06-"Échos d'un Passé Immortel"

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Les contours de cette chambre ressemblent à une toile vivante peinte avec des nuances de douceur et d'élégance. Les murs, revêtus d'un délicat papier peint rose pâle, offrent un écrin chaleureux à l'espace. Des arabesques dorées s'entrelacent, créant une atmosphère digne d'un conte de fées.

Allongé dans ce lit à baldaquin, drapé de soie rose, je me trouve au cœur de cet univers enchanteur. Le lit, paré de draperies délicates, trône majestueusement, captant toute l'attention de la pièce. C'est là que je repose, pris au piège entre le désir de prendre ma revanche contre ces créatures surpuissantes et une étrange fascination pour cette femme qui semble orchestrer chaque mouvement à ma place.

Dans cette dualité entre la vengeance et le plaisir, je m'interroge sur ma véritable utilité. Plutôt que de me lancer dans cette bataille qui est mienne, je choisis de me cacher derrière cette femme, une manœuvre qui semble jouer de ma volonté. Cependant, une étrange attraction émerge de cette danse dangereuse. J'aime quand elle me réclame, quand elle s'approprie mon être. Ses doigts dans ma bouche, la douceur du baiser, le frisson de chaque goutte de mon sang qu'elle suce, tout cela m'enivre d'un plaisir sombre et captivant.

L'énigme persiste dans ce paradoxe où je me trouve prêt à devenir son animal de compagnie, à m'incliner face à sa volonté. Car un maître ne devrait jamais abandonner son compagnon, et cette pensée me hante. La crainte s'insinue en moi, comme une ombre, que le jour vienne où elle déclare ne plus avoir besoin de ma présence. Je suis enchaîné à elle, dépendant de sa présence comme si elle constituait ma seule drogue, tissant ainsi une symbiose étrangement séduisante entre un prédateur et sa proie consentante.

Mon regard se pose sur les rideaux en organza blanc, agrémentés de nœuds roses délicats qui encadrent les fenêtres. À travers eux, une lumière douce filtre, instaurant une ambiance rêveuse. Sur les étagères, des livres richement reliés et des objets d'art délicats cohabitent, ajoutant une touche intellectuelle à cette chambre de princesse. Étrangement, je m'y sens à ma place, car elle affirme que cette pièce reflète qui je suis.

- Tu peux bien te réjouir d'avoir été choisi par sa grâce, mais ne t'égare pas dans l'illusion de ton importance, pathétique humain.

Je l'observe avancer avec une grâce naturelle, un plateau orné de mets délicats entre ses mains. Martha, mi-vampire au charme mystérieux, c'est elle qui m'avait guidé jusqu'à la forêt. Au départ, je pensais simplement qu'elle me méprisait pour ma condition humaine, mais la vérité révélée est bien plus sombre. Par un coup du sort, j'ai surpris une conversation entre elle et Ethan, cet homme aux intentions ambiguës. Il s'avère que Martha est éperdument amoureuse de Sa Grâce, mais cette dernière a fermement établi que Martha resterait éternellement sa subordonnée, sans possibilité de changer ce statut. Comprendre cette vérité cruelle éclaire le fond de sa haine envers moi, brisée par cette réalité implacable qui l'oblige à demeurer dans l'ombre de l'amour qu'elle désire tant, mais qu'elle ne peut jamais posséder pleinement.

- Martha, merci pour ta constante attention à mon alimentation.

Un sourire sincère éclaire mon visage alors qu'elle dépose le plateau avec un air dégoûté, ses sentiments à peine dissimulés. Elle le place délicatement sur le bureau à côté de moi, mais derrière ce geste, son sourire malicieux trahit une menace latente. Une lueur dangereuse brille dans ses yeux alors qu'elle s'approche de moi, son aura empreinte d'une intensité palpable. Chaque pas qu'elle fait semble résonner comme un avertissement silencieux, éveillant en moi une conscience aigüe de sa volonté farouche et de la puissance sous-jacente à sa stature gracile.

- Nuea, petite créature fragile, qu'est-ce qui a poussé sa grâce à te choisir ?

Elle dépose un doigt délicat sur mes lèvres, m'immobilisant complètement. Dans cet instant suspendu, la question qui hante mes pensées résonne avec une clarté glaciale : va-t-elle me tuer ? Non, cela serait contre les ordres de sa grâce qui lui a expressément demandé de prendre soin de moi. Pourtant, malgré cette certitude, la peur s'empare de moi, un frisson incontrôlable parcourant mon échine. Pourquoi ? La réponse se cache dans la haine tenace qui pulse en moi depuis la perte dévastatrice de mes proches, cruellement fauchés par ces vampires impitoyables. Je les méprise de tout mon être, souhaitant ardemment leur anéantissement par ma propre main, mais ma faiblesse pathétique m'en empêche. Je me sens impuissant, insignifiant, face à leur pouvoir implacable et à ma propre incapacité à leur résister.

Désirs ImmortelsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant