.⋅.⋅. 𝐂𝐡𝐚𝐩𝐢𝐭𝐫𝐞 𝟏𝟏 .⋅.⋅.

28 3 0
                                    

« Le sublime est un aveu d'impuissance »

Les horloges sont fascinantes.

D'un esthétisme fin et élégant, elles sont d'une majesté absolue. Jungkook pensait même qu'elles étaient dignes de la plus grande admiration. Après tout, elles sont le produit d'un art si précis et raffiné que peu étaient ceux qui osaient se lancer dans un tel artisanat. Il faut être délicat, méthodique. Mais par-dessus tout, la minutie est de rigueur bien plus que dans n'importe quelle discipline.

S'il avait pu, peut-être que Jungkook aurait aimé apprendre l'horlogerie.

Seulement, elles demeuraient un rappel constant. Et cela, c'était ce qui lui plaisait moins.

Le temps filait sur les aiguilles sans que jamais l'on puisse le contrôler. Il y avait ces fois où, telle la plus occupée des entités, il s'enfuyait à la manière de la comète qui errait dans la Voie Lactée, passant au-dessus de chaque existence en une fraction de seconde. Puis, il y avait ces fois, comme celui-ci, où ces branches métalliques se rouillaient, s'encrassaient si bien que l'éternité semblait s'être installée.

Jungkook aimait le temps autant qu'il l'abhorrait. Une ambivalence de laquelle il ne parvenait pas à se dépêtrer. Il aimait le fait de vivre. Il détestait l'idée qu'un jour rien ne serait plus.

Et lorsqu'il regardait la pendule fixement, les secondes devenues interminables, souvent il y pensait.

Souvent, il s'y perdait.

Toujours, cela finissait par l'angoisser.

Quand la musique ne faisait plus d'effet, alors il avait déjà sombré. C'était actuellement le cas. Les notes d'un piano s'élevait dans l'air sans qu'il n'y porte plus la moindre attention.

Il était captivé, captif de cette horloge géométrique. Emprisonné entre les chiffres et les nombres, entre les aiguilles et le cadran, il n'entendait plus rien. Le flux d'élèves dans la cour extérieure ne parvenait même pas à le déranger.

Demain, il partait pour la plage avec ses amis. Là, il attendait la fin du cours magistral que suivait Taehyung. Dans quelques heures, il recevrait un appel de ce café, celui où il avait postulé.

Son temps était séquencé, calculé. Il n'avait pourtant pas le temps de les perdre dans ce temps. Pourquoi pensait-il à la fin du temps alors que ce temps l'emportait tout le temps sans lui laisser le temps ?

Quel sera ce monde dans lequel il ne serait plus ? Que deviendra son monde lorsque les siens ne seront plus ? Regrettera-t-il de laisser le conflit administrer sa vie encore longtemps ? Allait-il mourir dans la colère ? Cela, il ne le voulait vraiment pas.

Le temps finirait-il par le rattraper ?

Jungkook soupira lourdement, rapprochant son genoux de son visage.

Il y a longtemps, il avait prié pour que le temps le rattrape, qu'il le pousse à suivre sa course effrénée. Mais c'est toujours lorsqu'il souhaitait le plus qu'il s'écoule en cascade qu'il devenait aussi calme que l'étang. Des souvenirs resurgirent, comme des éclairs, tellement rapides. et pourtant si intenses. Ces moments-ci avaient, bien au contraire, été d'une lenteur infinie lorsqu'il les avait vécus.

Le temps lui avait beaucoup appris. Le temps lui avait montré l'hypocrisie. La folie, à bien des égards aussi.

Jamais il n'avait souhaité se retrouver en ce temps-ci. Il avait été atrocement long, pénible...

Angoissant.

Trop de pression.

Il ne respirait plus dans ces pièces confinées par les tintements du verre. Il ne pensait même plus tant il était contraint par les rires fallacieux, les sourires acrimonieux.

𝑪𝒂𝒑𝒓𝒊𝒄𝒊𝒆𝒖𝒙 | taekookOù les histoires vivent. Découvrez maintenant