Chapitre 1

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(TW: langage cru, scène d'attouchement)

Il faisait anormalement froid pour ce mois de septembre. Assise du côté des fenêtres, je regardais la campagne défiler. À un arrêt, je descendrais du métro et je me gelerais dehors pendant vingt minutes avant d'atteindre le "Night'Shot", l'un des pubs de Soho où je passais mes soirées derrière un comptoir, alors qu'il représentait tout ce que je détestais : ivrogne pervers, fumeur,  et mon patron. Je détestais ce travail, mais comme ma mère l'avait fait pour moi pendant très longtemps, il fallait que je subvienne à mes besoins.

Je remontais Broadwick Street et poussais la porte du bar. Un long comptoir, presque aussi long que la pièce, se trouvait à gauche, tandis que de l'autre côté, de nombreuses tables étaient disposées où des parties de cartes se jouaient bien arrosées. Je sortis de la pièce principale pour me rendre dans l'espace réservé au personnel où je me changeais pour adopter la tenue des employés : un bustier noir à fines bretelles et une minijupe. En me regardant dans la glace, je me fis la remarque une énième fois que mon boss voulait certainement nous voir nous faire reluquer. J'attachai mes longs cheveux auburn en une queue-de-cheval haute et épinglai mon badge avec mon prénom inscrit dessus, lorsque je sentis une main se poser sur mes fesses.

- Lâche-moi, Patrick, sifflais-je, agacée, à mon boss.

- Sarah, je t'avais pourtant dit de ne pas m'appeler Patrick, me dit-il en collant son corps contre le mien.

- Je ne suis pas d'humeur ce soir sérieusement, insistais-je en tentant de me dégager. Patrick fit claquer sa main sur mes fesses.

- Chérie, susurra-t-il d'une manière qui me glaça le sang, je ne t'ai pas demandé si tu avais envie, donc tu vas me faire le plaisir de me dire bonsoir convenablement, dit-il en serrant sa main sur mes fesses. Tentant de maîtriser le rouge qui me montait aux joues, je me tournai vers mon boss. Ma paye allait bientôt tomber et je ne pouvais pas me permettre d'énerver Patrick ce soir vu l'état de mes finances.

- Bonsoir, oncle Path, murmurai-je d'une voix aussi mélodieuse que possible. Patrick posa ses mains sur le mur derrière moi, se rapprochant encore de moi et me forçant à me coller au mur.

- Tu vois quand tu veux. Oh, et si ton loyer augmente, n'oublie pas de demander de l'aide à ton oncle Path, me dit-il en passant sa langue fourchue sur ses lèvres. J'eus envie de vomir.

- Merci, oncle Path, répondis-je simplement en me dégageant finalement.

Je me ruai aux toilettes et vomis dès que j'eus fermé la porte de la petite cabine. Autant j'avais besoin d'argent, mon corps n'était cependant pas à vendre, surtout pas pour mon patron. Une fois que mon estomac eut fini d'être retourné, je me lavai rapidement les dents avant de regagner le bar, où même si de nombreux clients étaient aussi pervers que Patrick, personne n'oserait me toucher en public.

Il faudrait tout de même qu'un jour, on m'explique le besoin incessant qu'avaient les hommes de devoir posséder des femmes, surtout en se prenant pour un membre de leur famille. En quoi l'idée d'une relation incestueuse était à ce point excitante. Enfin, ma journée était loin d'être finie et je n'avais aucune envie de me repasser cet énième attouchement en tête. Pour effacer les mains baladeuses de Patrick qui me hantaient, je me servis un shot du premier alcool qui se trouvait à portée sur le bar. Si mon service ne venait pas de commencer, j'aurais pu descendre la bouteille. Peu à peu, le pub se vidait des quinquagénaires pour laisser place à une clientèle plus jeune, qui venait se bourrer la gueule avant d'aller en boîte. D'une certaine façon, leurs vies étaient aussi tristes que la mienne.

Circulant entre les tables pour servir les apéritifs de chacun, je sentais des regards insistants sur mon corps. Certaines filles se sentiraient confiantes en portant cet uniforme, pour moi, c'était tout le contraire ; le regard de ces hommes avait le pouvoir de me tétaniser. Je détestais devoir m'habiller comme ça, mais d'après Patrick, cela faisait vendre et j'avais besoin que le bar vende, donc je me pliai aux exigences vestimentaires et aux regards insistants. De toute façon, aussi fort que je le souhaitais, ce n'était pas une gamine d'un mètre cinquante qui aurait pu s'opposer à ces cons.

Laisse moi vivreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant