𝟏𝟔 - 𝐕𝐈𝐎𝐋𝐄𝐓 𝐁𝐋𝐀𝐂𝐊𝐖𝐄𝐋𝐋

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BAL MASQUES

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Je frotte doucement l'endroit où des hématomes commencent à se former sur mes bras. La douleur me rappelle à quel point je suis maladroite, mais aussi combien j'ai essayé de me sentir différente.

Mon esprit est ailleurs, concentré sur cette magnifique robe bleu nuit que j'ai piquée dans l'armoire de ma meilleure amie. Avec la quantité astronomique de fringues qu'elle possède, elle ne remarquera probablement jamais qu'elle manque.

Le vêtement est beaucoup trop grand pour moi, mais tombe avec une élégance que je n'ai jamais vraiment connue. Ce soir, je peux me transformer en quelqu'un d'autre, échapper à l'image de cette fille fragile que je déteste tant.

Plus tôt, j'ai essayé ses talons. Quelle idée ! Ces choses-là sont de vrai instruments de torture. Chaque pas était une nouvelle chance de me retrouver par terre.

L'idée de marcher avec grâce est partie en fumée, alors je suis allée chercher ma paire de Babies, celles qui vont habituellement avec mon uniforme scolaire. Elles sont confortables et, surtout, elles m'évitent de faire des figures de style dignes d'un cirque.

Heureusement, ma robe est assez longue pour les cacher.

Isla est si différente. Tout chez elle semble facile et naturel. Elle a cette aura d'assurance que je ne parviens pas à comprendre, et encore moins à imiter.

Il m'a fallu inventer une excuse pour expliquer mon absence ce soir. J'ai pris soin de ne pas mentionner d'événement social, consciente qu'elle aurait vu clair dans mon mensonge si j'avais évoqué des interactions avec d'autres personnes.

Alors, j'ai opté pour quelque chose de plus crédible. Je lui ai dit que je devais aller à la bibliothèque pour un projet important. Ça semblait assez ennuyeux pour ne pas éveiller les soupçons. Elle m'a regardée d'un air sceptique au début, mais je suppose que mon visage innocent a fini par la convaincre.

Le froid hivernal me transperce, et je regrette profondément de ne pas avoir pris une veste. Je serre les bras contre moi dans une tentative désespérée de me réchauffer, ma décision de sacrifier la chaleur pour l'élégance se révélant être une erreur.

Un flash clignote à plusieurs reprises dans ma direction. Il est assez loin, derrière la bâtisse principale du lycée, et le contraste entre la lumière vive et l'obscurité environnante est presque irritant.

Hazel m'avait prévenue qu'elle me ferait signe une fois que j'aurais atteint la cour extérieure, mais je m'attendais à quelque chose de plus subtil, moins tape-à-l'œil.

Je marche d'un pas rapide, presque en courant. C'est la première fois que je me sens si vivante, si déconnectée des contraintes habituelles.

Mon cœur bat à tout rompre. Je suis vraiment sur le point de participer à un bal masqué organisé par une société secrète. C'est comme un rêve éveillé, ou plutôt un cauchemar délicieux, une aventure interdite que je n'aurais jamais cru vivre.

Hazel est à couper le souffle. D'un violet profond, sa robe tombe avec une précision impeccable juste au-dessus de ses talons. La simplicité du design ne fait que mettre en valeur la manière dont le tissu épouse ses courbes.

— Tu es... je bégaye, peinant à trouver les mots pour exprimer à quel point elle est éblouissante. Super. Non, je veux dire... magnifique. Absolument magnifique.

NIGHTVALEOù les histoires vivent. Découvrez maintenant