Chapitre 6 : Noah

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Un mois et demi s'est écoulé depuis mon réveil, ma mémoire ne m'ai toujours pas revenu, j'ai aussi commencé les séances de rééducation, mais je suis toujours dans l'incapacité de me lever seul, ce qui plonge mon moral dans les abysses. Mes journées ont la même routine, petit-déjeuner à sept heure quarante-cinq, déjeuner à onze heure trente, ensuite on vient me chercher à quatorze heures trente pour ma séance de rééducation puis on me ramène dans ma chambre vers seize heures.
J'ai la visite de mes parents de temps en temps mais la plupart du temps, ma mère ne vient que pour se plaindre d'Isaac, donc je ne l'écoute que d'une oreille.
Quant à Isaac, il a demandé à son patron s'il pouvait garder ses services du midi et de l'après-midi pour qu'il puisse venir s'occuper de moi le soir. Malgré le temps qui s'est écoulé, mon aisance physique n'est pas revenue non plus et la prise des repas reste une opération laborieuse, quand je prends ma fourchette ou ma cuillère dans la main, je ressens de fort picotement dans le bras droit.
— Tu crois que je vais pouvoir remarcher un jour ? Interrogé-je Isaac lors d'un repas.
— Pourquoi tu ne pourrais pas ?
— Je ne sais pas... réponds-je dans un murmure à peine inaudible.
Baissant honteusement la tête, mon moral n'est plus présent, j'aimerais tellement me rappeler d'Isaac... mais rien ne me revient, ce qui me frustre un peu plus chaque jour. Ma gorge se serre et une boule de la taille d'une balle de ping-pong y fait son entrée. Mes deux meilleurs amis, Lewis et Tom, dont je n'ai aucun souvenir également, ont voulu me voir dès mon réveil mais j'ai toujours refusé qu'ils entrent dans ma chambre et je ne semble pas les connaître.
— Eh... dit Isaac en douceur.
Il relève délicatement mon visage dans sa direction et je plonge mon regard dans ses yeux bleu océan.
— Je suis sûr que tu remarcheras un jour, peut-être pas aujourd'hui, ni demain ou encore deux mois, mais je serai à tes côtés pour te soutenir chaque jour.
— Pourquoi tu fais tout ça ? Demandé-je soudainement. Je veux dire... je ne me souviens pas de toi... j'ai aucun souvenir et tu m'aides depuis un mois et demi...
— Noah, avec ou sans mémoire, je t'aime et je n'ai espéré qu'une seule chose depuis ton accident. Ton réveil, et je garde la conviction que tes souvenirs finiront par se frayer un chemin vers toi.
Mon regard se perd un peu plus dans ses yeux et je sens les miens s'embuer de larmes avant qu'elles ne se mettent à rouler sur mes joues les unes après les autres. Sa phrase m'a touché, savoir qu'il reste pour m'aider à retrouver les morceaux éparpillés de ma vie me procure du baume au cœur.
— Oh Noah, je ne voulais pas te faire pleurer, m'informe-t-il en essuyant gentiment mes larmes.
— Par-Pardon... m'excusé-je automatiquement.
— Ne t'excuse pas, c'est l'accumulation des dernières semaines. Tu as encore faim ?
Je secoue la tête et repousse la table de lit à roulettes. M'allongeant, Isaac se rapproche de mon lit pour se mettre en face de moi. Il commence à me caresser les cheveux en effectuant des cercles dans ma chevelure. Ça fait tellement du bien que je commence à m'endormir.
— J'aime bien quand tu fais ça... confessé-je en somnolant.
— Ah oui ?
— C'est agréable.
— Bonne nuit mon amour, entends-je. Même si tu ne te souviens pas de moi, mes sentiments pour toi resteront les mêmes.

***

Flashback

Sortant de chez moi les nerfs à vifs, ma dispute avec Isaac m'a fait monter la tension à son paroxysme. Son comportement m'a exaspéré au plus haut point. S'il croit m'empêcher de voir mes deux meilleurs amis, c'est mort.
Je grimpe sur ma moto, une belle Yamaha R7 noire qui m'a couté plus que mon salaire, j'ai dû économiser un an de salaire avant de pouvoir m'acheter ce bijoux.
Je ne jette pas un regard derrière moi, sachant que la fenêtre de notre chambre donne sur notre allée, Isaac doit être à la fenêtre pour me regarder partir. J'ai envie de lui faire un signe pour le rassurer mais la colère de notre dispute est encore trop présente dans mon subconscient pour que je fasse quoi que ce soit.
Tournant la clé dans le contact, je fais vrombir le moteur de ma bécane et je prends la direction d'Annapolis, c'est là-bas que se déroule la compétition de moto.
J'adore la vitesse, sentir le vent contre mes vêtements, sentir le moteur vibrer entres mes jambes, voir le paysage défiler sous mes yeux. Les battements du cœur de la moto se synchronisent parfaitement avec mes propres palpitations. Si j'ai décidé de passer mon permis moto, c'était pour honorer la promesse qu'on s'était faite avec mon premier petit ami, Elijah. On s'était promis de passer notre permis en même temps, une fois le permis en poche et nos motos achetées, on avait prévu de partir en road trip à travers les États-Unis. Mais ce rêve a très vite pris fin quand début août, j'ai appris le décès brutal d'Elijah par sa mère.

Je t'aiderai à raviver les souvenirs perdus...Où les histoires vivent. Découvrez maintenant