Chapitre 1 : Elysia

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Libres, nous étions libres. Je sentais à nouveau mon pouvoir courir dans mes veines après quarante-neuf ans à en avoir été privée. Mais le prix à payer avait été terrible. Je ne pouvais détacher mon regard du cadavre de cette jeune mortelle qui avait donné sa vie pour nous sauver, pour sauver Prythian. Seule l'étreinte douce mais ferme du Grand Fae qui se tenait à mon côté m'avait empêché de me porter au secours de Feyre et de mon frère Rhysand, le seul qui avait eu le courage de tenter quelque chose face à Amarantha. Ce fumier de Tamlin s'était contenté de ramper à ses pieds en l'implorant.

Au début je n'avais pas compris pourquoi mon frère s'intéressait tellement à cette mortelle, qui s'était volontairement constituée prisonnière et qui avait été assez folle pour passer un marché de dupe avec Amarantha. Au terme de sa première épreuve, les choses étaient devenues plus claires... Peut-être Feyre était-elle vraiment celle que nous attendions, celle qui pourrait nous délivrer. Un sentiment que je ne pensais plus jamais ressentir s'était frayé un chemin dans mon cœur : l'espoir. Alors, j'avais voulu lui apporter mon aide, mais Rhys s'y était formellement opposé. "C'est beaucoup trop dangereux, Elysia. Reste en dehors de ça, continue de faire profil bas." Avait-il exigé de son ton de Grand Seigneur. Si j'avais toujours allègrement désobéi au grand frère, je n'avais d'autre choix que de respecter les ordres de mon Grand Seigneur. Et lorsqu'à l'issue de la dernière épreuve de Feyre, lorsque Rhys s'était saisi d'un poignard tordu pour la sauver, alors qu'Amarantha était en train de la torturer, j'avais compris : Feyre était son âme sœur. C'était évident pour qui savait déchiffrer son regard. Fort heureusement, ici, Sous la Montagne, j'étais la seule personne qui le connaissait suffisamment pour voir au-delà du masque. Quelle ironie... Les âmes sœurs étaient si rares. Rhys était âgé de plus de cinq siècles, je n'avais que quelques dizaines d'années de moins que lui et de toute notre longue vie, c'est ici, dans ce lieu de ténèbres que nous avions tous deux découverts nos âmes sœurs. Hélas pour Rhysand, Feyre en aimait visiblement un autre. Quant au Fae qui se tenait près de moi, il ne nous serait peut-être jamais possible de vivre notre amour au grand jour. Pas dans la situation actuelle.

Du coin de l'œil, j'aperçus mon frère se relever lentement. Je ne pus retenir un soupir de soulagement, Rhys était sauf. Mais Amarantha ne regardait que Tamlin. Et à présent que sa malédiction était brisée, les sept Grands Seigneurs avaient récupéré l'intégralité de leurs pouvoirs. La vengeance du Grand Seigneur du Printemps pour le meurtre de sa bien aimée allait être terrible. Tamlin était connu pour ses problèmes de gestion de la colère, mais puisque c'était Amarantha qui allait en faire les frais...

Il utilisa son don de métamorphose en poussant un rugissement qui fit vibrer toute la montagne en se jetant sur elle. Il la plaqua contre un mur de pierre qui se fissura sous la violence de l'assaut. L'attor et sa clique voulurent se précipiter à son secours, mais les sentinelles de la Cour du Printemps s'interposérent, leurs masques glissant enfin de leurs visages.

Dans le tumulte qui suivit, je fus séparée de mon âme sœur. Amarantha, hurlait, se débattait lamentablement. Mais le pouvoir et la colère de Tamlin étaient bien trop puissants pour elle à présent que sa malédiction n'était plus. Lucien Vanserra s'était rapproché et dans un cri, jeta une épée en direction du Grand Seigneur du Printemps. Tamlin, toujours sous sa gigantesque forme animale, s'en saisit et dans un élan de rage, transperça la tête de l'ancienne reine avec son arme, la clouant au mur, puis d'un puissant coup de patte, l'égorgea dans un bruit répugnant. Le cri qu'elle poussa mourut en même temps qu'elle et un silence de mort s'abattit sur la salle du Trône.

Tamlin, repris sa forme de Grand Fae et tomba à genoux devant le corps supplicié de Feyre. Je tournais la tête vers Rhysand. La douleur que je décelais dans son regard me brisa le cœur. Mais il se reprit bien vite. Il avait toujours été meilleur que moi pour dissimuler ses sentiments. Je devinais immédiatement à son expression ce qu'il était en train de faire : il utilisait ses dons de Daemati pour convaincre les autres Grands Seigneurs de donner une goutte de leur pouvoir afin d'offrir l'immortalité à celle qui nous avait sauvé.

Un Pont de verre et d'étoiles (Fanfiction ACOTAR)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant