T2.Chapitre 43 - Âme torturée

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Mia

Le club est blindé. L'odeur de l'alcool me soulève le cœur. Les rires gras des clients et les regards de travers de leurs épouses, chaque fois que je dépose des consommations sur une table, me rendent fébrile. La musique est assourdissante et je n'arrive pas à me calmer. La torpeur qu'ont engendrée les révélations de Dimitri à propos de Miranda tourne en boucles dans mon esprit.

Georgina a eu du mal à me raconter ce qu'il s'était passé et surtout que ce Igor ou cette folle dingue n'ont même pas eu droit à des représailles.

Pitoyable ! Je n'en reviens pas, comment d'autres femmes peuvent nous faire subir cela. Cet effroi me renvoie à ce que j'ai moi-même vécu. Que des hommes nous maltraitent, je peux le comprendre. Ce ne sont que des imbéciles en surplus de testostérone et qui ont besoin de violence pour exprimer leur supériorité.

Tu parles ! Qui a-t-il de glorieux à s'en prendre à quelqu'un de plus faible que soi.

Je pense que nous n'obtiendrons jamais de réponse.

— Mia ? Tu rêves ou quoi ! s'agace ma binôme au comptoir. Tu me prépares un Sex on the beach pour la cent vingt-trois.

Je m'active et prépare deux autres commandes avant de me voir interrompre par un regard cristallin qui réchauffe l'intégralité de mon corps en proie à d'innombrables tourments.

Ma blessure cicatrisée à la cuisse ne me démange plus en sa présence. Seulement, je n'oublie pas nos positions respectives.

Je dois tout arrêter pendant qu'il est temps, avant que je ne fasse une connerie.

— On peut discuter ? me glisse-t-il à l'oreille quand je me penche vers lui.

— Non, réponds-je aussi sèchement que tente de l'être mon cœur en cet instant. S'il te plaît, Aleksander va-t'en.

Je l'ignore et évite de croiser son regard pendant mon service. Il ne bouge pas et me fixe simplement, l'air grave.

Au bout de plusieurs minutes, il me redonne la possibilité de le suivre pour lui parler. Ce que je refuse.

— Ne m'oblige pas à user de mon statut pour avoir une discussion.

- Otpustyte, Aleksander, pojaluista ! (Laisse tomber, Aleksander, s'il te plaît !) craché-je avec véhémence.

Je ne le vois pas partir et ma poitrine devient douloureuse. Que suis-je en train de faire ? Est-ce le bon choix ? Le pire ? Dois-je croire tout ce qu'il m'a dit lors de la mission ?

Je ne sais plus quoi faire, car le patron arrive au comptoir et m'ordonne de me rendre dans l'une des cabines de spectacle privé, bien qu'aucune d'elles ne soit libre.

— Si, il y en a une maintenant, annonce-t-il. Dépêche-toi !

Qui peut bien me commander alors que je ne suis pas en service ce soir ? Simplement vêtue d'une jupe en cuir, de collant fin et troué, ainsi que d'une brassière aux allures baroques noire, je me dirige vers les étages en bougonnant.

Je me demande bien qui me fait chier alors que je n'ai aucune envie de...

Ne sois pas idiote. Il n'y a que peu de personnes qui possèdent le pouvoir de t'obliger à travailler même avec une jambe en moins.

La main sur la poignée de la cabine, le sang se fige dans mes veines. Je commence à trembler lorsque j'imagine le roi m'attendre derrière. C'est à cause de moi que la mission a foiré et Aleksander ne semblait pas s'être disputé avec son père. Peut-être voulait-il que je le suive pour me punir ? Ou pour que le roi le fasse ? Peut-être est-ce un guet-apens ?

RADUCHKA "SOUS CONTRAT D'EDITION"Où les histoires vivent. Découvrez maintenant