NIGHTVALE

𝟏𝟖 - 𝐕𝐈𝐎𝐋𝐄𝐓 𝐁𝐋𝐀𝐂𝐊𝐖𝐄𝐋𝐋

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RENAITRE DES SOUVENIRS

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— Hé, mon étoile... Qu'est ce que tu fais encore debout à cette heure-ci ?

Je ne veux pas que la journée se termine. Peut-être que si je reste éveillée encore un petit moment, demain ne viendra pas si vite. Les dimanches, c'est toujours un peu triste, parce que je sais que lundi est juste derrière.

— Rien que de penser à l'école, j'ai une boule au ventre. C'est comme si mon estomac se compressait et mon coeur... on dirait qu'il se fait écraser.

Quand papa s'approche et s'assoit sur mon lit, je me sens un peu plus en sécurité. Je blottis Milkshake contre moi, et j'ai l'impression que tout va aller mieux maintenant qu'il est là.

— Ce n'est pas normal que tu ressentes ça en y pensant. Tu devrais avoir des papillons dans le ventre, pas ce genre de douleur.

Ces papillons, je ne suis jamais parvenue à les attraper. Je lâche ma peluche des mains et enroule mes bras autour de mon ventre. Si je me serre très fort, ça devrait finir par passer.

— Des papillons dans mon ventre ? Je ne pense pas en avoir jamais ressenti. À vrai dire, j'ai juste envie de vomir.

— On va trouver une solution ensemble, d'accord ? me réconforte-t-il. On va comprendre pourquoi tu te sens comme ça et faire en sorte que ça s'arrange.

Ça me rassure qu'il veuille m'aider à aller mieux. Pourtant, au fond de moi, je sais qu'il ne peut rien y faire. Les papillons ne viennent pas quand on les demande, et la douleur dans mon ventre ne part pas simplement parce qu'on en parle.

— Je...je sais pourquoi je suis comme ça...

Mes mots sont à peine audibles, chuchotés dans un souffle tremblant, comme si les prononcer trop fort leur donnerait un poids trop lourd à porter.

— Tu peux me le dire, ma chérie. Quoi qu'il en soit, on va régler ça ensemble, toi et moi.

Je serre les poings autour de ma couverture, mes doigts s'enfonçant dans le tissu avec une telle force que je sens les plis se creuser dans mes paumes. Le courage que j'essaie de rassembler semble m'échapper, mais je fais de mon mieux pour ne pas céder.

Une Blackwell ne recule jamais devant quelque chose.

— Je n'ai pas d'amis à l'école...Tout le monde semble avoir son propre groupe, et moi... je suis seule, tout le temps.

C'est un soulagement de le dire à voix haute, même si c'est encore un peu effrayant. J'essaie de progresser pour m'intégrer, mais chaque petite difficulté semble me faire faire un pas en arrière.

— Écoute-moi bien. Ne pas avoir d'amis ne signifie pas que tu n'as pas ta place ici, me rassure-t-il en prenant doucement ma main. Tu n'as simplement pas encore trouvé les bonnes personnes. Mais je te promets que, tôt ou tard, tu trouveras ta place.

L'idée de la trouver quelque part un jour me fait un peu sourire. Parfois, le soir, je me fais des scénarios dans ma tête. Je m'imagine entourée d'amis fictifs qui me comprennent parfaitement et avec qui je peux tout partager.

C'est un peu comme un jeu où je peux être qui je veux, sans jamais être jugée.

— Tu les a trouvés, toi, tes personnes ?