NIGHTVALE

𝟏𝟎 - 𝐕𝐈𝐎𝐋𝐄𝐓 𝐁𝐋𝐀𝐂𝐊𝐖𝐄𝐋𝐋

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SE RELEVER

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J'ai toujours eu une cible derrière la tête depuis ma naissance, bien avant même le décès de mon père. J'ai grandi avec le poids des attentes, des regards accusateurs qui semblent me suivre partout où je vais.

Je n'ai jamais su trouver ma place nulle part, toujours en proie à un sentiment de décalage constant avec le monde qui m'entoure.

Même au sein de ma propre maison, je me suis toujours senti isolé, déconnecté de tout et de tous. J'ai l'impression que le monde entier attend que je trébuche, que je fasse la moindre erreur pour m'abattre sans pitié.

Il n'y avait qu'un seul endroit où je me sentais vraiment à ma place : le ballet.

La danse était mon sanctuaire, un monde où chaque mouvement était une forme d'expression pure et sans jugement. Chaque pirouette, chaque saut, chaque arabesque me donnait l'impression de m'envoler au-delà de mes souffrances.

Mais une fois les rideaux tombés, la réalité reprenait ses droits.

La mort de mon père n'avait fait qu'amplifier cette sensation. Il était le seul rempart entre moi et le monde extérieur, le seul lien qui me rattachait à une certaine normalité.

Et ce soir-là, il n'est pas le seul que j'ai perdu. Malgré mes différences avec ma mère, elle aussi est morte, non pas physiquement mais mentalement. Elle m'a complètement délaissé, abandonnant notre lien fragile pour se perdre dans les méandres de sa propre douleur.

Peut-être suis-je destinée à être une paria, à jamais en quête de ce sentiment d'appartenance qui me semble toujours hors de portée.

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VIOLET - 6 ANS

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Les enfants courent, rigolent, se précipitent vers le portail de l'école.

Chaque rentrée de primaire, c'est la même scène qui se répète. Je reste sur le côté, observant avec un mélange de fascination et de tristesse l'agitation joyeuse qui anime mes camarades.

Les rires et les cris résonnent dans l'air, mais pour moi, ils semblent lointains, inaccessibles, comme des échos d'une réalité à laquelle je n'appartiens pas. 

Chaque année, je prie silencieusement pour un miracle, pour une transformation magique qui ferait de moi l'un d'entre eux, une personne normale qui peut s'intégrer sans effort.

Mais mon esprit fonctionne d'une manière que les autres ne comprennent pas toujours. Les bruits forts, les mouvements brusques, tout cela peut être accablant pour moi.

Contrairement aux autres enfants, j'attends toujours que la sonnerie retentisse avant de franchir le seuil de l'école. J'ai besoin de cette marque de permission pour m'y intégrer.

Papa a ses bras sur mes épaules, une tentative de réconfort dans un monde qui me semble si étranger.

— N'aie pas peur, Violet. Sois toi-même et ne tente jamais d'être quelqu'un que tu n'es pas, me murmure-t-il. N'oublie jamais que je suis là pour toi à chaque étape du chemin.