Chapitre 8 : une session de travail des plus troublantes

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Le lendemain je suis tranquillement installée dans mon lit devant une série Netflix, je suis seule Rhina est chez Justin, et Nathan est à son club d'échec. C'est un vrai petit intello quand on y pense. J'ouvre un autre paquet de bonbon lorsque je reçoit un message. Je n'y prête pas vraiment attention puis je remarque le nom de la personne qui me l'a envoyé. Alessio. Je fixe mon téléphone sans savoir si je veux lire ce qu'il ma écrit ou non. Je souffle un bon coup et prends mon courage à deux mains.

Alessio : N'oublie pas demain 18h chez moi.

Rien de plus, rien de moins. Je suis soulagée et en même temps déçue, il n'y a rien d'autre qu'un message autoritaire. Puis un second message apparaît.

Alessio : Et n'oublie pas tigresse c'est une invitation pour le travail, pas pour autre chose. ;)

Je ressens clairement de la moquerie dans son message et ça me mets en rogne. Il se prend vraiment pour le roi du monde c'est pas possible. Je prends mon téléphone et tape à toute vitesse.

Moi : Tu n'es vraiment qu'un sale con. Tu crois vraiment que j'ai envie de quoi que ce soit avec toi ?

Il me répond instantanément.

Alessio : Ce n'est pas ce que j'ai cru comprendre la dernière fois dans le corridor. Ou encore dans le couloir hier

Moi : Et bien tu comprends mal !

Il se joue de moi je le sens.

Alessio : Tu es sûre de toi, tigresse ? Tu ne me paraît pas très convaincante.

Je grogne contre moi même, c'est décidé je déteste vraiment ce mec. Au diable ma pathétique attirance physique envers lui. Je jettes mon téléphone sur le lit de Rhina sans prendre la peine de lui répondre. J'hésite même à me rendre à notre session demain. S'il pense que je vais rappliquer comme un gentil petit chien, il se trompe. Je comptes le faire mariner un peu. Un plan se met alors en place dans ma tête. Un plan j'appliquerais demain..

Je termine la soirée seule, Rhina m'a envoyé un message me prévenant qu'elle restait chez Justin pour la nuit. Jen suis presque jalouse, j'aimerais parfois moi aussi être aimée pour ce que je suis. Ne pas avoir mes nombreux traumas et vivre ma vie à fond, comme le font tout les jeunes. Quelques fois je me demande ce qu'il aurait pu se passer si ma mère n'avait pas découvert ce qu'il se passait ce soir la. J'aurais probablement mit fin à ma vie, je ne pense pas que j'aurais pu tenir encore longtemps. J'étais tellement malheureuse à l'époque, je subissais trop de choses en même temps. Je soupire et passe une main sur mon visage. Mon passé est sombre, jamais je ne pourrais l'oublier mais j'essaie tant bien que mal de passer au dessus et d'aller mieux. Ce n'est pas toujours facile, il y a des jours comme ceux ci ou je ne peux m'empêcher d'y repenser. Bientôt cela fera cinq ans qu'ils seront en prison. Cinq ans que je ne les ai pas revu. Cinq ans que mon enfer a pris fin. Cela me paraît long et c'est pourtant si court. Car dans cinq ans, il sera libéré, et je crains ce moment. Je le crains parce que je sais qu'il va vouloir me voir. Et je ne sais pas si je serais prête à ce moment la, je ne sais pas s'il y aura un jour ou je serais prête.

Les heures passent et je me ressasse tout ce qu'il s'est passé, tout ce qu'il pourrait se produire... Je suis terrifié, si bien que je ne ferme pas un oeil de la nuit. À la seconde où je ferme les yeux je revois son visage, leurs visages. Le malheur qu'est le mien d'avoir deux bourreaux en même temps. Je finis par aller sur mon téléphone pour me changer les idées, je retombe sur la discussion avec Alessio. Je lui répondrais plus tard. De toute façon, je le vois demain dans la journée. Je me mets devant une série mais rien n'y fait, je n'arrive pas à me concentrer sur quelque chose. Je soupire de désespoir, ma vie est nulle.
Je décide de sortir prendre l'air. Il fait nuit noire et je flippe un peu mais je me rassure en me disant que je ne fais que le tour du bâtiment. Bon le bâtiment est assez grand cependant on est dans un campus étudiant, qui pourrait me faire du mal ?
Beaucoup de monde.
C'est vrai que beaucoup de filles ont déjà subis des viols sur les campus. Les mecs sont vraiment des porcs... Seulement il est trois heures du matin et je n'arrive pas à fermer les yeux. Cette petite balade ne peut me faire que du bien, alors je refraines mes peurs et angoisses et sors.
L'air est encore assez doux pour une fin du mois de Septembre. Ce ne sera bientôt plus le cas, très vite le vent et le froid vont se ramener sur la côte Est. Mais j'ai l'habitude du froid, ça me plaît. Je le préfère aux grosses chaleurs intempestives, au moins quand tu as froid il y a toujours moyen de se réchauffer. Quand il fait chaud en revanche c'est plus compliqué. Et puis je suis une fille de l'hiver, né en Décembre je ne peux pas vraiment me plaindre. Le froid, le vent, la neige, c'est ma saison.
Les mains dans les poches de ma veste j'observe le ciel tout en marchant. Avec la pollution de la ville on n'y voit pas grand chose, mais j'apercois quand bien même quelques étoiles qui percent la couche d'ozone. Je me souviens quand j'étais petite mon père nous emmenait mon frère et moi en haut d'une colline le soir, et nous campions la bas tout les trois. Ma mère n'a jamais voulu participer, elle déteste le camping. Je souris en y repensant, c'est l'un des seuls souvenirs heureux qu'il me reste d'eux. Peu de temps après les choses ont mal tournées.. Dans un certains sens ils me manquent, mais ce sont les personnes avec qui j'ai de bons souvenirs qui me manques. Pas les autres... J'ai été témoins d'un changement de comportement de deux des personnes que je chérissais le plus au monde. Ça m'a détruit de l'intérieur lorsque j'ai vu de quoi ils étaient capable. L'humain peut être si cruel...
Comme d'habitude je finis par me perdre dans mes pensées et j'en perds la notion du temps. Lorsque je me rends compte que j'ai passé une heure à fixer les étoiles du petit banc ou j'ai finis par m'assoir, je me relève. Je reprends la direction du dortoir. Cette petite balade m'aura au moins permis de me libérer de mes pensées. C'est rare lorsque je m'autorise à y penser. Je préfère les garder enfoui dans mon esprit. Lorsque je me remets dans mon lit mes yeux se ferment tout seul. Je m'endors dans les bras de morphée.

Cruel HeartOù les histoires vivent. Découvrez maintenant