T1.Chapitre 35 - Dans une bulle

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Le Prince

Respire. Il ne lui a rien fait. Elle est en sécurité.

Ma raison tente de m'apaiser. Néanmoins, le simple fait que ce gros porc ait posé sa rétine sur mon arc-en-ciel, qu'il l'ait touché de ses sales pattes couvertes de sang, que sa bouche immonde ait frôlé sa peau si délicate me rend fou.

— J'ai besoin d'aide pour ôter cette robe, m'intime suavement ma douce Raduchka.

Elle me surprend par-derrière et m'enlace. J'agrippe ses bras et expulse ma colère. Du moins, j'essaie. Je tente de me raccrocher à Sa voix, Son toucher, Son souffle. Tout ce qui peut m'éviter de sombrer dans la noirceur tapie au fond de mon âme, qui n'attend qu'un signe pour déverser sa violence.

— Tu n'as pas froid ? demande-t-elle.

L'air est doux. Il nous fouette agréablement le visage sur ce balcon. Nous avons réservé deux chambres à l'hôtel où Mia chante. Une dans laquelle elle attirera Binson demain soir, et celle où nous nous trouvons actuellement, qui sera investie par mes hommes le lendemain. Ils attendront qu'elle remonte avec lui et des snipers seront postés sur les bâtiments alentour.

Le plan est clair dans mon esprit préoccupé.

— Aleksander ?

Sachant qu'elle ne me suivra pas avec son vertige, je m'avance jusqu'à buter contre le balconnet. J'ai besoin d'air, et ai la sensation de suffoquer. J'imagine les pires scénarios. Si je pouvais, j'irais simplement le tuer, ainsi Mia n'aurait pas à approcher cette vermine.

— Aleksander, ne m'ignore pas, supplie-t-elle presque en se plantant dans mon dos.

— Je ne t'ignore pas. J'ai mal au crâne.

— On devient Prince du mensonge ?

Elle tente de paraître légère, en vain. Son trouble ne m'échappe pas. S'inquiète-t-elle pour moi ?

Qu'elle s'avance encore me surprend alors que le vide n'est pas loin. L'air permet à son parfum sucré de me chatouiller les narines. Incapable de résister, je lui fais face. Elle est si belle même quand la crainte se peint sur son doux minois. Ses iris bleutés se plantent dans les miens. Je fonds littéralement et l'attire contre moi. Elle tremble, sa respiration est erratique à cause de l'appréhension qui la fragilise.

— Tu combats ton vertige pour moi ? jubilé-je, flatté.

— Je suis bien obligée, tu ne me parles pas et je ne veux pas me coucher sans toi ni être à l'écart de tes pensées.

Ses paumes réchauffent mes joues. Ma noirceur s'éloigne, laisse place à l'apaisement que sa présence me procure toujours.

Par quelle magie arrive-t-elle à engendrer cet effet ?

— Qu'est-ce qui se passe ? m'interroge-t-elle.

Je ne suis pas partisan de me murer dans le silence, et je partage son avis, la tenir à l'écart de mes tourments nous serait délétère à tous les deux. Alors je me confie, de manière tout à fait naturelle. Je lui dévoile la crainte que je peux ressentir de la perdre, la colère à l'idée que ce connard ait empoisonné son air avec son souffle putride. Mia m'écoute, me câline. Elle sait qu'elle ne peut pas changer mes émotions, qu'elle ne peut pas effacer ce qui me terrifie, malgré toutes ses paroles. Cependant, elle tend l'oreille, touche ma cicatrice. Elle est juste là et c'est agréable.

— Je sais que mes mots ne t'apaiseront pas, tant que ce type ne sera pas dans l'une de vos cellules à la planque. Mais on doit le faire. Je suis la seule qui puisse l'approcher et vous l'amener. Le succès de cette mission repose sur mes épaules, et j'ai peur d'échouer, car si cela arrive, nous aurons tous des problèmes. Je n'ai pas envie de te causer des ennuis, encore moins avec ton père.

— Comme si j'en avais quelque chose à faire de ce que le roi pourrait dire si l'on foirait. Ta sécurité est ma priorité, Mia. Je n'en ai plus rien à foutre de cette opération. Si je devais tuer Charlie pour te protéger, je le ferais.

Son visage s'illumine, se pétrifie, est soumis à de multiples émotions en si peu de temps que c'en est déstabilisant, même pour moi. Je ne sais plus trop ce qu'elle ressent et n'ait pas forcément l'envie de comprendre tout ce qui lui passe par la tête.

J'aime ses instants où nous sommes seuls, ou nous nous enfermons dans notre bulle sans nous soucier de ce qui nous entoure.

Toutefois, je ne peux cacher que le retour en Russie me préoccupe. J'ai conscience qu'elle ne joue pas avec moi, malgré les dires de Yian, mais je n'ai pas envie de me séparer d'elle. L'imaginer de retour au club, se faire toucher par d'autres ordures, m'énerve au plus haut point.

Je ne veux pas la partager ! Elle ne m'appartient pas, elle fera donc évidemment ce qu'elle voudra. Or, je ne supporterai pas qu'on la touche ou qu'on la regarde, car elle est bien trop précieuse pour être déshonorée par des hommes comme mon père.

— Que comptes-tu faire, une fois que nous serons rentrés ? me lancé-je, les questions étant trop brûlantes pour les taire.

— Je ne sais pas, admet-elle d'un air qui se veut détacher. Je ne vais pas te mentir, les filles et les spectacles me manquent. Je m'amuse beaucoup ! Pour le reste, en revanche...

Mon étreinte se fait plus ferme, possessive lorsque je comprends qu'elle partage mon opinion en ce qui concerne cette partie-ci de son job.

— Je n'ai pas envie que tu y retournes, avoué-je, sans retenue.

Mia me sonde avec effarement, ce que je trouve très sexy.

— Qu'est-ce que tu veux dire ? arrive-t-elle difficilement à me demander, le palpitant affolé.

Je le sens s'emballer contre mon torse, c'est si agréable que je la serre encore plus fort.

Cette mission nous a rapprochés plus que de raison. C'est très, voire trop rapide, intense, dangereux, mais si exaltant, délicieux, exquis. Je ne veux pas mettre un terme à ce qui est en train de se créer. Avoir recroisé son frère a accéléré d'autant plus le processus. Elle s'est confiée au sujet de sa famille, de leurs moments de joie, de peine, de colère. Ses souvenirs d'enfance m'ont beaucoup fait rire et elle m'a laissé entrevoir l'amertume qu'elle ressent pour ses actes passés.

Elle regrette de s'être enfuie, d'avoir été séduite par les belles paroles d'Aaron, par les promesses de liberté qu'elle avait besoin d'entendre. Elle m'a tout raconté à propos de sa vie auprès du groupe, sans rien me cacher. Je sais pour le chant, les problèmes d'argent, les drogues, la prostitution. Ce connard lui a monté la tête et l'a envoyée écarter les jambes pour d'autres mecs contre quelques billets. Elle était la seule à faire ça, tandis qu'ils allaient soit faire la manche, soit en voler, soit ils attendaient qu'elles reviennent de ses passes. Ils profitaient de la somme qu'elle ramenait, sans réellement prioriser leurs dépenses.

Comment puis-je rester indifférent avec toutes les informations qu'elle m'a livrées ? Comment pourrais-je effacer ce voyage, agir comme si nous étions des inconnus une fois que nous rentrerons en Russie ?

— Ce que je veux dire, reprends-je, c'est que, si c'est ton souhait, tu ne retourneras pas écarter les jambes au Nebesa.

Nos iris s'ancrent, se jaugent, se fouillent.

Me croit-elle ? Pense-t-elle que je la manipule ? Avec son passé, sa prudence est légitime. Mais je compte bien lui prouver que je ne lui fais aucune promesse en l'air et que je lui permettrai enfin de vivre une vie qu'elle mérite et qu'elle aurait toujours dû avoir.

Jamais elle n'aurait dû tomber sur ce groupe. Jamais elle n'aurait dû tomber entre nos mains.

Mia mérite cette liberté qu'on lui a tant promise, et je m'engage à l'aider à la décrocher.


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Très petit chapitre haha, je pense que j'aurai dû le coller au précédent...

Je vous assure que les prochains seront riches en action ! La première mission de Mia se promet trépidante ;)

Qui a hâte ?

Si vous avez aimé faites-le moi savoir avec une petite étoile :)

Et à vendredi prochain pour la suite !  

RADUCHKA "SOUS CONTRAT D'EDITION"Où les histoires vivent. Découvrez maintenant