Chapitre 14

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Félix et ses parents entrèrent dans la salle des fêtes du village. À l'intérieur, il y avait déjà beaucoup de monde installé sur des bancs disposés en rangs.

— En passant sur la place, j'ai cru voir la statue du monument aux morts bouger, dit la mère.

Félix est ses parents s'installèrent au dernier rang.

— Dites, je ne veux pas donner l'impression que je me moque, chuchota Félix, mais ce type au premier rang, il n'a pas quelque chose de bizarre à la tête ?

Il faisait allusion à un homme qui avait à l'arrière du crâne un gros trou d'où s'échappait une partie de sa cervelle.

— Et cette femme au troisième rang, c'est une impression ou elle n'a plus de tête ? ajouta Félix.

Ses parents regardèrent la femme en question. Effectivement, il lui manquait sa tête. Et le jeune garçon assis à côté d'elle avait plein d'asticots et de vers qui grouillaient dans ses cheveux, sur sa nuque et ses épaules. Mal à l'aise, la mère de Félix se leva.

— Je reviens, dit-elle. J'ai... oublié mon téléphone dans la voiture.

Elle s'en alla. Un homme aux cheveux blancs fit son apparition sur une estrade au fond de la salle.

— Le maire est enfin arrivé, dit quelqu'un.

Félix était étonné. Il lui semblait pourtant que le maire de Contiacum était une femme. Il remarqua aussi que l'individu sur l'estrade ressemblait trait pour trait à un homme qu'il avait déjà vu sur une vieille photo du conseil municipal datant d'à peu près cinquante ans. Peut-être était-ce deux personnes de la même famille ?

— Merci à tous d'être venu à une heure si tardive assister à cette réunion organisée à la dernière minute, dit le maire présent sur l'estrade. Concernant les morts, sachez que la jeune fille que vous avez cherché toute la journée sur ordre du maître a été trouvée et capturée dès le début des recherches.

— Pourquoi ne nous prévenir que maintenant ? se plaignit l'homme avec un trou à l'arrière du crâne.

— Je n'y peux rien, je viens tous juste d'en être averti, de défendit le maire. Concernant les vivants, vous êtes ici pour faire en sorte qu'Adèle n'ait plus de parents qui puissent signaler sa disparition.

Une partie des villageois sortirent chacun un petit flacon. Ils en burent le contenu.

— Je crois qu'on ferait mieux de déguerpir en vitesse, chuchota Félix à son père.

Félix et son père se levèrent et se dirigèrent vers la sortie. Une partie des villageois se transformèrent en loups garous tandis que les autres disparurent sans laisser de trace. Félix se mit à courir tandis qu'une des horribles bêtes se jeta sur son père, le plaqua au sol et commença à le dévorer, projetant du sang un peu partout. Les autres loups garous se lancèrent à la poursuite du garçon, lequel se précipita dehors. Une voiture s'arrêta devant lui. Sa mère était au volant. Elle ouvrit la vitre.

— Monte vite ! dit-elle. La statue du monument aux morts me tire dessus !

Un tir de fusil pulvérisa le rétroviseur côté passager. Félix se dépêcha de monter dans la voiture.

— Père est mort ! annonça-t-il.

— Ça tombe bien. Je voulais me débarrasser de lui et les procédures de divorce sont vraiment fastidieuses.

La mère de Félix appuya à fond sur l'accélérateur. Les loups garous poursuivirent la voiture, mais furent rapidement distancés.

— Qu'est-ce qu'on fait maintenant ? demanda Félix.

— Quittons cet étrange village et n'y revenons plus jamais, décida sa mère.

La bête de ContiacumOù les histoires vivent. Découvrez maintenant