Chapitre 2

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Un quart d'heure après, Adèle s'était remise à marcher normalement. Elle trouva une passerelle étroite qui enjambait la rivière. Ce petit pont avait été fabriqué avec des barres en fer, lesquelles étaient complètement rouillées. Il n'y avait pas de rambarde. Adèle s'avança lentement sur la passerelle. Une énorme bête surgit d'un buisson. C'était celle qui avait déjà attaqué Adèle, l'obligeant à fuir dans le bois. La bête bondit sur la jeune fille et lui mordit la main. Adèle la repoussa de toutes ses forces et parvint à la faire tomber dans la rivière. La bête ne refit pas surface.

De plus en plus fatiguée, Adèle termina de franchir le pont en titubant. Elle avait l'impression que tout tournait autour d'elle. Sa main lui faisait mal. Elle fit encore quelques pas puis perdit connaissance. Elle tomba sur le ventre, dans l'herbe.

4

Quelqu'un s'approcha d'Adèle, laquelle était toujours inconsciente, et la contempla longuement. La jeune fille finit par se réveiller. Elle se releva et regarda sa main mordue. Celle-ci n'avait plus la moindre trace de morsure.

— Comment est-ce possible ? s'étonna Adèle. Une telle blessure aurait dû mettre du temps pour guérir.

Elle remarqua alors qu'elle n'était pas seule. Une fille un peu plus âgée qu'elle l'observait.

— Qui êtes-vous ? Que me voulez-vous ? voulut savoir Adèle.

— Je me nomme Tiffany. J'habite à Contiacum depuis bientôt treize ans, c'est-à-dire depuis que je suis née. Je voudrais juste savoir pourquoi tu dors toute nue par terre dans les bois. Tu es une sans-abri ?

— Non ! protesta Adèle. Je me suis juste évanouie !

— Tu es du village ?

— Oui. Je viens d'emménager aujourd'hui. Dis, peux-tu m'indiquer par où il faut passer pour sortir de ce bois ?

— Tu t'es perdue ? s'étonna Tiffany. Ce n'est pourtant pas très dur de s'orienter dans ce bois. Il te suffit de continuer tout droit pour retourner au village. Tu y es presque.

Adèle s'en alla sous le regard intrigué de Tiffany.

5

De retour chez elle, Adèle constata que la vitre de la salle de bain était mystérieusement redevenue intacte. Il n'y avait plus aucune trace de l'incident qui s'y était déroulé. Adèle se demandait si elle devait s'en réjouir ou s'en inquiéter. Ses parents rentrèrent peu de temps après elle, quelques heures avant son frère. Elle décida de ne rien raconter de ce qu'elle avait vécu, pensant que personne ne la croirait.

6

Le soir, Adèle décorait sa nouvelle chambre. Elle accrocha au mur un poster de son dessin animé préféré, une photo d'elle en compagnie de son amie Maeve lors de leurs vacances à Montalivet, une gravure représentant un hibou perché sur la pierre tombale dans le bois, un poème de Lacenaire... Adèle s'immobilisa tout d'un coup. D'où venait la gravure ? Elle ne l'avait jamais vu auparavant. Adèle regarda plus attentivement la tombe qui était dessinée. C'était bien la même que celle se trouvant dans le bois. Adèle se déshabilla et s'apprêta à aller se coucher lorsqu'elle entendit ce qui semblait être le hurlement d'un loup. Ce cri terrifiant venait du bois derrière sa maison. Dehors, la nuit était tombée. L'obscurité nocturne que la jeune fille pouvait voir par la fenêtre de sa chambre lui semblait encore plus profonde et inquiétante qu'en temps ordinaire. Son sentiment d'insécurité était accentué par le fait que lorsqu'il fait jour, elle avait vu sur le bois. Elle aurait aimé pouvoir fermer ses volets, mais hélas, sa chambre n'en disposait pas. Un nouvel hurlement de loup retentit au loin. Adèle se coucha dans son lit et sombra dans un sommeil peuplé de cauchemars. À son réveil, la gravure avait disparu.

La bête de ContiacumOù les histoires vivent. Découvrez maintenant