chapitre 9

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Pov Sarah :

Il y avait une chose à laquelle je ne m'habituerais jamais c'est: annoncer à quelqu'un que sa vie était sur le point de s'écourter.

Après avoir passé ma matinée à parcourir le service de pneumologie du St Thomas Hospital, il ne me restait plus qu'un dossier auquel il fallait que je m'attelle avant de pouvoir prendre ma pause déjeuner. Je m'emparai du dossier et parcourus les derniers résultats d'analyses. Mon cœur rata un battement lorsque je devinai le diagnostic.

Je n'avais beau n'avoir pas fait dix ans d'études, j'avais tout de même appris à distinguer un grand nombre de maladies pulmonaires avec comme appui qu'une image de scanner. Pourtant, à cet instant, je ne me faisais pas confiance. La biopsie du patient annonçait une fibrose pulmonaire, mais son scanner montrait clairement les signes de destruction d'alvéoles pulmonaires, caractéristiques d'un emphysème. Deux maladies plutôt inhabituelles, qui ne venaient qu'en de très rares cas cohabiter au sein d'un même organisme.

Je reposai les quelques feuilles sur le comptoir, en face de la secrétaire médicale, et regardai la fiche de présentation du patient à laquelle je n'avais jusqu'à présent pas prêté attention. Il me suffit de relire la première ligne, avant d'être à nouveau abattue. C'était moi qui avais écrit ces renseignements. C'était le dossier d'Aylan Scott.

- Les documents n'ont pas été mélangés avec toutes les dernières arrivées ? demandai-je à la secrétaire, ne voyant que cette explication pour un tel cas.

L'assistante médicale releva ses yeux bleus vers moi et jeta un coup d'œil aux quelques feuilles éparpillées sur la table.

- Non, affirma-t-elle après avoir entré les informations dans la base de données, tout correspond avec le dossier numérique.

- Alors quelle est la probabilité pour qu'un homme de moins de trente ans soit atteint du syndrome d'emphysème-fibrose pulmonaire ? lâchai-je dans un souffle.

La secrétaire me dévisagea avec la même expression au visage que j'avais dû arborer quelques instants plus tôt. C'est alors que nous nous dévisageâmes incrédules, que le docteur Allen, qui s'occupait du dossier d'Aylan Scott, nous rejoignit.

- Mesdemoiselles, nous salua-t-il avec une lueur prédatrice dans les yeux, alors qu'il nous reluquait sans vergogne.

Une cinquantaine d'années, des cheveux trop gras coiffés en arrière, un sourire arrogant et bien évidemment une bague au doigt. Il représentait l'ensemble des raisons pour lesquelles je détestais les hommes. Pourtant à ce moment, je n'avais même pas le courage de lever mes yeux au ciel, et me contentai de lui tendre les différents papiers concernant son patient. Ses sourcils se froncèrent au fur et à mesure qu'il lut les lignes.

- Il y a erreur, finit-il par conclure quelques minutes plus tard. Vous vous êtes trompées en faisant les dossiers, accusa-t-il la secrétaire.

Celle-ci lui lança un regard brûlant avant de rétorquer : - Si il y a erreur, elle ne vient pas de l'administratif, Dr Allen. Mes dossiers sont toujours impeccablement triés.

Le médecin jaugea la secrétaire d'un œil mauvais avant de se tourner vers moi.

- Alors vous avez forcément foiré cette simple prise de sang, me dit-il.

Je n'avais pas raté cette prise de sang et je le savais parfaitement. J'avais toujours été consciencieuse, dans chaque acte que j'exécutais.

- Aylan Scott est atteint d'un emphysème-fibrose pulmonaire, personne n'a fait d'erreur. La seule question qui demeure, c'est comment c'est possible si jeune.

- Vous avez su diagnostiquer un symptôme d'emphysème-fibrose pulmonaire toute seule ?

Je n'aimais pas le ton paternaliste que le docteur Allen venait d'employer, mais je me contentai d'hausser les épaules.

Laisse moi vivreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant