La bête de Contiacum

Chapitre 3 : La légende

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Quelques jours plus tard, Adèle se promenait dans le village. Elle s'arrêta pour admirer un calvaire situé à une intersection où commençait un chemin de terre.

— Adèle ! l'interpella quelqu'un.

La jeune fille se retourna. Tiffany s'avançait vers elle.

— Qu'est-ce que tu fais là ? voulut savoir Tiffany.

— Je me promène, répondit Adèle.

— Un peu plus loin, il y a un temple protestant. Aujourd'hui, il est exceptionnellement ouvert aux visiteurs car un artiste peintre amateur y expose ses œuvres. Ça te dit de le visiter ?

— Bien sûr !

— Au fait, si tu veux savoir comment je connais ton nom alors que tu ne me l'as pas dit, c'est parce que j'ai rencontré ton frère. J'ai fait sa connaissance alors qu'il tentait d'escalader le toit de ma maison sans la moindre raison.

Adèle sourit. Ce comportement ne l'étonnait pas du tout de la part de Félix.

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Les deux filles entrèrent dans le temple protestant. Sur le mur du fond, quelqu'un avait écrit en gros, au feutre noir :

Félix est passé par ici !

Les deux filles admirèrent les tableaux exposés. L'un d'eux représentait trois écureuils perchés sur la pierre tombale se trouvant dans le bois.

— C'est la tombe que j'ai vu dans le bois, remarqua Adèle. Tiffany, sais-tu pourquoi Yellow a été enterré en plein milieu d'un bois ?

— C'est une légende. Il n'y a pas la moindre tombe dans le bois et Yellow n'a probablement jamais existé.

— Si ! La pierre tombale existe ! Je l'ai déjà vu !

— Tu n'arriveras pas à me le faire croire, répondit Tiffany. De nombreuses personnes l'ont cherché pendant des années sans jamais y parvenir.

— Qui était Yellow ?

— D'après la légende, c'était un habitant du village. Personne ne le connaissait très bien. Un beau jour, il est parti on ne sait où. Il est revenu quelques années après. Selon certaines versions, il était devenu un sorcier s'adonnant à la magie noire. D'autres racontent qu'il était devenu un savant fou se livrant à d'horribles expériences scientifiques dans un laboratoire secret aménagé dans le bois. Toujours est-il que, dès son retour, de nombreux événements étranges se produisirent dans le village. Des cris étranges résonnaient dans la nuit, des gens disparaissaient sans laisser de traces, les murs des maisons se mettaient à saigner... Bien entendu, la population en déduisit que Yellow était responsable de tous ces faits mystérieux. Une nuit de pleine lune, les habitants du village organisèrent une battue dans le bois pour le capturer ou le tuer. Une fois venue l'aurore, Yellow était mort. La légende ne dit pas quelle en est la cause, mais ce n'est pas difficile à deviner. Après tout, la population n'avait clairement pas l'intention de discuter pacifiquement avec lui. Depuis, on raconte que si l'on s'enfonce suffisamment profondément dans le bois, il est possible de trouver la tombe de Yellow, mais que celle-ci n'apparaît qu'à certaines personnes et très rarement. En plus, sa localisation change à chaque fois d'après la croyance populaire.

— Il n'existe aucun moyen de savoir si Yellow a vraiment existé ? voulut savoir Adèle.

— La plupart des anciens habitants prétendent l'avoir déjà vu de son vivant, répondit Tiffany, mais ils sont également nombreux à raconter des histoires à dormir debout sur ce sujet. Pour être sûr de son existence, je ne vois qu'un moyen. C'est de demander au maire, Valérie Becourt, la permission de consulter les archives de la mairie. Si Yellow a vraiment existé, il doit bien y avoir au moins un document le mentionnant.

— Bonne idée, approuva Adèle. Je vais tout de suite aller à la mairie.

— J'ai vu le maire entrer dans la mairie, il y a une heure environ. Elle doit encore y être.

Les deux filles sortirent du temple.

9

Adèle et Tiffany arrivèrent sur la place du village. La mairie se trouvait juste en face.

— Vas-y. Je t'attends ici, décida Tiffany en s'asseyant sur un banc.

Adèle se dirigea donc seule vers la mairie. À peine fut-elle entrée à l'intérieur qu'elle se retrouva tout de suite face au maire.

— Dehors, sale morveuse ! lui cria celle-ci.

Le maire repoussa violemment Adèle à l'extérieur et lui claqua la porte au nez.

— Une gamine aussi jeune n'aurait à coup sûr pas assez d'argent pour que je lui fournisse le moindre renseignement, expliqua Becourt à sa secrétaire.

Tiffany accourut vers Adèle.

— En fait, j'étais quasiment sûre que cela se passerait ainsi, expliqua-t-elle, mais je voulais quand même te voir essayer, au cas où je me tromperais.

— Mon enquête se sera donc terminée avant même de commencer, soupira Adèle.

— Si tu veux, je peux t'emmener visiter... voyons... il y a bien un château du XVIIIème siècle tout près, mais il n'est hélas pas accessible au public. L'église Saint-Hilaire que l'on peut voir d'ici est également fermée...

— Je vais rentrer chez moi, décida Adèle.

— Comme tu veux. À bientôt, j'espère.

Les deux filles se séparèrent.