𝟏𝟑 - 𝐕𝐈𝐎𝐋𝐄𝐓 𝐁𝐋𝐀𝐂𝐊𝐖𝐄𝐋𝐋

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2000'S NIGHT

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Mes parents ne se sont jamais aimés.

En grandissant, j'ai réalisé qu'ils étaient des étrangers l'un pour l'autre. Leur relation semble se résumer à une coexistence tolérable. Leurs conversations se limitent à des "bonjours" le matin et à des "bonnes nuits" le soir.

Pendant longtemps, j'ai cru que c'était là le lot de toutes les familles, que cette absence d'affection était normale. Mais lorsque j'ai observé les parents des autres enfants autour de moi, j'ai réalisé que les miens étaient différents.

Mon père a toujours su combler le vide avec son amour inconditionnel. Mais ma mère, elle, semble me regarder avec des yeux remplis de mépris, comme si j'étais la source de tous leurs malheurs, la raison même de leur désunion.

"Violet, c'est à cause de toi que cette famille est brisée."

Assise sur les marches des escaliers, je serre ma peluche dans mes bras. Les premiers murmures de leur dispute s'élèvent de la cuisine, étouffés mais néanmoins perceptibles.

C'est toujours ma mère qui élève la voix, toujours elle qui est frustrée. Mon père, lui, semble presque détaché, comme si ces querelles étaient devenues un bruit de fond auquel il avait fini par s'habituer.

Le silence parle plus que les mots.

Mon emprise sur Milkshake se resserre instinctivement quand je vois papa passer devant moi. Il ne semble même pas m'apercevoir, sûrement trop perdu dans ses propres pensées, avant de claquer violemment la porte derrière lui.

Maman le suit de près, les larmes dévalant ses joues. Elle sent mon regard sur elle et se tourne légèrement. Sa colère prend le dessus sur sa tristesse.

— Tu vois ce que tu viens de faire ? me crie-t-elle en désignant la porte fermée d'un geste accusateur.

Je ferme les yeux, incapable de supporter le poids de ses mots. D'après elle, je suis responsable, d'une manière ou d'une autre, de la douleur qui consume notre famille, de la fissure irréparable qui s'est formée entre eux.

Toujours ma faute.

Des parents brisés créent des enfants brisés, leur misère devient la fondation sur laquelle se construit la vie de leurs progénitures.

Je hais la cantine.

Le brouhaha incessant des conversations, le bruit agaçant des mâchoires en train de mastiquer, et surtout, surtout la nourriture. Depuis mon arrivée en Angleterre, c'est devenu pire.

Je veux dire, sérieusement, qui a l'idée de servir des saucisses et des haricots rouges au petit-déjeuner ? Berk.

Isla ne semble pas dérangée par la situation. Au contraire, depuis notre arrivée, elle mange les repas sans en laisser une seule miette.

Elle fait glisser son plateau devant elle et y prend une généreuse portion de gelée verte. Rien que de la voir, je ne peux m'empêcher de grimacer à l'idée de ce que cette chose pourrait bien goûter.

— Salut, Ethan, dit-elle en papillonnant des yeux avec un sourire charmeur. Tu pourrais me donner une petite dose supplémentaire ? Tu sais combien j'aime tes fish and chips... et aujourd'hui, je suis affamée.

NIGHTVALEOù les histoires vivent. Découvrez maintenant