RADUCHKA "SOUS CONTRAT D'EDITION"

T1.Chapitre 2 - Sauvetage

6 mois plus tôt

Faisant taire ma peine, m'accrochant à l'adrénaline dans mes veines, je parcours plusieurs kilomètres avant de perdre haleine.

Reprenant difficilement mon souffle, je m'interroge enfin sur ma situation et l'endroit où j'ai atterri. Tout en me frictionnant les bras je me balade seule, bien trop légèrement vêtue pour ce temps enneigé. Moscou finira par voir ma carcasse gelée sur place si je ne trouve pas un abri rapidement!

Une angoisse m'étrangle en remarquant les visages de ceux qui errent par ici.

Beaucoup d'hommes à la mine sombre, malgré les lumières des lampadaires. Leur immonde regard lapant ma silhouette et se demandant ce que cache ma jupe bien trop courte pour cette rue.

Des sifflements me parviennent mais je n'y réponds pas, baissant la tête et filant le plus rapidement possible.

Une méthode plutôt efficace jusqu'à ce que deux mecs s'arrêtent en me regardant leur passer devant tout en prononçant des obscénités russes.

Ne pigeant absolument rien à cette langue, je peux deviner leurs paroles rien qu'au ton qu'ils emploient.

Étant très loin des beaux quartiers de la ville, un frisson parcourt mon échine me glaçant jusqu'au sang. Tout le monde sait que la Russie renferme les plus grands et les plus sanguinaires criminels du monde.

Ici, la Mafia est rapidement incriminée lorsqu'il se passe quelque chose d'effroyable. Tomber sur l'un de ses membres, ou sur n'importe quel autre meurtrier m'effraie et me fait regretter ma fuite.

Une part de moi me sermonne d'avoir été si impétueuse et stupide par le passé.

Voilà où tes choix t'ont mené, cingle ma conscience. Finalement, neuropsy n'était pas le pire choix.

Ça semblait même bien plus enviable à ma situation actuelle.

J'accélère le pas, louant tous les dieux de la création de me sortir de cette sordide situation.

Seulement, mes prières restent vaines et la peur me tord les entrailles en comprenant qu'ils me suivent. Mon cœur tombe dans mes pieds lorsqu'ils s'écrient:

-HE, SHLYUKA! (salope)

Merde! Merde! Merde!

Une sonnette d'alarme s'allume et envoie l'impulsion nerveuse nécessaire à mes jambes pour courir, me répétant que s'ils m'attrapent je suis morte.

Leurs pas lourds sur le bitume et plus rapide que les miens affolent mon cœur. Je m'imagine déjà crevée sur ce bout de trottoir, battue et violée. Des larmes se logent au coin de mes yeux comme si mon esprit s'avouait déjà vaincu.

Non! Je ne peux pas me laisser aller ainsi ! Je dois me battre, jusqu'au bout!

Mais, avec effroi, je me rends compte qu'ils se rapprochent dangereusement, tentant de m'attraper.

Pas ça putain!

Malgré la brûlure de l'air glacé dans mes poumons, je me force à accélérer un peu plus la cadence.

Fuir. Leur échapper. Me sauver. Rien d'autre ne compte.

Je prie pour m'en sortir pour ne pas mourir cette nuit.

Soudain, une Audi de sport surgit de nulle part et pile devant moi, manquant de me renverser au moment où je m'engage à toute vitesse sur la route. Je recule de quelques pas, appréciant tout de même la chaleur de la calandre sur mes jambes. Stoïque, j'essaye de voir le conducteur, un exercice difficile avec la noirceur de la nuit et ses phares m'éblouissant.