Dysfonctionnelle

.21.

A quoi bon ressasser le passé ?
Je me suis perdue dans le présent.
Je ne sais plus si j'ai toujours vingt et un ans ou si je suis revenue quand j'en avais onze.
Ces souvenirs qui refusent de partir, quoi que je fasse, ils me collent à la peau, comme un foutu masque.
J'ai beau faire tout ce que je peux ça fait bien longtemps que le présent ne fait plus parti de mon répertoire.
Et encore moins le futur.
Je suis enchaînée à hier, à ces chemins sombres, à ces larmes, à ces tempêtes traversées.
Et je n'arrive pas à oublier.
Je n'arrive pas à tourner la page, j'ai essayé de brûler le livre, en vain.
Tout est encore frais comme si c'était arrivé hier.
C'est peut être le cas d'ailleurs.
Comment savoir?
Je me revois encore mille fois face à eux, tous ces gens qui m'ont blessé et m'ont rendus si métallique.
Comment font les gens normaux lorsqu'ils sont tristes ?
Je ne sais que m'enfoncer toujours plus loin dans mes abysses.
J'ai tout fait pour en sortir, jusqu'à m'arracher la peau avec les ronces.
Mais tout me pousse toujours plus loin.
J'ai beau étudier la nature humaine de toutes mes forces je ne comprends toujours pas.
Je me comprends toujours moins.
Peut être un jour je trouverai les réponses dans l'essence même de ma noirceur.
En attendant j'essaie péniblement de me raccrocher au moindre espoir même s'il s'estompe un peu plus chaque jour qui passe.
Je m'enferme de plus en plus dans ma haine.
Ne vivant que pour venger la petite fille innocente que j'étais.
Cette enfant qui demandait simplement un peu d'amour, et qui rêvait d'être acceptée.
Même si cet amour, je n'ai moi même pas été capable de lui donner.
Je me suis retrouvée cristallisée dans cette frénésie déroutante.
L'âme en cage, larmes de bois je ravale toute cette amertume pour après la recracher contre ma propre face.
De l'autre côté du miroir, cette petite fille a disparu depuis longtemps pourtant elle ne cesse de me hanter.
Et dès lors que je ferme les paupières, elle reprend possession de mon âme.
Ma douce folie meurtrière.
Remplaçant rêves et espoirs par colère sourde et singulière.
Tic tac.