𝟖 - 𝐕𝐈𝐎𝐋𝐄𝐓 𝐁𝐋𝐀𝐂𝐊𝐖𝐄𝐋𝐋

647 33 22
                                    

╭────── · · ୨୧ · · ──────╮

LE BAPTEME DU SANG

╰────── · · ୨୧ · · ──────╯

Je maudis une nouvelle fois mon incapacité à fabriquer un simple cœur en papier. Pourquoi c'est si difficile ? Ça devrait être facile, non ? Mes doigts n'arrêtent pas de se tromper, et ça me rend dingue.

À côté de moi, mon père éclate de rire, amusé par ma réaction. Chaque année, le 14 février, il s'attelle à cette tâche. Et depuis quelque temps, je l'assiste.

— Tu vois, c'est une question de patience, murmure-t-il, concentré. Il faut y aller doucement, étape par étape.

Il en fait toujours beaucoup.

— Peut-être pour toi, je rétorque, la voix teintée d'amertume. Moi, tout ce que je fais tourne toujours mal.

L'année dernière, par curiosité, je lui avais demandé pourquoi il s'adonnait à cette tradition. Sa réponse fut vague : cela faisait plaisir à maman pour la Saint-Valentin. Mais je n'ai jamais vu ces cœurs en papier lui être offerts.

 Qui t'a appris à faire ça ? 

Il interrompt ses gestes pour me fixer intensément. Un sourire empreint de nostalgie étire ses lèvres. Pourquoi ses yeux ne pétillent pas de joie ?

 C'était il y a des années de ça, mais une amie adorait faire tout plein d'origamis. Elle était une experte dans l'art de fabriquer les cœurs en papier. 

Je ne suis pas convaincue, j'ai besoin d'en savoir plus.

 — Et où est-elle maintenant ?

Son visage s'assombrit tandis qu'il attrape délicatement un cœur en papier pour le glisser doucement derrière mon oreille. D'une voix tendre, il me murmure :

— Tu lui ressembles tellement, Violet.

Dans l'obscurité de la ruelle, seules les lueurs des bougies du Candle Café offrent un semblant de lumière. À cette heure tardive, tous les commerces sont fermés depuis longtemps.

Je pénètre dans ce lieu avec une certaine appréhension, persuadée qu'un combat clandestin ne peut se dissimuler dans un endroit aussi improbable. Je relis le papier indiquant le lieu de rendez-vous à maintes reprises, à la recherche d'un indice caché, mais en vain. 

C'est bien ici, aucun doute là-dessus.

Le tintement léger de la sonnette annonce mon arrivée. Le café est plongé dans une semi-obscurité où les bougies vacillent faiblement au plafond.

Seule la serveuse est présente. Son regard méfiant, occupé à nettoyer un verre, ne fait que renforcer mon malaise. Elle semble me reconnaître de ma dernière visite, et son expression n'est pas des plus accueillantes.

T'inquiète, je suis juste là pour me rendre à un combat clandestin. Je tente de masquer ma nervosité avec un sourire timide alors que je me dirige dans les couloirs. 

Faites qu'elle ne me suive pas. Faites qu'elle ne me suive pas.

L'ascenseur se tient là, soigneusement caché dans l'ombre. Ses portes sont grandes ouvertes, mais un panneau sur la droite annonce en caractères imposants : HORS SERVICE.

NIGHTVALEOù les histoires vivent. Découvrez maintenant