Chapitre 10

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Adèle reprit connaissance. Elle était à nouveau seule, mais craignait que cela ne dure pas. Elle retourna à l'intérieur du château, espérant y trouver la clef de la grille, puis s'arrêta devant un tableau accroché au mur. Il représentait un loup-garou arrachant le cœur d'un jeune garçon.

— Je ne voulais pas que Tiffany parvienne à ses fins. Tu m'entends maintenant ?

Adèle se retourna et se retrouva face à l'écorché.

— Mon chat vient de manger le corps de Tiffany.

— Il devait avoir un énorme appétit, commenta Adèle.

— Il doit manger des gens atteints de lycanthropie pour que je puisse retrouver mes forces. Et là, il était temps. Un peu plus et je ne pouvais plus faire apparaître que mon squelette. Tenir un seul objet comme le petit couteau avec lequel je t'ai délivrée me demandait une intense concentration tant j'étais affaibli.

L'écorché écarta ses bras.

— Enfin je retrouve ma puissance ! s'exclama-t-il.

Sa peau et ses cheveux repoussèrent. Adèle put alors le reconnaître. C'était le garçon qu'elle avait vu dans le bois un mois plus tôt.

— Qui es-tu ? demanda la jeune fille.

— Yellow. Tu avais vu juste la première fois.

Des vêtements démodés depuis plusieurs décennies apparurent sur le corps du jeune garçon, mais ils disparurent au bout de quelques secondes. Quelques petits bouts de peau disparurent à leur tour.

— Je n'ai toujours pas retrouvé assez de puissance pour faire apparaître plus de dix secondes les habits que je portais à ma mort. Désolé Adèle, mais il faut que mon chat mange une deuxième personne atteinte de lycanthropie. Gribouille, viens chercher ton deuxième repas !

Adèle n'était pas inquiète. Ce n'était pas un simple chat qui arriverait à la dévorer. Gribouille surgit dans la pièce en défonçant la porte. Ce n'était plus un simple chat. Il était devenu démesurément grand, dépassant largement la taille d'un humain adulte. Il avait désormais de grandes lames à l'aspect très tranchant sur ses pattes et son dos. Il tenait dans sa gueule la seule chose qui restait de Tiffany. C'est-à-dire juste la tête. Il la laissa tomber à terre.

— Gribouille, c'est pas un peu ridicule comme nom pour un chat de ce genre ? demanda Adèle tout en se mettant à courir.

Le monstrueux félin s'apprêta à bondir. Adèle prit une chaise et fracassa une vitre avec. L'horrible chat sauta en direction de sa proie. Celle-ci s'échappa par la fenêtre. Gribouille tenta de la suivre, mais il était désormais beaucoup trop volumineux pour passer par la fenêtre.

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Dans le parc du château, Adèle se précipita vers des poubelles qu'elle venait de repérer. Un arbre déplanta ses racines et marcha lentement vers elle. Il perdit toutes ses feuilles en un instant. La jeune fille commença à traîner une poubelle vers la grille. Elle entendit des sifflements. Avec horreur, elle s'aperçut qu'il y avait une multitude de serpents dans la pelouse. Ceux-ci l'observaient avec grand intérêt. L'arbre marcheur continuait d'avancer. Les serpents se mirent à ramper tous en même temps vers Adèle.

— Adèle ! cria Yellow depuis la fenêtre. Je n'y suis pour rien dans ce qui se passe maintenant ! Si tu te fais tuer, surtout, fait en sorte que personne d'autre que mon chat ne mange ton cadavre !

Adèle plaça la poubelle contre la grille et grimpa dessus. L'arbre marcheur tendit ses branches vers elle. La jeune fille commença par se hisser par-dessus la grille. Le couvercle de la poubelle s'ouvrit tout seul, révélant ce qu'il y avait à l'intérieur : un gros tas de serpents d'où dépassait un bras humain qui agitait ses doigts dans tous les sens. Une branche griffa profondément la jambe d'Adèle. La jeune fille bascula par-dessus la grille et se retrouva de l'autre côté, dans la rue. Quelques serpents passèrent entre les barreaux. Terrifiée, Adèle s'enfuit en courant, se demandant quelle pouvait être la cause de ces derniers phénomènes étranges puisque Tiffany était morte et que Yellow affirmait n'y être pour rien.

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De retour chez elle, épuisée, Adèle entra dans sa chambre. Elle eut la mauvaise surprise d'y trouver la tête de Tiffany posée sur son lit. Elle la jeta par la fenêtre.

La bête de ContiacumOù les histoires vivent. Découvrez maintenant