Debout à ma fenêtre, j'observe le Soleil qui se lève déjà derrière les montagnes majestueuses que j'affectionne tant. Il paresse, se faisant attendre comme s'il tarde volontairement de peur d'entamer une nouvelle journée.
A mon poste de vigie, je contemple ce paysage qui peuple tout mes souvenirs d'enfances.
J'ai déjà hâte de commencer cette nouvelle journée, car je sais en moi même, qu'elle sera à nouveau remplie du rire des enfants du village, des odeurs de pain frais qui émaneront des maisons environnantes et du chant des coqs qui sonne l'heure aux fermiers du commencement de leur dure labeur qu'ils auront à accomplir sous ce chaud soleil d'été.
Bref, une journée aussi prometteuse que je pu l'espérer pour la fin du mois d'août qui, nous avait déjà offert plusieurs belles journées chaudes et ensoleillées . Comme pour me sortir de mes rêveries, quelques coups timides frappés à ma porte me ramènent à la réalité.
Deux petit yeux bruns me scrupte déjà dans l'embrasure de la lourde porte en bois.
«Madame, pardonnez-moi de vous déranger, mais Monsieur votre père vous demande expressément à sa table.»
Comme je ne réagis pas instantanément, elle sent sans doute que je ne comprend pas encore l'ampleur de la situation.
«Et il vous y attend dès maintenant.»
Précise la petite femme qui se tient bien droite devant moi.
« Oui Becky, faites lui savoir que je ne tarderai pas.»
Elle acquiesce doucement de la tête, puis referme la porte derrière elle. Je peut m'asseoir sur mon lit quelques minutes afin de me questionner sur la requête pressante et matinale pour le moins inhabituelle de mon père.
Mon esprit vagabonde à nouveau. Je songe à cette petite femme aux yeux de la même couleur que le bois foncé. Elle me sert de camériste depuis cinq ans maintenant. Je la connais depuis mon enfance, mais notre lien d'amitié a changé depuis ces dernières années, passant de mon égal, à ma femme de chambre en une seule nuit.
Ses parents étant morts, ma famille décida de lui faire une place comme servante. Son père avait déjà travaillé pour le mien et, comme il était fils unique et sans titre (bien que respecté par la noblesse), personne ne pouvait prendre Becky à charge.
Elle aurait sans doute fini à la rue ou, pire encore, dans un bordel. Mon père, par respect pour son ami décédé, décida de lui éviter ce malheur. Cependant, il ne pouvait éduquer Becky comme une noble, puisqu'elle ne portait aucun titre.
Elle n'est pas cher payée, mais elle est logée, nourrie et protégée de ces hommes qui en auraient vite fait une fille de joie.
Je me rappellerais toujours cette même jeune femme en larmes, qui avait franchi le pas de notre porte en pleine nuit. Elle était mouillée et tremblante, l'eau de la pluie torrentielle dû à la tempête qui faisait rage, dégoutait de ses longs cheveux jusqu'au sol de l'immense hall d'entrée.
Elle nous raconta sa terrible mésaventure. Séchant, au fur et à mesure, les larmes qui coulaient le long de ses joues.
Nous la gardâmes sous notre toit jusqu'à ce que le nouveau notaire explique à mon père que, dans le testament , il n'y avait aucune disposition prise à son égard.
Mon père lui offrit alors le poste de camériste et nos liens durent passer d'amies à ceux de maîtresse et servante.
(Ce que je n'ai jamais réussi complètement à faire au grand dam de ma mère) je ne peut m'empêcher de trouver la situation ridicule et injuste.Sa vie et son avenir basculèrent en une seule et unique nuit. Elle n'aurait certes pas marié un duc, mais cela valait sûrement mieux que de servir une maisonnée.
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Désillusion (Terminé)
Historical FictionBreena est une chose, un bien, une possession. On l'a élevé en lui rabâchant sans cesse cette réalité. Son avenir est déjà tout tracé. Tel la marchandise qu'elle est, elle vit dans leur monde, et obéit à leurs règles de bienséances, jusqu'à ce qu'e...