Chapitre 13

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Six mois s’étaient écoulés depuis nos mésaventures en Illyrie. La vie avait repris son cours après que le châtiment du Grand Seigneur de la Cour de la Nuit se soit abattu sur le Pic de l’Orage. Sérys et sa sœur vivaient désormais à Vélaris. Cassian les avaient prisent sous son aile et c’était dorénavant toutes les trois que nous nous entraînions chaque matin sous son égide rigoureuse. Sérys était devenue une amie proche et précieuse. Je l’aidais à s’adapter à sa nouvelle vie au sein de la cité des étoiles et elle m’en apprenait plus sur les coutumes de l’Illyrie. Cela me donnait le sentiment de me rapprocher des origines de ma mère.
L’été s’était terminé, puis l’automne était passé laissant place au froid de l’hiver et à son solstice qui approchait. Les cauchemars qui m’avaient hantés pendant de nombreuses lunes s’estompaient peu à peu. Je continuais de m'entraîner avec Amren et chaque jour, je maîtrisais davantage mes pouvoirs. La peur d’en perdre le contrôle à nouveau s’était avérée une excellente motivation et je faisais à présent jaillir les ténèbres étoilées avec facilité. La Magie en moi ne me paraissait plus aussi sauvage et effrayante. Une digne héritière de la Cour de la Nuit.
Nous étions à quelques jours de la nuit la plus longue de l’année, et comme d’habitude, nous nous étions rendus à la Cour des Cauchemars pour “présenter nos vœux” aux exécrables Fae qui continuaient de vivre sous cette Montagne maudite. Un verre à la main, bien droite à côté du trône où Rhys était assis, j’écoutais Keir, l’intendant de la Cité de Pierre et père de Morrigan, qui nous énumérait d’un ton monocorde la liste des derniers événements notables. J’arborais une expression d’ennui profond, mais en vérité, il n’en était rien. Sous ce masque d’indifférence, j'étais à l’affût. Mes boucliers mentaux étaient levés et je scrutais les visages de chacun des Fae présents dans la grande salle. En bas des marches, je savais que Cassian et Azriel faisaient de même. Feignant toujours l’ennui, je faisais aller paresseusement mon regard jusqu’à ce que je croise des yeux ou brûlait une haine encore pire que celle de tous les autres réunis : Riven, mon bien-aimé cousin. Ce crétin n’avait toujours pas digéré la raclée que je lui avais collée des années auparavant et ne cherchait même plus à dissimuler son ressentiment. Je m’attardais à dessein sur son visage. Il possédait bien sûr la grâce naturelle des Fae, mais la perpétuelle expression de dédain qu’il affichait lui ôtait une grande partie de cette beauté. Avec un sourire moqueur, je levais mon verre à son attention. Voyant qu’il ne comprenait toujours pas l’avertissement, je tendis mon pouvoir vers lui et franchis sans peine ses boucliers mentaux pour m’introduire dans son esprit. Mes griffes mentales s’enfoncèrent en lui, suffisamment pour lui faire mal. Il pâlit et laissa échapper une exclamation de douleur et de surprise mêlée.
“On baisse les yeux en présence de son Grand Seigneur.” Tonnais-je à l’intérieur de sa tête. Il se décomposa et finit par obéir. Je savais que Rhys n’avait rien loupé de cet échange et je pus sentir son approbation au travers de mes propres barrières. Il était loin le temps où je réagissais en cognant sur tout ce qui bougeait. Keir imperturbable continuait son rapport. L’Intendant avait-il idée de ce qui venait de se passer ? En ferait-il seulement cas ? Le reste de cette pénible soirée s’écoula sans incidents notables, et nous rentrâmes à Vélaris tard dans sa nuit, sans même faire de halte au Palais en pierre de lune.

L'après-midi suivant, je rentrais d’une virée en ville, les bras chargés de paquets pour le solstice. Les rues étaient animées, décorées de guirlandes lumineuses et de lanternes scintillantes, et l'esprit de fête se répandait dans chaque coin de la cité. Pourtant, malgré l'agitation joyeuse, mon cœur était lourd. En poussant la porte de l'hôtel particulier, j'espérais trouver la maison vide. Je n'avais pas envie d'expliquer mes yeux rougis ou ma mine déconfite. Mais, bien sûr, la chance ne fut pas de mon côté. Rhys était là, installé dans le salon, un livre à la main.
“ – Elysia,  dit-il en levant les yeux, un sourire accueillant sur les lèvres. Tu es de retour. Comment s’est passée ta journée ?
– Oh rien de spécial, répondis-je en évitant de croiser son regard. Des achats de dernière minute.”
Je fis de mon mieux pour paraître détachée en haussant les épaules. Mais Rhys ne fût pas dupe. Il se leva de son fauteuil et me scruta, ses yeux violets lisant en moi comme dans un livre ouvert…
“ – Elysia, reprit-il doucement. Que s’est-il passé ?
– Rien d’important, affirmais-je de nouveau mes yeux papillonnant pour tenter d’en dissimuler les larmes.
– Ne ment pas petite sœur, murmura-t-il en s’approchant davantage. Tout ce qui peut t’attrister est important pour moi.
– Il y a bien quelque-chose, soupirais-je, capitulant enfin. Mais c’est sans intérêt...
– Viens t’asseoir, dit-il en désignant un canapé. Et raconte-moi.
Je m’assis à côté de lui, sentant son attention entière dirigée vers moi. Derrière nous le feu crépitait dans la cheminée, faisant briller les guirlandes que j’avais soigneusement disposées la veille.
“ – Je… je fréquentais quelqu’un, un Fae que j’aimais bien. On devait se voir aujourd’hui, mais il m’a fait comprendre que ça ne marcherait pas entre nous. Héritière de la Cour de la Nuit, trop de pouvoir, trop dangereux, tout ça tout ça... ”
Rhys resta silencieux un moment, son expression indéchiffrable.
“ – Et comment te sens-tu ? interrogea-t-il finalement.
– Mal, avouais-je. Toujours trop sensible, comme d’habitude. J’ai bêtement espéré que ça serait différent cette fois… Quelle idiote je fais…
– Non Elysia, l’idiot, c'est lui affirma mon frère avec un léger sourire. S’il n’a pas su voir quelle femme merveilleuse tu es. Veux-tu que Cassian et moi, on s’en occupe ? Se faire casser la figure par un Grand Seigneur et un Général lui remettrait peut-être les idées en place.”
Je ne pus m’empêcher de sourire à travers mes larmes.
“ - Arrête ! Si vous devez aller tabasser un Fae chaque fois que je tombe amoureuse, il ne restera bientôt plus de jeunes mâles en un seul morceau dans tout Vélaris !”
Il éclata de ce rire semé d’étoiles, chaleureux et réconfortant. Mon cœur se réchauffa à ce son.
“ – Très bien, je te l’accorde. Mais sache que je serai toujours prêt à te défendre.  Crois-moi, je sais combien c’est difficile. Les gens ont peur de ce qu’ils ne comprennent pas. Mais cela ne signifie pas que tu ne trouveras jamais quelqu’un qui t’acceptera pour ce que tu es, avec toutes tes complexités et ta puissance.
– Et toi, Rhys ? Demandais-je en jouant avec une mèche de mes cheveux. As-tu trouvé quelqu’un qui ne te crains pas ?
– Non, admit-il en soupirant. Comme toi, je suis confronté aux mêmes peurs et aux mêmes rejets. Les gens voient d’abord le Grand Seigneur, le Daemati, et non l’homme derrière le pouvoir.”
Nous restâmes silencieux un moment, réfléchissant à la cruauté de nos situations respectives. On entendait plus que le crépitement du feu.
“ – Tu crois aux âmes sœurs ? murmurais-je après un moment.
– Certains jours oui. D’autres, je me dis que c’est une légende, une manière de donner de l’espoir aux cœurs brisés. Mais au fond de moi, je veux croire que ce lien existe vraiment, qu’il y a quelqu’un quelque part qui est fait pour nous, quelqu’un qui nous comprendra et nous aimera pour ce que nous sommes, sans crainte ni jugement.”
Il passa un bras autour de mon épaule, et je sentis le poids de ma tristesse s’alléger un peu.
“ – Allez, dit-il finalement. On va continuer les préparatifs pour le solstice. Il y a encore beaucoup à faire, et je suis sûr que Cassian et Azriel auront besoin de notre aide pour éviter de mettre le feu à la maison.”
Je ris, et nous nous levâmes ensemble, prêts à affronter les défis et les joies que les jours à venir nous réservaient. Avec ma famille à mes côtés, je savais que je pouvais surmonter n’importe quel obstacle.

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⏰ Dernière mise à jour : Jul 07 ⏰

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Un Pont de verre et d'étoiles (Fanfiction ACOTAR)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant