Serre des Renards - Parte 2

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Vous entendez tout : de ce qu'ils vont préparer pour le déjeuner, aux défauts ou aux mérites de leurs maris, petits amis ou femmes, à la robe qui a acheté celui-là ou aux chaussures de l'autre.

Entendre et être témoin de tout cela est parfois agréable, parfois ennuyeux, mais c'est comme ça.

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D'accord, j'ai décidé : je vais laisser ma valise ici et aller au vignoble chez ma grand-mère.

Je me mets à courir vers le vignoble, la route est en descente.

Je suis sur le point de quitter le village quand, à partir de la dernière maison sur la gauche, un homme sort : grand et avec une grosse moustache.

Il porte des bottes noires et un uniforme gris-vert, ce qui lui donne, me semble-t-il, l'aspect militaire d'une Alpine.

En fait, le chapeau, même sans la plume, a la même forme.

En me voyant courir, il s'arrête pour me regarder, et en dialecte, il me crie : "Ne... ! Lu npot r zà F-lumena : lu bares, lu mangia carn r ciucc! Andò vai, accussì r pressa? Andò curr?" (Oh...! Le petit-fils de tante Filomena : le garçon de Bari, le mangeur de la viande d'âne ! Où vas-tu si vite ? Où est-ce que tu cours ?)

Moi qui, comprends très bien le dialecte de Rocchetta : "Au vignoble, chez ma grand-mère !", je réponds dans un italien parfait, continuant à courir.

Tout de suite après, je prends la petite route à gauche qui mène au vignoble : c'est un chemin de descente, et de terre.

Je cours heureux et léger ; la chemise gonfle au vent ; j'aime ça, et je cours plus vite.

J'ouvre un autre bouton sur la poitrine, et la chemise gonfle davantage.

Je fais attention à ne pas trébucher : Il y a une rainure assez profonde creusée par les pluies au milieu de la route et, en courant, en même temps, j'aime aussi sauter des deux côtés.

Je prends un raccourci, une sorte de piste muletière très descendante, et je descends.

À mi-hauteur de la colline, exactement là où, pendant la guerre, un avion américain s'était écrasé, je vois la maison rurale et l'âne de grand-mère, Cerasella, attaché à un orme.

Je suis enfin arrivé.

Maintenant, cependant, je suis essoufflé.

Le vigneron est assis sur le banc de pierre à côté de la porte, et très calmement, je le vois, remplit sa pipe de tabac, qu'il a pris de son gilet ; il me regarde et, surpris par mon arrivée, ne me reconnaît pas.

Je ne vois pas grand-mère ; avant de la chercher, je m'arrête et essaie de reprendre mon souffle.

L'homme, âgé, a certainement plus de quatre-vingts ans, à une grosse moustache blanche, est vêtu d'un costume en velours côtelé doré, d'une chemise blanche, d'un gilet et d'un mouchoir noué autour du cou, tous deux noirs.

Dès qu'il a allumé sa pipe, et prenant la première bouffée, il fait un geste de la main pour me montrer où est grand-maman : jusqu'aux poules.

Avant d'aller chez grand-mère, je continue de le regarder : ses chaussures sont hautes, massifs et cloutés, pour la campagne, et sur sa tête, il a une sorte de chapeau de type panama.

Le tuyau a un poêle en terre cuite qui représente la tête d'une chouette, et l'embout buccal, courbé et assez long, en bambou.

L'homme fume et attend ; à côté de lui, il a un bâton et un paquet dans lesquels, je pense, il y a ses vêtements à laver.

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