Chapitre 15 - Un semblant de vie normale

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Dix jours plus tard

Je n'ai jamais autant hésité avant d'entrer dans la confiserie. Pourtant, j'y viens depuis aussi longtemps que je m'en souvienne. La main sur la poignée, je fixe le panneau lumineux signalant que la boutique est ouverte. Est-ce que je dois y entrer... ? Robin m'a toujours traité comme si j'étais son enfant. Mais, en même temps, il a toujours gardé une certaine distance quand il s'agissait de prendre une décision à mon sujet. J'ai toujours mes deux parents alors, non, il n'avait pas forcément à intervenir...

Et, encore aujourd'hui, il ne s'est pas vraiment mêlé de toute cette histoire. Il n'a pas non plus changé de comportement avec moi. Alors, je ne devrais pas autant m'inquiéter... Mais, une petite voix en moi me murmure que nous ne sommes pas à la maison. Je ne vais pas voir mon beau-père, je m'apprête à déposer mon CV auprès d'un potentiel employeur... Et, s'il n'a pas confiance en la personne que je suis, il n'acceptera peut-être pas de m'embaucher.

À travers la vitrine, mon regard croise le sien, me faisant prendre une grande inspiration. Je ne peux plus faire marche arrière, ce serait complètement ridicule... Prenant mon courage à demain, je baisse la poignée et pousse la porte. Très vite, l'odeur des sucreries me parvient, m'apaisant comme elle a toujours su le faire.

- « Bonjour, Fiston, sourit Robin. Tu tombes à pic. Je dois aller récupérer un colis, au bout de la rue. Tu peux rester quelques minutes et gérer la caisse ?

- Euh... Oh ! J-Je... Oui ? Enfin, oui. Oui, bien sûr...

- Merci, mon grand. Va poser tes affaires derrière et attrape un tablier. »

Je hoche la tête, l'informant que je fais au plus vite. Connaissant parfaitement les lieux, je me dirige vers l'arrière-boutique, où se trouve un vestiaire. Pendant que j'étais au lycée, je venais parfois travailler avec Robin alors, je n'ai aucun mal à trouver un tablier à rayures bleues et vertes. Un élastique autour du poignet, je retourne près de mon beau-père. Tout en attachant mes cheveux, je l'écoute m'informer qu'il n'y a plus de petits sachets. Il doit justement aller chercher le colis qui a été livré dans une boutique voisine.

Au moment où il quitte la confiserie, une vieille dame entre, main dans la main avec une petite fille. Je les salue poliment, avant de leur expliquer notre fonctionnement. Elles prennent près de cinq minutes pour faire leur choix et, après avoir rassemblé les bonbons dans un sachet moyen et les biscuits dans une boîte, nous nous dirigeons vers la caisse.

- « Voici votre ticket, souris-je. Et toi, jolie demoiselle, tu peux prendre un ou deux bonbons dans cette boîte.

- Qu'est-ce qu'on dit, Lou ?

- Merci, Monsieur ! Murmure timidement la petite fille, un bonbon dans chaque main. »

Les clientes quittent la confiserie et je me retrouve seul. Lou. Un petit sourire se dessine sur mes lèvres. Sourire qui s'efface assez rapidement... Depuis plus d'une semaine, je n'ai pas eu de nouvelles de mon mari. Ni lui, ni moi n'avons écrit. Normalement, il devait me contacter après son rendez-vous avec Maître Sarpu mais... Soit il m'a oublié, soit il n'a rien appris de plus. Quoi qu'il en soit, j'ai pris la décision de ne pas le contacter. Il a sa propre vie et, même si nous sommes mariés, je n'ai pas à m'y immiscer.

La porte de la boutique s'ouvre, me faisant sursauter. Robin entre, un gros carton entre les mains. Je m'empresse de contourner les vitrines de bonbons pour aller le rejoindre. Sans hésiter, je lui prends le colis et me dirige vers la réserve pour le déposer.

- « Merci, Harry, entendis-je, dans mon dos. Je te laisse l'ouvrir et me ramener deux paquets ?

- Oui, pas de problème. »

Regarde-moi, épouse-moiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant