Chapitre 1 : La tombe

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Par une belle journée ensoleillée, un couple et leurs deux enfants pénétrèrent dans leur nouvelle maison.

— Il est cool ce tableau ! commenta le fils âgé de treize ans.

L'objet auquel il faisait allusion était une peinture accrochée au-dessus de la cheminée. Cette œuvre représentait un loup-garou se tenant assis au sommet d'une pile de crânes humains.

— Pas mal, en effet, répondit le père. Pour parler d'autre chose, tu te souviens de ce que je t'ai demandé, Félix ?

— De faire moins de bêtises maintenant que nous avons déménagé ?

— Oui. Est-ce que tu vas m'obéir à ce sujet ?

— Non, répondit Félix.

Adèle, sa petite sœur âgée de onze ans, regarda tout autour d'elle. La maison était déjà meublée, propre et bien entretenue.

— Pourquoi le précédent propriétaire est-il parti ? voulut savoir la mère.

— Attends. C'est noté sur l'un des papiers de la vente, répondit son époux.

Il sortit de sa poche de vieux papiers froissés.

— Il a dû partir en prison après que la police ait découvert qu'il a séquestré et brûlé vifs chez lui des centaines de personnes ces dix dernières années.

— Cool ! commenta Félix.

— Excusez-moi, je me suis trompé de papier, avoua son père. Ce que je viens de vous dire concerne une autre maison que nous avons visité. Ici, c'est simplement parce que le précédent propriétaire a voulu déménager en Corée du Nord.

2

Adèle entra dans la salle de bain. Elle commença à faire couler de l'eau dans la baignoire, puis se déshabilla entièrement. Elle se mit en face d'un grand miroir pour contempler son jeune corps, se demandant si ses seins et ses poils pubiens allaient bientôt commencer à pousser. Elle espérait que non.

Adèle referma le robinet et entra dans la baignoire. Elle commença à se laver. Diverses questions se bousculaient dans sa tête. Se plairait-elle dans sa nouvelle maison ? Comment étaient les voisins ? Ses parents entrèrent dans la salle de bain. Adèle se leva et se tint debout dans la baignoire, face à eux.

— Nous sortons faire des courses, la prévint sa mère. Félix est parti, mais nous ne savons pas où.

Un cri de rage fit sursauter Adèle. Ce cri semblait venir de la maison voisine.

— Attends un peu que je t'attrape sale voyou ! cria quelqu'un dehors.

— Apparemment, Félix est en train de faire connaissance avec le voisinage, en déduisit le père d'Adèle.

Son épouse et lui s'en allèrent, laissant seule leur jeune fille. Celle-ci continua de se laver. Quelques minutes après, alors qu'Adèle s'apprêtait à sortir de la baignoire, une énorme bête fit irruption en brisant la vitre. Cette effrayante créature ressemblait beaucoup à celle peinte sur le tableau au-dessus de la cheminée. Elle bondit en direction d'Adèle, laquelle sauta juste à temps hors de la baignoire pour l'éviter. Le monstre poussa un hurlement terrifiant. Adèle s'enfuit par la fenêtre, se retrouvant ainsi dans le jardin, à l'arrière de la maison. La bête sortit à son tour. Adèle se mit à courir pour lui échapper. Le fond du jardin n'était pas clôturé car il y avait déjà une rivière pour en gêner l'accès. La distance séparant les deux rives opposées n'était cependant pas très importante. Adèle prit donc le risque de sauter par-dessus la rivière. Elle y parvint de justesse et se retrouva alors dans un bois. Se doutant que la terrifiante bête parviendrait sans difficulté à en faire autant, elle se remit à courir.

Adèle fut rapidement trop essoufflée pour continuer à courir. Elle regarda tout autour d'elle et fut soulagée de constater qu'elle était désormais seule. L'horrible bête avait cessé de la poursuivre.

Ne sachant pas où aller, Adèle erra un long moment dans le bois. Elle entendit tout d'un coup une étrange musique celtique. Elle se dirigea vers la source de ce son troublant et découvrit ainsi une vieille pierre tombale fissurée à de nombreux endroits.

Pourquoi y a-t-il une tombe toute seule en plein milieu du bois ? se demanda Adèle.

La musique cessa. Adèle lut l'inscription gravée sur la sépulture :

Ici repose Yellow

Du sang se mit soudain à sortir des fissures et à couler lentement. Horrifiée, Adèle recula. Des lianes jaillirent des arbres et des buissons. Elles s'enroulèrent autours des poignets et des chevilles de la jeune fille, puis la tirèrent dans deux directions opposées. Écartelée, face à une tombe qui saignait, Adèle était de plus en plus terrifiée, et cela ne s'arrangea pas lorsqu'elle sentit quelque chose sortir lentement de son sexe. Elle baissa la tête pour voir de quoi il s'agissait. C'était un serpent. Une fois complètement sorti, il descendit le long de la jambe d'Adèle, laquelle constata alors qu'un second reptile identique commençait à sortir de son sexe.

— Qu'est-ce qui m'arrive ? gémit Adèle.

Le premier serpent rampa vers la pierre tombale. Le second tomba par terre et le rejoignit. Adèle se débattit. Les lianes la relâchèrent. Adèle se remit à courir pour fuir cet endroit cauchemardesque.

La bête de ContiacumOù les histoires vivent. Découvrez maintenant