Chapitre 11

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Pas mal de pleines lunes plus tard

25

Adèle se réveilla, nue, dans le bois, comme cela lui arrivait systématiquement après chaque nuit de pleine lune. Elle en avait désormais l'habitude. En se levant, elle remarqua la présence du cadavre d'un homme gisant dans l'herbe. Celui-ci n'avait plus de bras et sa tête ensanglantée avait apparemment été lacérée avec sauvagerie. Il était vraisemblablement la dernière victime d'Adèle sous sa forme de loup-garou, mais il y en avait probablement eu beaucoup d'autres rien qu'au cours des dix derniers mois. Il commença à pleuvoir. Adèle remarqua la présence, un peu plus loin, d'une cabane construite à partir de morceaux de tôle et de grandes plaques en verre. Elle courut s'y abriter. À l'intérieur, il y avait un grand miroir et un calendrier sur lequel des croix avaient été faites au feutre rouge à chaque jour de pleine lune. Il était facile d'en déduire que c'était l'œuvre d'une personne également atteinte de lycanthropie. Adèle se doutait déjà depuis longtemps qu'elle n'était pas le seul loup-garou qui restait dans les environs car elle continuait d'entendre fréquemment des hurlements de loup, y compris les nuits où la lune n'était pas pleine. Adèle vérifia dans le miroir qu'il n'y avait pas de trace de sang de sa dernière victime sur elle. Soudain, des yeux apparurent sur son front, ses joues, ses seins, ses bras et ses jambes. La jeune fille poussa un cri d'effroi. Tous les yeux disparurent aussitôt, sauf les deux dont la présence était normale chez tout être humain.

— À part mes transformations les nuits de pleine lune, il ne m'était pourtant plus rien arriver d'étrange depuis le jour où Tiffany est morte, murmura Adèle en sortant de la cabane. Et cela remonte maintenant à longtemps.

Des tentacules noirs jaillirent du sol et encerclèrent la jeune fille. Ils étaient chacun surmontés d'un globe oculaire. Ils se contorsionnèrent dans tous les sens en se rapprochant de plus en plus de la jeune fille qu'ils examinèrent attentivement. Cette dernière n'osait plus bouger. Les tentacules repartirent en s'enfouissant sous terre. Adèle se mit à courir, voulant sortir du bois le plus vite possible. Le sol se mit à trembler. Adèle faillit perdre l'équilibre et s'arrêta de courir. Un homme apparut tout d'un coup à une vingtaine de mètres devant elle. Il lévitait au-dessus de l'herbe et avait dans le ventre un gros trou d'où sortaient ses intestins. Adèle se retourna et vit qu'il y avait aussi une femme qui s'avançait vers elle. Celle-ci n'avait plus que la moitié droite de sa tête et des asticots sortaient de la joue qui lui restait.

— Le moment est venu, Adèle ! dit-elle.

Une main squelettique jaillit du sol et attrapa la cheville droite d'Adèle. Celle-ci se débattit en vain. Voyant que cela ne servait à rien, elle se baissa et entreprit de déplier un à un les doigts de l'horrible main. Une grande ombre la recouvrit. Elle commença à lever la tête pour voir ce qui en était l'origine, mais n'en eut pas le temps. Quelqu'un ou quelque chose l'assomma par derrière.

La bête de ContiacumOù les histoires vivent. Découvrez maintenant