta un regard à M.Robbins dans son rétroviseur avant d'ouvrir la bouche.
- Je crois que l'on va avoir un peu de retard monsieur Robbins, annonça t-il.
- Combien ? demanda sèchement le passager, ses yeux agacés rivés vers le lieu de l'accident où les voitures, congestionnées dans le carrefour, commençaient à klaxonner, impatientes.
- Vu l'bazard je dirais que l'on en a pour une bonne demi-heure voir plus, le temps que la dépanneuse arrive, que l'on retire les décombres de la route et tout le reste.
- Et merde ! jura M.Robbins entre ses dents le regard fixé sur le cadran doré sa montre qui valait une petite fortune, je suis déjà en retard, je devais conclure un accord avec une entreprise pour un partenariat il y a déjà 5 minutes ! Ne pouvez-vous pas faire quelque chose ?
- Je suis désolé m'sieur, je ne peux rien faire, tout est bloqué... lui expliqua le chauffeur, en passant nerveusement ses doigts sur sa moustache brune et bien taillée qui lui donnait un côté un peu rétro. Soudain les voitures en face d'eux furent violemment projetées dans les airs avant de s'écraser lourdement sur le sol, les vitres se brisèrent sous le choc et leurs alarmes se déclenchèrent dans une cacophonie.
- C'est quoi ce bordel ? demanda M.Robbins intrigué par le bruit qui n'avait cependant pas réussi à lui faire sortir la tête de ses dossiers.
Alors la terre commença à gronder, comprenant enfin qu'il y avait un problème M.Robbins regarda par la fenêtre, alarmé. Sa mâchoire se décrocha, devant lui la terre commençait à se soulever, broyant et ensevelissant tout ce qui se trouvait sur son passage et se dirigeait droit sur eux. Il se redressa brusquement, saisit son chauffeur qui ne démarrait pas par l'épaule et le secoua sans délicatesse mais celui-ci ne réagissait pas, comme paralysé d'effroi devant la scène chaotique qui se déroulait sous ses yeux. Les passants couraient dans tous les sens, impuissants, avant de se faire écraser sous la masse impressionnante de terre. Les voitures, elles, roulaient partout, oubliant toutes règles de sécurité routière pour échapper à ce monticule informe, percutant tous fuyards se trouvant sur son passage.
- Il faut qu'on bouge ! s'égosilla M.Robbins, mais le chauffeur ne répondait toujours pas, la "chose" car cela n'avait rien de naturel, se rapprochait de leur voiture à une vitesse vertigineuse.
M.Robbins secoua plus énergiquement son chauffeur, le visage luisant de sueur.
- Allez, démarre ! A ce dernier mot, sa voix partie dans les aigus, la gorge serrée par la peur. Le chauffeur sortit enfin de sa torpeur, braqua le volant, écrasa la pédale d'accélérateur et rejoignit la file voisine en faisant gronder le moteur. Il érafla une bonne partie de la voiture sur une autre qui avait été laissée là. Un second véhicule arriva à contre sens, le chauffeur donna un violent coup de volant pour l'éviter, M.Robbins fut projeté contre la vitre, se fendit la lèvre et s'ouvrit le front, laissant une trace sanglante. Son chauffeur monta sur le trottoir, autour c'était la panique, les gens abandonnaient leur véhicules dans la précipitation et de nombreuses voitures avaient pris feu ou étaient retournées. Leur taxi arriva au milieu du carrefour mais soudain un semi-remorque surgit de nul part, leur voiture s'arrêta net, elle avait calé, le chauffeur moustachu essayait vainement de redémarrer, mais celle-ci semblait contrôlée par quelqu'un d'autre. La sueur perlait sur son front et ses mains tremblaient convulsivement. Voyant que cela ne servait à rien, les deux hommes voulurent sortir de la voiture mais ils en n'eurent pas le temps, le camion les heurta de plein fouet. M.Robbins ne vit pas grand chose, il fut projeté dans tous les sens, ses mains cherchant désespérément de quoi s'accrocher. Sa tête heurta une seconde fois la vitre mais cette fois ci l'impact fut plus violent et il perdit connaissance. Lorsqu'il retrouva ses esprits quelques secondes plus tard, il se trouvait à l'envers, retenu par sa ceinture. Il jeta un coup d'œil à son chauffeur qui pendait mollement, son sang gouttait de sa tête et tombait parressensement en une flaque de sang qui commençait à s'étendre. Il était mort.
M.Robbins se détacha avec difficulté et rampa hors de la voiture, se traînant sur ses avant bras, rampant, presque hystérique. Il gémit de douleur lorsque des morceaux de verre vinrent se planter dans sa peau et entaillèrent ses mains lisses de bureaucrate. Il essaya de se relever mais la tête lui tourna et il tomba à la renverse, incapable de se relever. Il était tombé face au pare-brise, il aperçut à travers les reflets du chaos qui se trouvait derrière lui le visage défiguré de son chauffeur. Ce qui lui fit rendre le peu de ce qu'il avait mangé le matin même. Une nouvelle vague de panique arriva, il chercha des yeux ce qui pouvait bien provoquer ce mouvement, et le regretta presque instantanément. C'était un homme vêtu de noir. Il portait un long manteau couronné d'un capuchon qui cachait son visage dans l'ombre, les pans ouverts de son manteau laissaient distinguer le baudrier remplit de poignards qui ornait son torse. Quelque chose de glacial émanait de lui et les ténèbres semblaient s'enrouler autour de sa silhouette. La faucheuse semblait avoir été créée à son image. A chacuns de ses pas on pouvait distinguer ses jambes élancées sérrées dans un pantalon noir, cette apparission avait quelque chose de surnaturel, d'inhumain. Cet homme était calme et effrayant, il regardait le chaos autour de lui mais ce spectacle horrible dont il était l'auteur ne sembla pas lui faire le moindre effet, il n'avait pas trouvé ce qu'il cherchait. Il passa près de M.Robbins qui essayait de masquer sa respiration avec ses mains, se faisant le plus petit possible afin de ne pas attirer son attention. Malgré tous ces efforts, l'homme l'entendit. Seul survivant de cette zone maintenant déserte. Il tourna brusquement son capuchon vers lui. Robbins ne pouvait plus bouger, pétrifié par la peur, il aurait voulu disparaître. Cela ne pouvait être qu'un cauchemar ! L'homme le saisit par le cou et le souleva du sol avec une aisance déstabilisante. M.Robbins en eut le souffle coupé, il ouvrit et ferma la bouche comme un poisson hors de l'eau, tentant d'aspirer un peu d'air. Son regard fuyait le visage de cet homme, il savait que si il le regarderait ce serait la fin, son instinct le plus animal le lui soufflait. Il était terrorisé, pris dans quelque chose qui le dépassait. Une voix masculine et étrangement sensuelle sortie du capuchon.
- Où est-elle ?
Le bureaucrate ne comprit pas ce dont il parlait, il l'entendait à peine à travers les bruits de ses suffocations. Il jeta un vif regard à l'intérieur du capuchon et aperçut un éclat doré.
- Où est-elle ! s'impatienta l'homme.
- Je...sais...pas... essaya d'articuler M.Robbins, qui virait au violet.
N'ayant pas obtenu de réponse satisfaisante, il lâcha brutalement le pauvre homme sur le sol, qui tomba à quatre pattes, se tenant la gorge, à bout de souffle. Ce n'est qu'après quelques secondes qu'il comprit la question, mais c'était trop tard, l'homme lui tourna le dos et d'un geste de la main, lui rompit le cou.
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Léna Dunter
FantastikEt si la magie existait depuis toujours mais se révélait nocive pour une partie de l'humanité ? Léna découvre, après l'un de ses énièmes déménagements, l'existence d'une puissance toxique pour la majorité des humains : l'Arcane. À peine âgée de 18 a...