Mia
- Règle numéro 4, aucune violence non consentie, récité-je à Dimitri qui me sonde de son sourcil inquisiteur.
- Tu crois vraiment que je vais ajouter toutes ces clauses à ton contrat?
- Si tu ne veux pas que je m'en aille, tu as plutôt intérêt, le nargué-je.
- Tu ne peux pas partir. Enfin, du moins pas vivante, contre-t-il.
- Oui, ça je le sais, bougonné-je en levant les yeux au ciel. Mais si je meurs, tu seras de nouveau en manque de chanteuse, donc dans la merde. De plus, le roi m'aime bien, alors je suis intouchable pour le moment.
C'est l'un de mes meilleurs arguments. Être la pute du chef est une sorte d'assurance si je sais rester à ma place. Et je compte bien me servir de ce petit avantage pour négocier certaines choses, notamment mon contrat.
Quand j'aurai apposé ma signature sur ce bout de papier, j'appartiendrai définitivement à la Bratva. Finalement, je ne sais quoi ressentir. Tout se mélange et je préfère me focaliser sur les aspects les plus concrets de mon boulot, à savoir chanter et danser chaque semaine. Ça me rend très heureuse de pouvoir faire ce que j'aime.
- Tu es vraiment incorrigible, ronchonne Dimitri en rajoutant ce que je lui dicte.
- Oui, mais tu m'apprécies, assuré-je le sourire aux lèvres ce qui le fait ricaner.
- Ne te crois pas si intouchable, jeune fille. Ta tête peut très vite sauter.
Je ne m'offusque pas de sa menace. Je sais qu'au fond il m'aime bien. J'ai su me rendre utile depuis que je suis au club et ma performance l'a époustouflé. Je ne parle pas que du chant, mais bien de ce qui a suivi avec Vladimir. Tous pensaient que j'allais me faire éclater la cervelle parce que j'avais l'air d'une punk et que le roi n'aimait pas ça. De plus, j'avais osé l'affubler d'un surnom si discriminant dans leur esprit étroit.
Or, tout ceci n'est qu'une façade. Vlad ne voulait même plus quitter la chambre, il ne m'a pas lâché de la nuit. Il aimait décrypter mes tatouages et contempler mes cheveux virevolter lorsque je le chevauchais.
- Et... il est hors de question que je couche avec toi.
Dimitri s'arrête net et me sonde derrière ses lunettes. Il transpire tout à coup avant de rire faussement.
- Je ne veux pas te vexer, Mia, mais tu n'es pas mon genre.
- Je préfère que les choses soient bien claires, réponds-je, l'air subitement très sérieux.
Le patron comprend mon sous-entendu, déglutissant avec difficulté avant de l'ajouter en bas de page. Je n'ai pas oublié les avoir surpris, lui et Chloé, ni du visage de cette dernière.
Quand tout est en ordre, je relis le document, et signe avec excitation mon contrat.
Dimitri me tend la main.
- Bienvenue dans la Bratva, déclare-t-il solennellement.
Je la lui sers en lui faisant un clin d'œil.
Ma vie prend un tout nouveau tournant.
Ç'en est exaltant et en même temps terrifiant!
*
Encore un spectacle de clos, ce soir. Puisque les prestations sont un peu plus longues, comparé à la toute première il y a un mois, nous nous accordons 5 minutes de pause avec les filles qui montent sur scène avec moi. Un privilège que j'ai réussi à négocier avec le boss. De toute façon, ce ne sont pas ces instants qui lui feront perdre de l'argent. Le chiffre d'affaires du club a rapidement grimpé en très peu de temps. Ils doivent d'ailleurs, lui et Mikhaïl, avoir une entrevue avec le roi et son fils pour parler des comptes et de la dette.
Il est clair que nous ne pourrons pas le rembourser en une seule fois, mais j'espère que mon idée d'échelonnage saura séduire notre chef.
En attendant, je retourne au travail. Ma montre électronique sonne immédiatement. C'est le système du Nebesa. Lorsque le choix du client est fait, via les tablettes, et qu'il a payé, le numéro de la chambre, ou de la table en l'occurrence, apparaît sur nos petits bijoux.
Je suis donc appelé par le box habituel du roi, mais celui-ci est pris par un autre groupe de mafieux. Des sous-fifres, en déduis-je par l'aisance de ces hommes. Quand il y a un haut-gradé, ils se laissent moins aller et leur langage est légèrement plus châtié. Avec les trois cadavres de magnum de champagne, je me doute qu'il n'y a personne à impressionner à cette table.
Regardez ça! La petite Mia joue à la profileuse, alors qu'elle n'a même pas été capable de reconnaître le Prince qui la gouverne.
J'envoie chier ma conscience railleuse. En même temps, ce n'est pas écrit sur son front! Bien que lorsque j'y repense, il est vrai qu'il y avait une certaine prestance dans sa posture, une certaine force dans son attitude, qui imposait le respect. Une lueur dans son regard...
Bon sang, est-ce sain de penser à ses yeux pendant ma prestation? Est-ce normale de désirer le voir sortir de l'ascenseur que je guette de ma position?
As-tu envie de connaître la réponse.
Absolument pas.
C'est pourquoi, je me focalise sur l'immense barre de pole dance laissée à l'abandon et qui scinde les différents étages du club. Je me dis qu'une danse sur celle-ci doit être spectaculaire et devrait attirer du monde.
Mais Dimitri l'a condamnée après qu'une de ses filles, il y a 3 ans, ait fait une chute mortelle. Elle n'a pas réussi à se rattraper à temps, s'écrasant violemment au sol.
Un triste destin. Néanmoins, cela serait une super solution pour...
- Hé! cinglé-je en tapant la main qu'un des mafieux attablés a posé sur mes fesses. Vy ego nay poluchite, esli nay zaplatite!(Tu ne touches pas, si tu ne paies pas!)
Le rire gras et les insultes que m'envoie ce chien me font chauffer les nerfs. Qu'il soit bourré n'est pas une excuse! Ni une, ni deux, je contacte l'un des vigiles, via ma montre, pour qu'il le dégage.
Ce dernier met un peu de temps à venir et je ne bouge plus durant cette attente, n'ayant pas envie de me reprendre une main au risque de commettre un meurtre au talon aiguille.
Ken, le vigile, me demande ce qu'il se passe et vire le sous-fifre sans ménagement, ce qui calme les ardeurs des autres et me permet de poursuivre.
Autre chose qui devra s'améliorer. Il faut que l'on ait plus de garde du corps. Mais pour embaucher il faut évidemment que les rendements soient au rendez-vous.
Encore un peu de patience.
J'essaie de faire abstraction de ce fâcheux épisode et reprend le show là où il en était.
Je danse sans rien regarder de particulier quand, soudain, ma rétine se pose sur Sa silhouette camouflée sous un long manteau noir et un bonnet de la même couleur.
Il aurait pu passer inaperçu, mais c'est comme si ma vision savait où le trouver lorsqu'il est dans le même périmètre que moi.
Il baisse la tête. Toutefois, m'ignorer semble être un exercice difficile pour lui aussi. Il tourne le visage, ancre ses pupilles aux miennes, fait s'envoler tout ce qui nous entoure et se figer le temps.
Plus rien n'existe à part nous.
Mais la bulle éclate quand il traverse les portes du Nebesa.
La musique et les mots dégoûtants des mecs qui m'ont commandé me parviennent de nouveau.
Ma conscience me sermonne et elle a raison.
Il faut que je cesse mes enfantillages.
Idéaliser qui que ce soit ici est de la folie.
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Raaaah !! Dites-leurs qu'ils ne peuvent pas continuer à se courir derrière comme ça! C'est frustrant !! :D
J'espère que ça vous a plu, bien qu'un peu court!
La suite arrive très vite, et on débutera avec le pdv du prince ;)
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RADUCHKA "SOUS CONTRAT D'EDITION"
RomanceIl y a 2 tomes de prévus et je les publie dans la même histoire. Dans une société qui veut la modeler au détriment de ses rêves, une jeune Suédoise, au désir brûlant de liberté, se verra propulsée, malgré elle, dans le monde brutal et sanglant de la...