Chapitre 5 : Elysia

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La porte de ma chambre s'ouvrit brutalement sous l'effet d'une impulsion de mon pouvoir. Jusqu'à présent je n'avais pas encore fait montre de grandes capacités magiques, j'étais encore jeune. La Magie avait tendance à jaillir de moi lorsque j'étais sous le coups d'émotions puissantes. La colère qui bouillonnait dans mes veines était un excellent socle pour ce type de manifestation. Le battant claqua derrière moi alors que j'envoyais valser d'un coup de pied les jouets en bois que j'avais abandonnés au sol avant notre départ pour la Cour des Cauchemars. Des larmes brûlantes s'échappaient de mes yeux sans que je cherche désormais à les retenir.

La rage qui m'habitait me poussait à hurler, à tout jeter par terre jusqu'à ce que ma chambre ne soit plus qu'un désordre sans nom. La seule chose qui m'empêcha de passer à l'action fût l'idée que ça ne serait pas Nuala et Cerridwen qui nettoieraient mon bazar, pas plus que Rhys n'utiliserait son pouvoir pour tout remettre en ordre. Ca serait à moi de tout arranger et je trouvais déjà la punition dont j'étais victime actuellement suffisamment injuste pour ne pas aggraver mon cas.

En désespoir de cause, je me jetais sur mon lit pour étouffer mes cris et mes sanglots dans l'oreiller. La colère aidant toujours, j'erigeais des barrières autour de mon esprit, plus hautes et plus épaisses que je ne l'avais jamais fait. Il était hors de question que mon frère puisse déceler ne serait-ce qu'une once de ce que je ressentais. C'était l'inconvénient de vivre avec un Daemati. Il était fort difficile de garder un secret hors de sa portée.

Lentement mes sanglots s'espacèrent, la fureur qui faisait bouillir mon sang s'apaisa peu à peu. Ne laissant que du vide et une grande fatigue. Comme si la tempête de mes sentiments avait épuisé toutes mes réserves. Je me sentais comme si mon cœur était trop petit pour tout ce que j'avais ressenti ces dernières heures et que l'ouragan émotionnel avait chamboulé tout ce que j'étais sur son passage. Depuis toujours, j'éprouvais chaque ressenti de manière très intense. Mor disait toujours que mes émotions étaient une force, mais à chaque fois que je me laissais submerger par elles, j'en doutais. Je me rendis compte que mon souffle était court. Cassian m'avait appris à respirer pour économiser mes forces durant un combat. Je mis la technique en application et lentement le brouillard qui obscurcissait mes pensées s'étiola. Cet idiot de Riven avait eu ce qu'il méritait, je ne regrettais pas de l'avoir remit à sa place. Rhys faisait fondre les esprits de certains courtisans pour un regard de travers et moi j'étais punie pour une balayette et quelques coups de poings. C'était tellement injuste !

Je croisais mon reflet dans le miroir de la coiffeuse. En dehors de mes yeux rougis et de ma tresse en désordre, un bleu était déjà en train de pâlir juste sous ma pommette gauche. Peu importait... Je lui avait rendu cet affront au centuple et je n'avais presque plus mal. Le Palais était silencieux. Peu aprés que Rhys nous aient séparés mon cousin et moi, il avait ordonné à Nuala et Cerridwen de me ramener dans notre résidence privée au sommet de la montagne et de me consigner dans ma chambre pour que, "je réfléchisse". Mais pour moi, c'était clair, il n'y avait rien à réfléchir. Ce petit con de Riven, un cousin très éloigné, proche de la famille de Mor, s'était permis de dire des choses intolérables et j'avais réagi en conséquence. A quoi bon toutes ces heures d'entraînement avec Cassian depuis plus d'un an si je n'avais pas le droit de mettre en pratique ce que j'apprenais ? A Velaris, je n'avais pas le droit de me battre. Mais ici à la Cour des Cauchemars, c'était la loi du plus fort qui primait. Pourquoi donc avais-je été réprimandé pour avoir prouvé que j'étais plus valeureuse que ce crétin arrogant de deux ans mon aîné?

Du bruit dans l'immense salle à manger qui se trouvait non loin de ma chambre, interrompit le court sombre de mes pensées. Mon frère et les autres étaient de retour. Je me ruai vers la salle de bain dans le but de me nettoyer le visage avec de l'eau froide, pour effacer toute trace des sillons de larmes sur mes joues. Cependant plusieurs minutes passèrent et personne ne se présenta à la porte de ma chambre. Rhys comptait donc me faire mariner encore un peu, soit. Je savais que Nuala et Cerridwen ne devaient pas être loin, pour s'assurer que je respecte bien l'ordre de demeurer dans mes appartements. Mais il y avait longtemps que j'avais appris à déjouer la surveillance des deux demi spectres. Depuis plusieurs mois, j'avais découvert que mes pouvoirs s'épanouissaient d'avantages durant la nuit. Peut-être était-ce lié à la magie intrinsèque de notre Cours, mais je m'étais rendu compte qu'il m'était aisé de me dissimuler dans les ténèbres sous le ciel étoilé. Tout d'abord j'avais voulu en faire part à ma famille, ils auraient sans doute été très fiers, puis, j'avais réfléchi aux opportunités que pourrait offrir le passage sous silence de l'émergence de mes pouvoirs.

Un Pont de verre et d'étoiles (Fanfiction ACOTAR)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant