𝑪𝒂𝒑𝒓𝒊𝒄𝒊𝒆𝒖𝒙 | taekook

.⋅. 𝐂𝐡𝐚𝐩𝐢𝐭𝐫𝐞 𝟏 .⋅.

« Funambule, il marchait dans les airs »

Le bruit des clés qui tintaient emplissait le hall de l'immeuble. Un son métallique, creux et impersonnel qui ravissait pourtant les oreilles de Jungkook. Il lui criait : « tu es arrivé chez toi », et cette sensation l'échauffait doucement. Il aimait son appartement, il s'y sentait comme dans un vrai foyer, et, avec Hoseok à ses côtés, il ne doutait pas du fait qu'il allait passer une bonne soirée.

En ouvrant la porte de son humble demeure, le jeune hôte s'écarta de l'entrée afin de laisser son aîné pénétrer l'entre avant lui. C'est qu'il avait été bien élevé, malgré tout. Le blond fit comme chez lui, déjà habitué à l'environnement. Il n'était pas rare qu'il squatte. Il considérait presque cet endroit comme sa deuxième maison. Lui aussi aimait la chaleur qui se dégageait du domicile.

Après avoir ôté ses chaussures dans le vestibule, Hoseok sautilla jusqu'au canapé, dans lequel il s'avachit lourdement, faisant rigoler le plus jeune.

L'appartement n'était pas très grand, mais y vivre à deux n'était pas difficile : chacun avait son espace privé et il partageait tout le reste, à savoir le séjour, la cuisine et les salles d'eau. L'ensemble était décoré selon les goûts des deux résidents : c'était un véritable champ de bataille, à la manière de la querelle des anciens et des modernes, mais cela les représentait bien. Jungkook, fidèle à lui-même, avait décoré avec soin les espaces « culturels », si tenté qu'on puisse les appeler comme cela. Une grande bibliothèque s'étendait, façonnant le mur principal du séjour, et attirait toute l'attention. Triée par couleurs, mélangeant les livres d'art à la littérature, elle était un tableau à elle seule. Une œuvre d'art bien singulière, alliant le sérieux des études à la légèreté de la jeunesse. En clair, les bandes dessinées japonaises rencontraient sans honte aucune des tomes de la Pléïade dédiée à Michaux et Shakespeare. Une édition reliée de l'œuvre de Nicolas Poussin parvenait même à s'inscrire parfaitement dans ce drôle d'espace. Jungkook aimait mélanger les codes. Pour lui, l'art se caractérisait par sa diversité, et, bien que dans le cadre des études, le classicisme était haut dans son estime, dans la vie quotidienne, il appréciait volontiers des ouvrages plus contemporains, que tout jeune de son âge a déjà lu un jour.

Le canapé en cuir noir était placé juste devant ce mur de papiers, lequel faisait face à une jolie télévision posée sur un meuble blanc. Une console de jeux se tenait fièrement en compagnie de CD divers et variés. De fines étagères supportaient des petits cahiers de notes et de croquis, témoignant des élans créatifs des propriétaires. Les murs étaient d'un blanc cassé doux et mettaient en valeurs les meubles foncés, tels que la table en fer et ses jolis fauteuils bleus.

La cuisine était moderne et fonctionnelle, dans des tons simples et accrocheurs. Il était plaisant de s'y atteler. D'ailleurs, Jungkook aimait beaucoup préparer des petits plats dans cet endroit. Ouverte sur le salon, l'ergonomie spatiale était vraiment agréable. Ce n'était pas bien grand, mais les garçons avaient pris soin de ne pas charger l'endroit en meuble, alors tout semblait être tranquillement à sa place. Jungkook le premier.

Allant lui aussi s'installer sur le canapé, il proposa à Hoseok de jouer un peu avant de se mettre à préparer de quoi manger. Proposition qui ravit le blond, heureux de décompresser encore un peu avec son ami. Ils jouèrent une heure, l'un essayant de prendre le dessus sur l'autre pendant le combat entre leurs deux personnages. Jungkook gagna fièrement trois parties sur quatre, chose qui fit râler gentiment le plus vieux, en bon perdant qu'il était. De toute manière, il n'avait aucun moyen de riposter, le noiraud était bien trop fort pour lui. Cependant, il n'était pas peu fier de l'unique partie qu'il avait remportée - sur un coup de chance miraculeux, certes. Voir Jungkook bouillonner était un spectacle presque grisant tant il était satisfaisant. C'était lui, le mauvais perdant, et sa défaite avait été savourée par le blond qui avait rigolé à gorge déployée.