*Chapitre 8* - Concession

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Je sent le carosse s'immobiliser, et la voix haut perchée du cocher qui ordonne à son animal majestueux de stopper son trôt.

On ouvre la porte et une main gantée se présente à moi, je la saisis et me laisse hisser hors du carrosse en prenant grand soins de ne pas me prendre les pieds dans ma robe.

J'ai littéralement le souffle coupé en voyant le paysage apparaître devant mes yeux.
Je ne sais plus où regarder car la myriade de couleurs, de gens et de navires qui s'offrent à mon regard, donnent matière à rivaliser avec toutes les images mentales que j'ai pu imaginer dans l'ensemble de ma vie.

Je suis comme hypnotisé devant toute ces merveilles, que je n'ais même pas pris la peine de remercier le gentlemen qui m'a gentiment offert sa main.

Je peine à abandonner des yeux le portrait plus grand que nature qui se dresse devant moi, mais je ne dois pas oublier mes bonnes manières.

Je me tourne vers l'homme, et je reste sans voix. Se tenant devant moi avec des allures d'aristocrates, mon époux. A la lueur du jour, il me sourit et semble être un tout autre homme que celui qui m'a terrorisé la nuit précédente.

-Comment trouvez-vous le palace navigable qui vous servira de demeure pour les prochaines semaines ma chère?

Comment cette voix si distinguée peut appartenir a l'homme vulgaire que j'ai eu le loisir de connaitre véritablement la nuit passée?

J'essaie de cacher ma surprise devant ce changement de comportement pour le moins ahurissant.

-Il est magnifique Henry.
Je regarde le fastueux navire qui est amarré devant moi, il est gigantesque et fait bien deux fois la taille des autres bateaux du port. Les yeux des villageois présents, sont tournés vers cette énorme structure, qui semble briller de par sa magnificence.

Je cherche des yeux le nom qu'Henry a choisis de donner à un tel navire.

Je suis ébahis quand je vois le détails de la sirène qui fait office de figure de proue. Elle est tout simplement à couper le souffle. Jamais je ne me permettrais de l'avouer à voix haute puisqu'elle est légèrement vêtu et que je devrais plutôt condamner ce genre de femmes et ce qu'elle représente, mais je ne peut que m'extasier devant ce travail de maître. Mes yeux dérives sur les parois pour enfin trouver le nom.

-Élisabeth. Je lit à voix basse.

Je regarde Henry qui lui aussi à les yeux fixé sur sa posession le regard emprunt de fierté.

-Baptisé le Élizabeth? Est-ce en l'honneur de votre mère, ou peut-être même votre votre sœur?

Il me sourit comme ont souris à un enfant, excusant son manque de connaissances.

-Grand dieux non! C'est le nom de la femme qui tient l'auberge dans la ville ou nous ferons escale. Une Bonne... Amie à moi, diront-nous.

Je n'aurais sans doute pas soupçonné que sa phrase sous entendait tout autre choses, si ce n'est de sa voix qui prit une tonalitée très différente pendant qu'il m'expliquait les raisons qui motivaient son choix.

Devant mon malaise grandissant, il coupe court à la conversation et me pointe le bateau du plat de la main.

-Maintenant, veuillez monter à bord nous partons. Érina vous racompagnera à votre chambre, restez-si jusqu'à ce soir, je viendrais vous y retrouver.

Sur ce, il héla un matelot puis me laissa sur place avec toute mon amertume face à la fameuse Elizabeth que je haïs déjà. La voix nasillarde de dame Érina m'indique le chemin jusqu'à ma chambre sans plus de chaleur qu'a son habitude.

Désillusion (Terminé)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant