Mia
Ma jambe bouge avec frénésie. Mon pouls n'est pas aussi calme qu'il le devrait.
Herregud (Mon Dieu), Mia ! Ce n'est pas différent de ton quotidien au Nebesa !
Le travail n'est pas différent, la situation si. Je risque sérieusement ma vie. Je me sens en danger, là où le club m'offre une certaine sécurité, car si le client ne veut pas m'écouter, les vigiles peuvent le mettre dehors.
Si ça tourne mal ce soir, je peux finir dans un trafic d'esclave.
Pour me rassurer, je me récite les étapes de la mission. À savoir, le séduire, entrer dans son jeu, tout faire pour qu'il monte dans la chambre.
Jusque-là, c'est gérable, je maîtrise.
Ce qui m'angoisse le plus, c'est la suite...
J'avale une grande gorgée de mon martini blanc pour tenter de me calmer.
Tu as répété avec Aleksander, tu connais ton travail.
Mais entre s'entraîner avec un homme en qui j'ai confiance et passer à l'acte avec un trafiquant d'êtres humains, il y a un gouffre !
— Tu es très belle, susurre Aleksander via l'oreillette.
Il me complimente pour me détendre, et ça fonctionne. Le son de sa voix m'apaise, j'expulse presque tout l'air de mes poumons quand, d'un coup d'œil vers l'étage des salons, sa silhouette se dessine. J'arrive à apercevoir son petit rictus qui déforme sa cicatrice sur la joue gauche.
— Merci, chuchoté-je en me cachant derrière mon verre. J'aimerais bien pouvoir faire ça avec toi.
— Quoi donc ? Me séduire pour me planter une aiguille dans le cou ?
Je pouffe de rire sincèrement. Des regards inquisiteurs bifurquent dans ma direction, j'extirpe mon nouveau portable, prêté pour la mission, afin de feinter la réception d'un message amusant. Il vaut mieux éviter d'être grillée dès le début.
— De boire un verre, reprends-je à voix basse.
Imaginer un monde dans lequel on pourrait sortir, comme de jeunes gens ordinaires, fait papillonner mes battements et mes cellules. Je rêve de retrouver un semblant de normalité, bien que j'aie conscience que ce ne sera plus possible.
— Tu n'as jamais été au restaurant avec quelqu'un ?
— Non, avoué-je tristement. Après Sören, je n'ai plus approché un seul mec. Et Aaron n'était pas du style à me chanter la sérénade ou m'emmener manger dehors.
Sans parler du fait qu'on n'avait pas d'argent pour faire ce genre de choses.
— Il y a un splendide restaurant à St Petersburg en hauteur où tu domines toute la ville. Je t'y emmènerai.
Je le sonde sans courber la tête vers l'arrière. Dit-il cela pour me faire plaisir ? Est-il sincère ?
Tu te poses encore la question ?
Je me la poserai jusqu'à ce qu'il transforme ses promesses en actes. Une part de moi ne peut s'empêcher de penser qu'il dit cela juste pour m'amadouer et qu'il n'y a pas de réel fond derrière. À contrario, j'aime croire qu'il le fera, qu'il m'invitera au cinéma et me chantera des mots d'amour sous mon balcon...
Pour cela, il faut avoir un balcon !
Le « la ferme » destiné à ma conscience railleuse est sur le bout de ma langue, mais l'imposante carrure de Charlie Binson arrive dans ma vision périphérique.
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RADUCHKA "SOUS CONTRAT D'EDITION"
Roman d'amourIl y a 2 tomes de prévus et je les publie dans la même histoire. Dans une société qui veut la modeler au détriment de ses rêves, une jeune Suédoise, au désir brûlant de liberté, se verra propulsée, malgré elle, dans le monde brutal et sanglant de la...